jeudi 28 août 2014

Billets-Remaniement "Un choix très risqué"


Remaniement "Un choix très risqué"

Stefan Ulrich, rédacteur en chef adjoint du service International de la Süddeutsche Zeitung

Courrier international Que pensez-vous du choix de François Hollande de procéder à un remaniement ?
Stefan Ulrich C’était un choix nécessaire. Il y avait trop d’opposition, de diversité dans l’ancienne équipe gouvernementale. Il n’y avait pas de volonté commune. Le président réaffirme ainsi clairement son intention de changer de cap, de réformer le pays. Pour ce faire, il a besoin d’une équipe plus restreinte et unifiée. Mais c’est aussi un choix très risqué. Il exclut ainsi une grande partie de la gauche, les communistes, la gauche radicale, les Verts et une partie des socialistes qui ne sont pas d’accord avec sa ligne politique.

Courrier international Cette décision va-t-elle rapprocher la France de l’Allemagne ?
Stefan Ulrich Le gouvernement allemand est très méfiant envers une partie du PS, des politiques qui sont plus socialistes que sociaux-démocrates. La chancelière Angela Merkel est certainement satisfaite de voir Hollande soutenir la politique de solidité financière et de soutien aux entreprises. Bon nombre d’Allemands ne comprennent pas l’hostilité des Français face à cette politique d’austérité et leur attachement à leur modèle traditionnel de vie sociale avec un Etat qui joue un rôle dominateur dans l’économie.

Courrier international L’affrontement de deux logiques, croissance contre austérité, ne risque- t-il pas de faire imploser l’Europe ?
Stefan Ulrich Arnaud Montebourg a justement souligné la nécessité de relancer la croissance. L’Europe du Sud, contrairement à l’Allemagne, est confrontée à un problème de croissance. L’Italie déplore un chômage des jeunes de presque 50 %, c’est une catastrophe. Certains Allemands considèrent qu’il est tout simplement impossible de conduire une autre politique pour l’Europe que celle de la rigueur. Ils estiment que la crise qui touche le Sud est la seule faute des gouvernements.
Mais d’autres, comme notre ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, ont une vision beaucoup plus fine de la situation et une conscience très nette des problèmes économiques et sociaux auxquels sont confrontés les pays du Sud. Ils savent – je l’espère au moins – que, dans la pratique, il est nécessaire de trouver un compromis, avec plus de flexibilité. Il faut assainir les finances publiques et, en même temps, trouver une politique qui fasse également place à la croissance, pour combattre le chômage des jeunes et sortir des pays comme la France et l’Italie de la crise.

 Dessin de Tom paru dans Trouw, Amsterdam.
Source Courrier International


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