Henry MILLER
Tropique du Capricorne
Traduit de l’Américain par Georges BELMONT
(4ème de couverture)
Devenu aujourd’hui un classique, Tropique du Capricorne n’a rien perdu de sa force explosive. C’est le livre d’un home qui fait sauter toutes les barrières, après avoir souffert mille morts et vécu autant de re-naissances. L’Amérique y est le symbole des démences de la civilisation. Mais rien n’est épargné : c’est le consentement de tous à ces démences qui est visé. La fringale du sexe fait partie de cette folie. Pourtant, trouant l’épaisseur de ce ciel lourd de sexualité, l’amour brille et brûle comme une étoile de diamant noir, source finale de salut…
Né en 1891 à New York, Henry Miller est mort en 1980. C’est en France où il s’était fixé dès 1930 qu’il fit ses grandes rencontres : Anaïs Nin, Cendras, Queneau, Durrell. C’est aussi en France que fut publiée en 1939 l’édition originale de Tropique du Capricorne, aussitôt interdite dans les pays de langue anglaise. La traduction française, en 1947, souleva une tempête juridique et échappa de peu à l’interdiction.
(1ere phrase :)
Il n’est que de vomir l’âme et de la rendre une fois pour toutes ; le reste suit, sans l’ombre d’un doute, serait-ce au cœur du chaos.
(Dernière phrase :)
Allons, il faut partir. Demain, demain…
506 pages – Editions Stock Paris 2000
(Aide mémoire perso :)
Miller poursuit ses confessions dans "Tropique du Capricorne", peu à peu, il nous montre comment il a découvert sa vocation d'écrivain.
Le style a beau être plus posé, plus mélancolique, émouvant dans certains passages -surtout quand perce la nostalgie de l'enfance- "Tropique du Capricorne" reste du pur Miller : un coeur qui bat violemment, une tornade qui vous surprend et vous envoie valdinguer au-dessus du chaos. Vertigineux !
Faut-il rire ou pleurer ? Rêve ou cauchemar éveillé ? Réalité ou fantasme ? On ne sait pas, Miller lui-même n'en sait rien et on s'en contrefout royalement ! Ce bouquin est un monstre à la fois informe et multiforme ! Un monstre qui dénonce une société monstrueuse. Car c'est bien de cela dont il s'agit : une immense dénonciation. Un crachat à la face d'un système : le capitalisme américain. Miller se veut marginal de ce qui, à ses yeux, remplace les hommes par des numéros, déshumanise, engendre misère et injustice. Mais attention ! Pas de niaiseries. Miller est loin d'être un chevalier blanc ! C'est un sale type, il le sait et il ne nous le cache pas : il pompe le fric de ses "amis", n'a aucune compassion pour personne, manipule, ment, escroque, trompe sa femme... On n'a aucune sympathie pour lui ! Tout est déballé sans la moindre once de gêne. Pas d'hypocrisie. D'ailleurs toute l'oeuvre de Miller est un bras d'honneur à l'hypocrisie ! Et quoi de plus hypocrite que la société américaine, avec sa moralité ronflante, par exemple pour ce qui est du sexe ?
C'est là un autre trait de Miller -mais il ne faudrait surtout pas le réduire à cela !- : son obsession du sexe. On lui a, a ce propos, souvent reproché son langage trop cru. Interdits aux Etats-Unis dès leur parution pour "pornographie", ses livres n'y seront d'ailleurs autorisés qu'en 1961-62, soit plus de vingt ans après leur publication en Europe... Mais c'est parce que tout est libre dans le sexe ! L'acte, son souvenir, les fantasmes qui l'accompagnent, sa description romancée..., encore une fois, la liberté est un concept cher à Miller.
Livre obsédé, surréaliste -"dadaïste", d'après les aveux même de l'auteur-, écrit par un homme qui se voulait libre dans une société robotisée et à la morale étouffante.
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