dimanche 7 septembre 2014

Billets-1400 enfants victimes de l’antiracisme


1400 enfants victimes de l’antiracisme

Au moins 1400 enfants ont été victimes d’abus à Rotherham en Grande-Bretagne. Le mot « abus » est flexible, mais ce dont nous parlons ici, dans certains cas, ce sont les pires formes d’exploitation : viols en groupe, trafic de personnes, menaces aux familles pour qu’elles ne réagissent pas.

La municipalité, nous l’apprenons maintenant, était plus soucieuse de promouvoir « la cohésion de la communauté » que de protéger les enfants. (Il s’agit là de la même commune qui a retiré des enfants à des parents d’accueil soutenant UKIP). La police, nous l’apprenons maintenant, a agi contre certains des hommes ayant tenté de sauver leurs filles, plutôt que contre leurs agresseurs. C’est le même district, le Yorkshire du Sud, qui a réussi à trouver 8 agents pour fouiller la maison de Cliff Richards pour un cas de pédophilie.

Comment de telles choses ont-elles pu se produire ? Une des premières choses à faire est d’observer la réaction des politiciens locaux. Un seul conseiller a démissionné. Aucune sanction parmi les équipes où des managers ont été impliqués. Dans une interview hier, le premier adjoint de Rotherham, Paul Lakin, a refusé d’accepter de licencier à nouveau, même s’il a admis, à contre-cœur, que les criminels devraient être punis « malgré leurs origines ethniques, la couleur de leur peau. »

Sa réponse nous a donné deux pistes pour comprendre le problème. Premièrement, voici une autorité locale qui ne sait pas réagir correctement à une critique. Deuxièmement, maintenant encore, tout est vu par le prisme de « l’antiracisme ».

  • La complaisance de la commune
Considérons ces deux pistes une par une. La commune de Rotherham est mal placée pour réagir aux critiques du fait de sa complaisance, au point que l’on puisse aller jusqu’à dire que cette complaisance n’existe que dans son propre intérêt. Dans une partie du pays où le salaire moyen est de 18 600 livres sterling, son Chief Executive est payé 158 160 livres, les directeurs stratégiques de l’enfance, de la jeunesse, et des services de développement des quartiers et des adultes, 125 530 livres.

Les conseillers travaillistes qui approuvent ces salaires ont toutes les raisons d’être complaisants. Ils contrôlent cette commune depuis sa formation, et leur parti détient ce siège parlementaire depuis 1933. Rien de ce qu’ils font, littéralement rien, n’empêche les habitants de voter pour eux.

Rappelez vous l’élection anticipée à Rotherham il y a 21 mois. Le député local, Denis McShane, était sur le cheminde la prison pour détournement à son profit de l’argent public. La désignation,  pour le remplacer, de Sarah Champion, imposée par la commission électorale centrale du parti travailliste, avait provoqué la démission de la moitié de la section locale. Les nouvelles nationales à l’approche du jour du vote étaient dominées par le retrait des enfants de leur famille d’accueil votant UKIP. Et malgré cela, même à l’occasion d’une élection anticipée où ils auraient pu dénoncer sans grande souffrance qu’ils étaient scandalisés d’être ainsi manipulés, les citoyens ont dûment donné aux travaillistes 46,6% des suffrages exprimés. On peut difficilement reprocher au parti travailliste de prendre de tels électeurs pour ce qu’ils sont.

Toute organisation politique sans réelle opposition à terme, devient incohérente, se satisfait des bienfaits qu’elle s’octroie, devient intolérante à la critique  et devient obsédée par ses dogmes chéris, dont le premier, à Rotherham, est celui qu’on appelle à tort « l’antiracisme ».


