Ménopause et acupuncture
La prise en charge des symptômes qui entourent
la ménopause n’est pas chose facile depuis les études mettant en cause les
traitements hormonaux. Une nouvelle piste mérite qu’on l’évalue plus
avant : l’acupuncture.
Cela
fait bientôt dix ans que les premières études montrant une élévation du risque
de cancer du sein sous traitement hormonal substitutif, THS, ont été publiées.
Cette
publication et l’accumulation de travaux scientifiques divers ont entrainé
une chute de prescriptions de ces traitements. Mais cela a laissé de nombreuses
femmes désemparées, car les troubles de la ménopause ne sont pas toujours aisés
à tolérer. Bouffées de chaleur, sueurs nocturnes, cauchemars, dépression sont
des désagréments loin d’être anodins lorsqu’ils se prolongent pendant de longs
mois.
On
recommande aujourd’hui d’utiliser le THS vraiment dans les cas les plus sévères
seulement et pour une durée courte, n’excédant pas un ou deux ans.
Les
autres thérapeutiques, notamment à base de plantes n’ont pas prouvé leur
efficacité pour remplacer le THS.
Voici
donc qu’une étude turque, publiée dans Acupuncture in Medicine, attire le regard. Menée à
Ankara, sur un très petit groupe de femmes, 56 au total, cette recherche a
voulu mesurer l’intérêt de l’acupuncture à la fois sur les symptômes physiques,
psychiques et urogénitaux de la ménopause, mais également voir si certaines
sécrétions hormonales étaient modifiées par la stimulation de points précis.
Les
femmes ménopausées depuis au moins 12 mois et dont les taux d’œstradiol étaient
inférieurs à 50 picogrammes par ml ont été divisées en deux groupes.
Le
premier groupe a bénéficié de dix séances d’acupuncture à raison de deux
séances par semaine. Le second groupe a été pris en charge par une fausse
méthode d’acupuncture. Des aiguilles émoussées ont été insérées dans des
dispositifs posés sur la peau, sans qu’elles soient enfoncées. Là encore, il y
a eu dix séances.
Les
femmes des deux groupes ont été évaluées grâce à une échelle appelée MRS,
Menopause Rating Scale.
Cet
index fait appel à 11 critères répartis entre des considérations psychiques,
somatiques et uro-génitales. Chaque élément est noté de 0 (pas dérangeant) à 4
(très ennuyeux).
Le
questionnaire a été administré aux femmes avant la première séance, après la
première séance et à la fin des dix séances.
A
l’exception notable des signes uro-génitaux, les auteurs de l’étude ont
constaté une nette différence en faveur de l’acupuncture aussi bien sur les
signes physiques que sur les signes psychiques.
L’amélioration
a porté notamment sur l’intensité et la fréquence des bouffées de chaleur.
Les
auteurs ont également constaté des modifications hormonales avec une élévation
du taux d’œstradiol, la principale hormone féminine.
Cette
légère élévation ne suffit pas à expliquer l amélioration des symptômes.
La
LH, une hormone d’origine hypophysaire, dont le taux monte avec la
ménopause, était également abaissée. Mais pas la FSH, autre hormone d’origine
hypophysaire.
Peut-on
donc en conclure que l’acupuncture est la solution à la prise en charge des
désordres climatériques, comme on aimait à dire par le passé ? Sûrement
pas, en premier lieu parce que l’échantillon mesuré, au total 53 femmes, est
bien trop faible.
De plus,
les modifications des sécrétions hormonales ne sont pas suffisantes pour
expliquer tous les bénéfices.
Mais,
incontestablement, les femmes ainsi prises en charge ont éprouvé de vrais
progrès. Il n’est donc pas idiot ni inutile de proposer à celles qui vivent le
plus mal cette période charnière de leur vie d’aller se faire poser des
aiguilles de temps en temps.
Référence de l’étude :
Didem Sunay et al.
The effect of acupuncture on
postmenopausal symptoms and reproductive hormones: a sham controlled clinical
trial.
Acupunct Med 2011; 29:27-31 doi: 10.1136/aim.2010.003285
Source docteurjd.com (blog santé de jd flaysakier)
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