mardi 25 février 2020

Infos santé : Kiné Ostéo-L’importance des dents dans les douleurs cervicales

L’importance des dents dans les douleurs cervicales

L’occlusion dentaire peut être observée de deux points de vue : l’occlusion statique ou dynamique. La position statique représente le contact des dents supérieures et inférieures entre elles quand le maximum de dents sont en contact. L’occlusion dynamique représente le fonctionnement et l’interrelation des dents, des muscles et de l’articulation temporo-mandibulaire. On parlera alors d’occlusion traumatique ou non-traumatique.

Les problèmes d’occlusion dentaire sont souvent causés par différentes interventions en dentisterie, des prothèses usées ou mal équilibrées, des dents manquantes, … Ils sont la cause d’un nombre considérable de douleur cervicale, de maux de tête, de douleur à la mâchoire, d’étourdissement, et de problème d’oreille.

Il existe des fonctions oro-faciales déjà enregistrées à la naissance au niveau du système nerveux 
central qui déterminent une occlusion normale. Une perturbation de l’alignement des dents n’entraîne pas nécessairement une malocclusion. Ce n’est pas une belle position alignée des dents qui détermine si une occlusion est bonne mais plutôt la manière dont les dents, les muscles et les ATM (articulation temporo-mandibulaire) fonctionnent ensemble. Une perturbation de l’alignement des dents représente souvent une adaptation du massif facial face à une perturbation d’une fonction primitive réflexe. Les cinq fonctions oro-faciales de base sont : la déglutition, la succion, la respiration, la mastication et le langage. Les quatre premières représentent des fonctions primitives réflexes, alors que le langage est une fonction cognitive plus élaborée. Ce sont les déterminants de la croissance maxillo-faciale. Donc, s’il y a une perturbation d’une de ces quatre fonctions, cela entraîne une perturbation du système neurologique avec une adaptation du développement maxillo-facial pouvant causer une perturbation de l’alignement dentaire. La majorité des traitements d’orthodontie (broches) se font sur une demande esthétique du client, alors qu’une minorité des demandes sont justifiées pour une raison fonctionnelle.


Lorsque l’occlusion dentaire est perturbée, que ce soit par un mauvais contact dentaire ou par un plombage mal-ajusté, il se produira un déséquilibre neurologique avec une compensation neuromusculaire. Le système nerveux central cherchera à compenser ce mauvais contact pour éviter l’interférence en ajustant les mouvements fins de l’ATM, ce qui engendrera un état de stress musculaire plus important au niveau des muscles de la mâchoire et du cou. À long terme, une détérioration de l’un ou plusieurs éléments de la triade muscle-ATM-dent apparaitra comme par exemple des maux de tête, une usure dentaire prématurée, une douleur faciale, une hypersensibilité dentaire, un craquement articulaire de l’ATM, un déchaussement, une mobilité dentaire excessive, …

Une récente étude a démontré que la majorité des gens qui n’ont pas de molaires, éprouvent des douleurs cervicales. Pour que la fonction s’exprime, il faut une configuration mécanique minimale. Les dents n’ont pas seulement comme fonction le sourire et la mastication. Elles ont un rôle dans le schéma corporel. Le fait de ne pas avoir de dents en arrière amène une adaptation du corps, de la tête et de l’ATM et peut engendrer des problèmes d’oreilles tels que l’acouphène, la sensation d’avoir une oreille bouchée, des problèmes d’ATM avec une mâchoire qui craque ou qui est douloureuse. De plus, cela modifie la posture, car le système manducateur à un rôle érecteur du rachis. La personne se retrouvera avec une courbure dorsale prononcée, une protraction de la tête (tête avancée), une bosse de bison et toutes les répercussions néfastes que cela engendre. D’un point de vue mécanique, la mastication devrait être symétrique et avoir lieu bilatéralement en alternance d’un côté à l’autre. Le fait d’avoir des molaires d’un seul côté entraîne une mastication asymétrique; c’est-à-dire une mastication toujours du côté opposé pour pouvoir réussir à broyer les aliments. Or, cette sur-sollicitation du même côté entraîne deux choses. D’abord, elle augmente considérablement le tonus musculaire des muscles masticateurs de ce côté (masséter, temporal, ptérygoidiens) pouvant être source de douleurs et même conduire à des problèmes crâniens. Ensuite, elle crée une augmentation du mouvement accessoire de l’ATM du côté opposé pouvant engendrer des phénomènes d’hypermobilité ou d’instabilité de l’ATM opposée. Donc, si vous souffrez de douleurs chroniques et que vous n’avez pas de molaires d’un côté ou de l’autre, ou des deux côtés, sachant maintenant les répercussions que cela peut causer, évitez de mâcher de la gomme pour diminuer la sur-sollicitation des muscles masticateurs et faites-vous faire une prothèse dentaire par votre dentiste ou par votre denturologiste. Arrêtez de vous faire traiter à répétition pour des douleurs cervicales qui ne disparaissent jamais si vous avez un problème du système manducateur. Si vous avez déjà une prothèse dentaire, assurez-vous qu’elle est stable, non usée et ajustée à la bonne hauteur (DVO) pour un maximum d’efficacité musculaire, et que vous êtes confortable avec. Sinon, faites la vérifier.