  • La carte antiraciste
« L’antiracisme » est depuis longtemps un carte gagnante dans le jeu de la gauche, « coupant » tout tel un atout : la liberté de contrat, la liberté d’association, la liberté d’expression. Il a été élevé en but suprême de toute politique publique. Les communes ne sont pas là pour rendre des services mais pour « promouvoir l’inclusion ». Les universités ne sont pas là pour enseigner mais pour « rendre commune la diversité ». La diversité, bien sûr, doit se comprendre en termes de couleur de peau et non pas en termes d’opinions. Les entreprises ne sont pas là pour faire des profits, mais pour « refléter la Grande-Bretagne moderne ».

C’est assez facile de percevoir comment ce dogme est né. Les gens réagissaient à un racisme dur et brutal, d’un genre heureusement devenu rare : des concitoyens à qui on refusait des emplois pour lesquels ils étaient qualifiés, refusés comme locataires, insultés, et même attaqués physiquement. Ces faits peuvent toujours se produire, mais leur rareté les rendrait maintenant choquants. Cependant, les arrondissements pourris des travaillistes restent coincés au début des années 80.

Le rapport officiel sur les viols de masse rend ceci clair jusqu’à l’écœurement. Qu’il évoque la police, les travailleurs sociaux ou la réticences des habitants à porter plainte, il en revient tout le temps à la terreur de dire ce qu’il ne faut pas. « Un certain nombre de membres du personnel ont décrit leur nervosité à identifier les origines ethniques des coupables, de peur qu’on pense qu’ils étaient racistes. » Des conseillers travaillistes « croyaient qu’en ouvrant ces questions, ils pourraient apporter un ballon d’oxygène à des perspectives racistes, qui pourraient à leur tour attirer des groupes politiques extrémistes et menacer la cohésion de la communauté ». Ah oui, « la cohésion de la communauté », une bien meilleure tournure que « des votes travaillistes ».

Ce n’est pas de la sensibilité, ça. Ce n’est pas de l’antiracisme. C’est du racisme pur et dur : traiter les gens différemment selon la couleur de leur peau. Dan Hodges, un homme de gauche à la tête sur les épaules dont le premier réflexe, dans de tels cas, est de ne pas en ajouter sur le compte du racisme, invite ses lecteurs à imaginer leur réaction si des gangs de blancs avaient systématiquement agressé sexuellement des enfants noirs. Dans un tel cas, note-t-il, l’angle de la race serait, à raison, sur le devant de la scène.

Ce n’est pas comme si ce cas était complètement sans précédent. Le rapport officiel sur les agressions sexuelles dans les maisons pour enfants d’Islington au début des années 90 mentionne que des enfants avaient souffert des conséquences directes des politiques d’ « antiracisme » de la commune travailliste. Des preuves similaires ont été mises en lumière dans l’enquête sur la torture et le meurtre de Victoria Climbié, 8 ans, en 2000.

Son cas était un rappel macabre que « l’antiracisme » n’a rien à faire avec la défense de la cause des gens qui ne sont pas blancs. Il s’agit en fait d’une sorte de badge d’identité, une façon de signaler le genre de personne que vous êtes. Le fait que vos politiques puissent avoir des conséquences monstrueuses pour les minorités ethniques est secondaire.

Les abominations de Rotherham ne sont pas un défi à la Grande-Bretagne multiethnique : des gens de toutes les origines sont réunis par leur révulsion face à ce qui s’est passé. Ce n’est pas non plus un défi au pluralisme religieux : aucune foi ne tolère les agressions sexuelles contre les enfants. Elles sont cependant un défi à la façon dont nous gérons certaines autorités locales. Si on prend des groupes de gens, pas tous terriblement brillants, et qu’on les encourage à être plus soucieux de suivre la procédure qu’à faire ce qui est bien, si on élève la conformité au dessus de la conscience, si on enseigne aux équipes que tout, absolument tout, devrait être vu à travers le prisme de la race, on aboutit à beaucoup d’injustice et à de l’atrocité occasionnelle. Islington, Haringey, Rotherham, l’échelle de l’horreur varie, mais la cause sous-jacente, non.



Source contrepoints.org

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