Conférence de presse de François Hollande
Impopularité record, majorité divisée, crises
internationales : François Hollande était extrêmement attendu pour sa
conférence de presse ce jeudi. Courrier international a demandé à trois
journalistes étrangers s'ils accordaient leur vote de confiance au président
français.
- Vu du Sénégal - Hamidou Anne, éditorialiste à Térangaweb
"Je
ne l’ai pas trouvé bon, c’est désormais habituel chez Hollande. A part les
traditionnelles pointes d'humour et les petites phrases choc… Sur le fond, rien
de nouveau, sur la forme, on voit un homme terne, qui n'emballe pas, qui n'y
arrive vraiment plus. Mais s’il faut lui accorder un nouveau vote de confiance,
je dirais oui quand même, car en face on a le Front national qui n'a jamais été
aussi haut. Et à la veille du retour de Nicolas Sarkozy sur la scène politique,
il faut que François Hollande rempile. Entre l'homme du discours de Dakar et
l’héritière de Jean-Marie Le Pen, je préfère Hollande.
Depuis le
Mali, son point fort est la politique étrangère. On se souvient de l'accueil
historique de Bamako après l'intervention française contre les rebelles
islamistes. C'est tellement son point fort - et il en est conscient - qu'il a
commencé par là avec la Syrie, l'Irak, le Nigeria et même Ebola, avec
l'installation d'un hôpital militaire en Guinée. Il annonce aussi - et c’est
très important - un soutien aérien aux autorités irakiennes pour lutter contre
le terrorisme.
Le reste
fut une succession de rappels de positions de principe sur les conflits en
Ukraine et ailleurs. Il a tenté de faire illusion avec la politique étrangère,
mais cela marchera de moins en moins. Enfin, pour un président affaibli dans un
pays déficitaire avec un taux de chômage record, les marges de manœuvre pour
des interventions militaires à l'étranger deviennent très minces.
- Vu d'Italie - Stefano Montefiori, correspondant du Corriere della Sera à Paris
Je le
trouve habile, comme toujours, dans ce genre de situation. Toute la première
partie a été dédiée aux crises internationales, domaine où la présidence
Hollande est le moins en difficulté. Le président a déjà démontré par le passé
qu’il était prêt à prendre position, en Syrie par exemple quand il était
disposé à frapper le 31 août 2013 et que Barack Obama avait changé d'avis au
dernier moment. J'ai l'impression qu'aujourd'hui il a revendiqué cet épisode en
disant que l'inertie de la communauté internationale aggrave la menace
terroriste.
Dans
l'ensemble, il n’a pas fait de grandes annonces. C'était surtout un exercice de
défense personnelle admirable. D'autres que lui pourraient se sentir mal à
l'aise mais lui semble pouvoir surmonter n'importe quelle épreuve. Il assume ce
qu'il fait, il y croit. Le mérite de François Hollande est d'être têtu. Il est
cohérent, même contre les sondages, il continue.
- Vu d'Espagne - Juan Pedro Quiñonero, correspondant du quotidien ABC à Paris
Cette
conférence de presse a quelque chose d’extrêmement archaïque. Il n’y a guère
que la France, la Russie, Cuba et l’Espagne qui ont l’honneur de faire des
conférences interminables. Aucune nouveauté n’a été annoncée. C’est un effet de
communication raté.
Le
président a répété le bien-fondé de sa politique économique et sociale, mais
les Français ont une opinion nette, ils rejettent cette politique. François
Hollande veut croire qu’il aura des résultats d’ici à la fin de 2016. S’il a
raison, dans un an ou deux, il sera en très bonne position. Pour l’instant,
tout est incertain, tout est flou. Je trouve ça fatigant d’écouter un président
qui répète ses petites blagues bidon. Au début de son mandat, c’était cordial.
Aujourd’hui, ça tombe mal !
Source Courrier International
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