Blablacar ou l’obsolescence de l’État comme acteur
économiquer
La récente levée de fonds de Blablacar, le
site leader du covoiturage, est une date à marquer d’une pierre blanche.
Au-delà des montants investis, 100 millions de dollars, il faut y voir un
témoignage de plus de l’obsolescence de l’État comme acteur économique. Au
cours du 20ème siècle, des pans entiers de l’économie ont été nationalisés. Ce
système centralisé et figé est désormais caduc. Trop lent, trop couteux, trop
peu respectueux des usagers. L’évolution ultrarapide des technologies ne fera
qu’accélérer ce processus de décomposition.
Une croissance fulgurante
Créé en 2006,
Blablacar transporte désormais l’équivalent de 6% des passagers de Voyages
SNCF. Cette révolution s’est faite sans bruit mais à des taux de croissance de
200% par an. Blablacar séduit par le prix. Un trajet Paris Nantes coute avec
Blablacar 20 euros soit jusqu’à quatre fois moins que le TGV dont les prix
n’ont cessé de flamber. Le site est aussi supérieur sur le service : dépose à
domicile, départ à toute heure du jour et de la nuit, courtoisie et propreté
des véhicules. Les conducteurs sont notés par les passagers et les moins bons
sont exclus du site.
C’est qu’à l’abri de
la concurrence, la SNCF s’est laissée vivre pendant trop longtemps. Avec
le train français, on est privé à la fois du fromage (le prix) et du dessert
(les services). Les prix ont progressé deux fois plus vite que l’inflation depuis
15 ans. Dans le même temps, le service n’a cessé de se dégrader : retards en
série (on s’approche de la situation italienne), grèves
sauvages, allongement des temps de parcours (2 heures il y a 20 ans pour
un Paris-Nantes, 20 minutes de plus aujourd’hui). L’usager souffre aussi tous
ces détails qui clochent : annonces peu claires ou absentes, fermeture inopinée
du bar sur certains trajets, toilettes répugnantes… L’interaction des
agents SNCF avec les clients est souvent affligeante de bêtise,
d’incompréhension et d’absence d’empathie. Comme le disait Frédéric Bastiat :
détruire la concurrence, c’est tuer l’intelligence. La SNCF prouve tous les
jours que cette maxime est vraie.
Un service public laissé au bord de la route
Internet a changé la
donne. La technologie permet des effets de leviers de croissance
extraordinaires par des mécanismes viraux de conquête du marché. L’innovation
est aussi devenue beaucoup moins onéreuse. On parle souvent d’innovations Lego,
qui permettent de combiner différentes technologies, souvent gratuites, pour
créer des services de rupture. Instagram, la startup rachetée plus d’un
milliard de dollars par Facebook, s’est construite ainsi autour d’une équipe
d’une vingtaine de personnes. L’application avait conquis plus de 100 millions
d’utilisateurs en six mois. Avec la technologie, on peut faire beaucoup avec
peu.
L’histoire économique
s’accélère donc. Le système étatique ne parviendra pas à suivre, bloqué dans
ses rigidités et ses avantages acquis. Un peu comme le régime économique
soviétique s’est effondré de lui même, incapable de répondre au défit de la
guerre technologique lancé par les États-Unis.
La liste des business
étatiques qui vont disparaitre est longue. On pense à la météo ou la régulation
du trafic automobile bientôt inutiles avec des applications comme Waze.
L’éducation nationale, ce système soviétique qui coûte cher et produit une
casse sociale vertigineuse, sera bientôt pour une large partie supplanté par
les MOOC, ces cours en ligne souvent gratuits. La Poste deviendra rapidement
inutile par la disparition totale du courrier (on va y venir rapidement) et par
le foisonnement de solutions privées de livraison des colis.
Ironiquement, les
dures grèves de la SNCF n’ont fait que renforcer Blablacar. Réaction absurde
d’un système aux abois. Les différents lobbies vont évidemment se dresser
contre l’innovation. Des reculs se produiront certainement mais ils seront
limités, à moins d’accepter une lourde perte de compétitivité et un net recul
social. Le peuple qui a goûté à la liberté ne se laissera pas faire.
Dans les années 80,
les socialistes ont essayé de freiner les radios libres qu’ils avaient lancées.
Les manifestations d’auditeurs les ont contraints à renoncer à la censure. On
peut s’attendre à une évolution similaire. Rien n’arrête le progrès, ni l’histoire.
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