vendredi 30 mai 2014

Billets-La fin des syndicats à la française


La fin des syndicats à la française 

Avec la disparition de Marc Blondel, une page du syndicalisme français va-t-elle se tourner ?

Les syndicats à la française se sont toujours complus dans l’idéologie de la lutte des classes, ce qui n’est plus le cas pour les syndicats étrangers. Mais le discrédit qui frappe la classe politique ne va-t-il pas s’étendre au monde syndical, dont les finances et les rouages demeurent occultes ?
La mort de l’ancien leader syndical, Marc Blondel, peut être interprétée comme un signe : la fin du syndicalisme marxiste et dogmatique.

Marc Blondel, comme George Marchais, faisait partie de ces syndicalistes doctrinaires qui s’opposaient à la moindre petite réforme, tout en profitant à fond du système étatique. Son combat victorieux contre la réforme Juppé de décembre 1995 avait offert une nouvelle puissance à l’opposition syndicale marxiste en France. Et même si jean Claude Mailly se présente comme son fils spirituel, on ne peut pas dire qu’il ait été vraiment remplacé. En tous cas, le syndicalisme de contestation se fait beaucoup plus discret en France, depuis quelques années. Qui s’est rendu compte, par exemple, que, le 18 mars dernier, une journée nationale de mobilisation massive avait été organisée par quatre grandes centrales syndicales : CGT, FO, FSU et Solidaires ? Cette « journée » est passée presque inaperçue, contrairement à ce que l’on aurait pu observer au milieu des années 1990. Tant mieux !

Mais quelles sont les raisons de cette discrétion ? Car la désaffection des syndiqués n’en est pas la seule cause, même si elle est spectaculaire. S’il est vrai que les syndicalistes ne représentent que 4 % à peine des salariés du privé, et ne sont présents que dans quelques entreprises publiques et à l’Education nationale, (autant dire que personne ne leur font confiance...) - ils participent pourtant au fameux « dialogue social » avec le patronat et les politiques.


Cette érosion, déjà ancienne du taux de syndicalisme, ne cesse de s’aggraver. Ailleurs dans d’autres pays : Italie, Allemagne, Etats-Unis, Canada, etc… les syndicalistes ont subi les mêmes revers, le nombre de syndiqués ayant fortement diminué ces dernières années.

Il faut dire que nulle part, ce déclin n’a été aussi rapide qu’en France. Car ici le syndicalisme de contestation a une particularité : il est resté fidèle à ses racines marxistes et anticapitalistes. Il suffisait de jeter un œil sur les tracts qui appelaient à la mobilisation de ce 18 mars. Il s’agissait de défendre, comme il se doit, le service public et les emplois publics avec l’augmentation du salaire des fonctionnaires, tandis qu’en même temps, on condamnait les entreprises (privées) et le système économique qui « fabrique des chômeurs ». Les tracts critiquaient le "pacte de responsabilité" comme la « politique d’austérité » du gouvernement.
Faut-il traduire ? Les slogans étatistes et marxisants s’affichaient naturellement sur les banderoles des défilés, les patrons étant désignés comme « les boucs émissaires du chômage en France », tandis que la baisse des charges patronales se transformait en prétexte destiné à « remplir les poches des actionnaires ».

Même en Italie, où il existe une longue tradition communiste, les syndicats se sont débarrassés de l’idéologie anticapitaliste. Mais en France, cette idéologie perdure, qui embourbe les syndicats dans la contestation gauchiste.

La journée du 18 mars a donc été un échec. Et il parait évident que les syndicats n’en ont pas tiré la leçon. Ils continueront en effet sur cette voie, aussi longtemps qu’ils resteront sous perfusion d’argent public. Car leurs finances se portent fort bien, seulement à ce que l’on dit car la transparence n’est pas la vertu première des syndicalistes. La classe politique de son côté se refuse à dissiper cet écran de fumée, dans la mesure où l’on a refusé de soumettre le rapport Perruchot au vote de l’Assemblée Nationale.

Il n’en reste pas moins vrai que ce syndicalisme de connivence et de façade se rapproche plus que jamais de sa fin, car le discrédit qui frappe la classe politique va probablement s’étendre aux leaders syndicaux.


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