Interview de Hollande : un message inaudible
Dans son allocution du 14 juillet, François
Hollande a exhorté ses concitoyens à avoir confiance en eux plutôt qu'à se
dénigrer. Un tel appel lancé par un chef de l'Etat si décrédibilisé risque de
rencontrer peu d'écho, estime cette éditorialiste du Temps.
Optimiste
de tempérament, François Hollande appelle régulièrement les Français à se
montrer “fiers” de leur pays, cette “grande nation”. Interviewé pour le 14
Juillet, le président de la République a une nouvelle fois exhorté ses
concitoyens à “avoir confiance en eux”, au lieu de pratiquer “la déploration”
et “le dénigrement”.
Méfiance et scepticisme
Malgré une
économie à l’arrêt et une courbe du chômage qui ne s’inverse pas, le chef de
l’Etat se montre confiant, certain que le cap qu’il a fixé, celui du pacte de
responsabilité, portera ses fruits. Mais, malgré ce volontarisme présidentiel,
ce message n’est guère audible, tant la France paraît en panne de confiance. La
méfiance et le scepticisme touchent une majorité de citoyens, une partie de la
gauche et des syndicats, la droite bien évidemment, ainsi que nombre de chefs
d’entreprise.
Du côté
des électeurs, un message a été clairement envoyé en mars et en mai derniers, à
l’occasion des élections municipales puis européennes: à l’issue des deux
scrutins, les socialistes ont été sévèrement battus. Le mal et la défiance
envers la classe politique sont pourtant plus anciens, plus profonds : ils
touchent tous les camps, comme le montrent à la fois le taux d’abstentionnisme
et les voix critiques envers l’UMP, au bord de la faillite, qui ne cesse de
s’entre-déchirer.
Messages peu cohérents
Dans la
majorité, une ambiance cafardeuse règne également. Le réformisme
social-démocrate et la politique favorable aux entreprises affichés par
François Hollande déstabilisent l’électorat traditionnel, certains militants,
ainsi qu’une partie des élus. Les députés frondeurs restent certes
minoritaires, mais ils savent se faire entendre et donner de l’écho à leur
malaise. Dans les milieux économiques, enfin, les engagements pris par François
Hollande de réduire le coût du travail et la fiscalité de 40 milliards d’euros
en trois ans ne se sont pas encore traduits par des résultats tangibles.
Ni la
croissance, ni la création d’emplois n’ont commencé à se redéployer. Certains
messages peu cohérents avec la ligne officielle pro-entreprise, comme ceux
envoyés par le ministre de l’Economie, Arnaud Montebourg, contribuent à
entretenir la circonspection des dirigeants d’entreprise. Dans ce climat
morose, les appels à la confiance font l’effet d’un cri dans le silence du
plateau du Larzac. Et pour l’instant, on ne voit pas comment ils pourraient
rencontrer un meilleur écho.
Dessin
de Sondron
Source Courrier International
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