Sarkozy : la revanche des juges
La magistrature n’a pas oublié les tentatives
répétées de Nicolas Sarkozy pour la contrôler. Aujourd’hui, la roue tourne.
L'ancien président vient d'être placé en garde à vue suite à une information
judiciaire ouverte pour "trafic d'influence". En mars, Die
Tageszeitung soulignait l'indépendance de la justice française.
Après Silvio
Berlusconi en Italie, c’est au tour de Nicolas Sarkozy de se préparer à être
convoqué par les juges.
Il peut certes espérer
échapper à une mise en accusation grâce à la prescription, comme Jacques Chirac
son prédécesseur, mais contrairement à celui-ci il ne peut attendre de clémence
ou de circonstances atténuantes de la justice française : il s’est trop
mêlé des affaires du troisième pouvoir pendant son mandat à la présidence de la
République.
Sarkozy n’a cessé de
commenter les décisions des tribunaux, a accusé la justice de ne pas être assez
dure ou de faire preuve de négligence dans l’exécution des peines. Certains
électeurs ont peut-être apprécié mais pas les juges.
Ils tiennent à leur
indépendance en particulier et à la séparation des pouvoirs, caractéristique de
l’Etat de droit, en général. Les magistrats ont été particulièrement indignés
par les tentatives de Sarkozy de supprimer les juges d’instruction, un corps
dont l’incorruptibilité et la ténacité dans des affaires politiques sensibles
le dérangeaient ouvertement et dont il avait qualifié les membres de “petits pois”.
Ces magistrats
savourent à présent leur revanche : ils peuvent enquêter sur un ancien
président sans que le sommet (le ministère de la Justice ou l’Elysée) leur
mette des bâtons dans les roues. Bien entendu, la gauche au pouvoir
apprécierait beaucoup que Sarkozy soit, comme Berlusconi, rattrapé par les
tribunaux pour des “affaires” et des délits mineurs et se voit ainsi empêché
définitivement de revenir en politique.
Cependant, si la
justice française fait un exemple de son indépendance vis-à-vis du pouvoir
politique, cela devrait aussi donner à réfléchir à François Hollande, le
successeur et l’adversaire de Sarkozy.
Dessin
de Falco, Cuba
Source Courrier International
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