Mais que dire sur la Syrie ?
Tout a été écrit sur la Syrie ou presque selon
cet éditorialiste d'un hebdomadaire satirique suisse. Dans un débat imaginaire,
il pèse le pour et le contre d'une éventuelle intervention militaire.
- Un édito sur la
Syrie ? Mais pour dire quoi ?
- Sais pas.
- Bon, évidemment,
cette histoire d’armes chimiques et de ligne rouge est une vaste connerie. Les
110 000 Syriens massacrés à l’arme conventionnelle seraient sûrement d’accord
là-dessus.
- Ouais. Le casus
belli est absurde, d’accord. Et c’est bien trop tard. N’empêche que là, c’est
plus possible de laisser faire sans intervenir. Il faut y aller et taper sur ce
fumier d'Assad.
- Mais surtout pas,
enfin ! La guerre ne résout jamais rien. Et on sait bien qu’Obama, Hollande et
compagnie ont des intérêts cachés. Leur politique interne, des enjeux
économiques et stratégiques... Tiens, les actions des fabricants d’armes ont
grimpé aux Etats-Unis depuis 10 jours ! Alors la "guerre juste" et
"le devoir d’ingérence humanitaire", tout ça, c’est du flan.
- Peut-être, mais
alors quoi ? Ne rien faire ? L’esprit de Munich ? Le Rwanda ? Il y a déjà 110
000 morts, 2 millions de réfugiés, 4 millions en fuite à l’intérieur du pays,
c’est pas une petite répression contre une poignée d’extrémistes, c’est une
boucherie.
- Mais c’est pas en
bombardant qu’on va l’arrêter ! Au contraire, ça va juste aggraver le chaos,
mettre le feu à toute la région… C’est le bourbier assuré, on a vu en Irak.
- Ça n’a rien à voir
avec l’Irak. Et puis l’enjeu est ailleurs. Globalement, s’il y a eu un progrès
vaguement encourageant ces 60 dernières années, c’est celui du droit
international. Les dictateurs ne sont plus à l’abri. Pinochet, Milosevic...
Assad ne peut pas massacrer son peuple impunément, ce serait le retour en
arrière.
- Le droit
international ? On en reparlera quand Poutine sera jugé pour la Tchétchénie et
Bush pour l’Irak. Et quand on s’occupera du Darfour ou de la Somalie ou du
Congo et de tous les autres carnages dont tout le monde se fout. Et pour la
Syrie, il est où, le droit international ? L’ONU est bloquée et Obama se passe
de son accord. Sans compter que les Etats-Unis refusent de reconnaître le
Tribunal pénal international. Alors le progrès, hein…
- Bon, d’accord, mais
n’empêche. Alors l’édito ? On dit quoi ?
- Sais pas.
Dessin
de Stavro
Source Courrier International
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