Si depuis quelques temps vous serrez des dents ou grincez des dents, que ce soit le jour ou la nuit, vous devez prendre conscience que cela augmente de façon considérable le tonus et l’activité musculaire des muscles de la mastication, du cou et de la tête. Cela peut facilement être la cause de vos douleurs. Pour ceux qui serrent les dents le jour, diminuez votre stress, faites les efforts nécessaires pour éviter de serrer les dents et évitez de mâcher de la gomme. Pour ceux qui serrent les dents la nuit, c’est un peu plus compliqué car c’est un problème inconscient. Le fait de serrer les dents ou de grincer des dents est majoritairement lié à un problème d’interférence dentaire et exacerbé par un problème émotionnel, qu’il soit psychologique ou physique. Serrer des dents est une façon d’évacuer le stress ou les tensions à l’intérieur de nous. Vous ne pouvez pas imaginer le nombre de personnes qui consultent régulièrement pour des maux de tête ou des douleurs cervicales dont le problème est simplement dû au fait que la personne serre des dents. Vous devez en parler à votre dentiste pour que celui-ci vous fabrique une plaque occlusale équilibrée ou qu’il procède à un équilibrage de votre occlusion. L’idéal serait de régler ce problème émotionnel mais comme ce n’est pas toujours évident, la plaque occlusale aidera en provoquant un réflexe d’inhibition par l’application d’une surface étrangère entre les dents. L’équilibrage de votre occlusion permettra de s’assurer que vos ATM soient centrées (au fond des fosses glénoïdes dans la portion la plus supérieure et antérieure avec le disque interposé), de faire fonctionner vos muscles en coordination et de diriger les forces occlusales dans l’axe long des dents. Ce faisant, l’équilibrage de votre occlusion apportera une détente du système neurologique qui se traduira par une diminution de l’état de stress musculaire et une diminution de vos douleurs. Une consultation en ostéopathie est également fortement suggérée pour éliminer les tensions faciales au niveau de la tête, de la mâchoire et du cou.

Plusieurs dentistes sont conscients des répercussions des problèmes d’occlusion sur les douleurs cervicales mais la plupart d’entre eux ignorent comment gérer ces patients. Les douleurs cervicales, les céphalées provenant du dessus de la tête, des tempes et de derrière les yeux ont un très bon taux de résolution avec l’équilibrage des dents. En plus, une dentition équilibrée ne s’use plus, les traitements dentaires sont beaucoup plus durables, la progression des déchaussements s’arrête et les patients cessent de bruxer (grincer). L’équilibration est une procédure sans douleur qui s’effectue en quelques rendez-vous et ne nécessite aucune anesthésie.

Face à la complexité des douleurs cervicales, à la mâchoire et à la tête, il est impératif qu’il y ait une collaboration entre les médecins, les ORL, les dentistes et les ostéopathes pour parvenir à aider efficacement les cas rebelles. La complémentarité des médecines s’avère essentielle.



Source Sébastien Plante, ostéopathe

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