Manuel Valls "C'est Montebourg ou moi"
La presse européenne réagit après la démission
du gouvernement de Manuel Valls provoquée, selon elle, par les critiques du
ministre de l'Economie envers l'alignement de Paris sur l'austérité dictée par
Berlin.
C’est sur la politique
d’austérité imposée à l’Europe par l’Allemagne que le gouvernement français se
déchire, écrit en substance La Stampa après la démission du gouvernement de
Manuel Valls ce 25 août. Une phrase d'Arnaud Montebourg, en particulier, marque
clairement la ligne du ministre de l’Economie : "Il faut hausser le ton
contre l'Allemagne, […] quand je dis Allemagne, je parle de la droite allemande
qui soutient Angela Merkel. La France n'a aucune intention de s'aligner sur les
axiomes idéologiques de la droite allemande."
Une critique à peine
voilée de la ligne défendue depuis la rentrée politique par François Hollande
et Manuel Valls. A défaut de hausser le ton contre son homologue allemande, le
chef du gouvernement français a donc choisi de "punir" les frondeurs.
Le 25 août, Manuell Valls a annoncé la démission de son gouvernement et de
nouvelles nominations dès le 26. Pas de temps à perdre.
Le correspondant du Financial Times
à Paris revient également sur la prise de position qui a mené à ce dénouement
"spectaculaire", évoquant "l’appel lancé par Monsieur Montebourg
pour un 'changement radical' de la politique économique" de la France et
"sa critique acerbe des injonctions de Bruxelles alignées sur 'la plus
extrême orthodoxie de la droite allemande'. Il a été rejoint par le ministre de
l’Education Benoît Hamon qui a soutenu que Monsieur Montebourg et lui n’étaient
pas 'éloignés' d’un groupe de parlementaires socialistes rebelles qui mènent
une campagne contre le virage de François Hollande vers une politique de
l’offre".
"Trop c’est trop"
"Trop c’est
trop", écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ), après les réactions du
président François Hollande et de son Premier ministre Manuel Valls aux propos
d’Arnaud Montebourg. "On ne peut tolérer dans son gouvernement un ministre
de l’Economie qui met constamment en question la politique économique, poursuit
le quotidien conservateur de Francfort. Montebourg a volé d’échec en échec et
en même temps, il n’avait rien de mieux à faire que d’attaquer en permanence la
politique de François Hollande – et du gouvernement allemand qui imposerait
prétendument un programme d’austérité nocif."
Etonnamment clément
envers le président français, la FAZ
ajoute : "Certes, les réformes de Hollande sont hésitantes, mais depuis le
début de l’année on ne peut nier qu’elles ont une certaine cohérence. (...)
Pour l’aile gauche du parti, c’était déjà trop. (...) Mais sous l’impulsion de
Valls, Hollande vient de se donner les conditions nécessaires pour mettre en
place avec détermination un véritable programme de réformes." Les marchés
ont réagi positivement, souligne encore le quotidien de Francfort, mais
"les rebelles de gauche" risquent fort de jouer les martyres ou les
trublions. "Gouverner ne va pas devenir plus simple pour Hollande et
Valls. Mais il fallait en passer par l’épreuve de force. Les dirigeants
français l’affrontent. En ce sens, c’est une bonne nouvelle."
"En cinq mois, le
chef du gouvernement, Manuel Valls, n’a pas trouvé de recette contre le chômage
persistant dans la deuxième économie de l’eurozone. Et l’assainissement des
finances publiques n’avance pas comme prévu", souligne le quotidien viennois
Die Presse, pour expliquer la situation
en France. Ce qui ne l’empêche pas de souligner également qu’"Arnaud
Montebourg ne cache pas ses ambitions de devenir lui-même un jour président de
la République."
Baisse de popularité
A Madrid, El País
rappelle la baisse de popularité de Manuel Valls, citant le Journal du Dimanche selon lequel seuls 36 %
des Français approuvent sa gestion gouvernementale "moins de six mois à
peine après sa nomination".
"Maintenant,
Manuel Valls va devoir renouveler un gouvernement particulièrement critique
contre la politique économique de l’exécutif", poursuit le journal. Le
quotidien rappelle notamment les attaques récentes d’Arnaud Montebourg et
Benoît Hamon. "Le ministre de l’Economie s’est placé sur la ligne de
départ en critiquant fermement la politique de Valls."
A Bruxelles enfin, Le Soir
reprend des informations du Parisien
selon lequel Manuel Valls a posé un choix simple au chef de l'Etat :
"C'est Montebourg ou moi !" Avant de rappeler que le ministre de
l'Economie s'était déjà illustré dans la prise de position publique :
"Monsieur Montebourg, arrivé en troisième position de la primaire
socialiste pour la présidentielle de 2012, s’était auparavant déjà accroché
avec [le Premier ministre précédent] Jean-Marc Ayrault, notamment sur le
dossier industriel de Florange, et avait déjà affirmé haut et fort ses orientations
lors d’un grand discours prononcé début juillet à Bercy."
Source Courrier International
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire