mardi 1 juillet 2014

Billets-Sarkozy : la revanche des juges


Sarkozy : la revanche des juges

La magistrature n’a pas oublié les tentatives répétées de Nicolas Sarkozy pour la contrôler. Aujourd’hui, la roue tourne. L'ancien président vient d'être placé en garde à vue suite à une information judiciaire ouverte pour "trafic d'influence". En mars, Die Tageszeitung soulignait l'indépendance de la justice française.
 
Après Silvio Berlusconi en Italie, c’est au tour de Nicolas Sarkozy de se préparer à être convoqué par les juges.

Il peut certes espérer échapper à une mise en accusation grâce à la prescription, comme Jacques Chirac son prédécesseur, mais contrairement à celui-ci il ne peut attendre de clémence ou de circonstances atténuantes de la justice française : il s’est trop mêlé des affaires du troisième pouvoir pendant son mandat à la présidence de la République.

Sarkozy n’a cessé de commenter les décisions des tribunaux, a accusé la justice de ne pas être assez dure ou de faire preuve de négligence dans l’exécution des peines. Certains électeurs ont peut-être apprécié mais pas les juges.

Ils tiennent à leur indépendance en particulier et à la séparation des pouvoirs, caractéristique de l’Etat de droit, en général. Les magistrats ont été particulièrement indignés par les tentatives de Sarkozy de supprimer les juges d’instruction, un corps dont l’incorruptibilité et la ténacité dans des affaires politiques sensibles le dérangeaient ouvertement et dont il avait qualifié les membres de “petits pois”.

Ces magistrats savourent à présent leur revanche : ils peuvent enquêter sur un ancien président sans que le sommet (le ministère de la Justice ou l’Elysée) leur mette des bâtons dans les roues. Bien entendu, la gauche au pouvoir apprécierait beaucoup que Sarkozy soit, comme Berlusconi, rattrapé par les tribunaux pour des “affaires” et des délits mineurs et se voit ainsi empêché définitivement de revenir en politique.

Cependant, si la justice française fait un exemple de son indépendance vis-à-vis du pouvoir politique, cela devrait aussi donner à réfléchir à François Hollande, le successeur et l’adversaire de Sarkozy.

 Dessin de Falco, Cuba 
Source Courrier International

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