lundi 25 août 2014

Billets-Manuel Valls "C'est Montebourg ou moi"


Manuel Valls "C'est Montebourg ou moi"

La presse européenne réagit après la démission du gouvernement de Manuel Valls provoquée, selon elle, par les critiques du ministre de l'Economie envers l'alignement de Paris sur l'austérité dictée par Berlin.

C’est sur la politique d’austérité imposée à l’Europe par l’Allemagne que le gouvernement français se déchire, écrit en substance La Stampa après la démission du gouvernement de Manuel Valls ce 25 août. Une phrase d'Arnaud Montebourg, en particulier, marque clairement la ligne du ministre de l’Economie : "Il faut hausser le ton contre l'Allemagne, […] quand je dis Allemagne, je parle de la droite allemande qui soutient Angela Merkel. La France n'a aucune intention de s'aligner sur les axiomes idéologiques de la droite allemande."

Une critique à peine voilée de la ligne défendue depuis la rentrée politique par François Hollande et Manuel Valls. A défaut de hausser le ton contre son homologue allemande, le chef du gouvernement français a donc choisi de "punir" les frondeurs. Le 25 août, Manuell Valls a annoncé la démission de son gouvernement et de nouvelles nominations dès le 26. Pas de temps à perdre.

Le correspondant du Financial Times à Paris revient également sur la prise de position qui a mené à ce dénouement "spectaculaire", évoquant "l’appel lancé par Monsieur Montebourg pour un 'changement radical' de la politique économique" de la France et "sa critique acerbe des injonctions de Bruxelles alignées sur 'la plus extrême orthodoxie de la droite allemande'. Il a été rejoint par le ministre de l’Education Benoît Hamon qui a soutenu que Monsieur Montebourg et lui n’étaient pas 'éloignés' d’un groupe de parlementaires socialistes rebelles qui mènent une campagne contre le virage de François Hollande vers une politique de l’offre".

"Trop c’est trop"
"Trop c’est trop", écrit la Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ), après les réactions du président François Hollande et de son Premier ministre Manuel Valls aux propos d’Arnaud Montebourg. "On ne peut tolérer dans son gouvernement un ministre de l’Economie qui met constamment en question la politique économique, poursuit le quotidien conservateur de Francfort. Montebourg a volé d’échec en échec et en même temps, il n’avait rien de mieux à faire que d’attaquer en permanence la politique de François Hollande – et du gouvernement allemand qui imposerait prétendument un programme d’austérité nocif."

Etonnamment clément envers le président français, la FAZ ajoute : "Certes, les réformes de Hollande sont hésitantes, mais depuis le début de l’année on ne peut nier qu’elles ont une certaine cohérence. (...) Pour l’aile gauche du parti, c’était déjà trop. (...) Mais sous l’impulsion de Valls, Hollande vient de se donner les conditions nécessaires pour mettre en place avec détermination un véritable programme de réformes." Les marchés ont réagi positivement, souligne encore le quotidien de Francfort, mais "les rebelles de gauche" risquent fort de jouer les martyres ou les trublions. "Gouverner ne va pas devenir plus simple pour Hollande et Valls. Mais il fallait en passer par l’épreuve de force. Les dirigeants français l’affrontent. En ce sens, c’est une bonne nouvelle."

"En cinq mois, le chef du gouvernement, Manuel Valls, n’a pas trouvé de recette contre le chômage persistant dans la deuxième économie de l’eurozone. Et l’assainissement des finances publiques n’avance pas comme prévu", souligne le quotidien viennois Die Presse, pour expliquer la situation en France. Ce qui ne l’empêche pas de souligner également qu’"Arnaud Montebourg ne cache pas ses ambitions de devenir lui-même un jour président de la République."

Baisse de popularité
A Madrid, El País rappelle la baisse de popularité de Manuel Valls, citant le Journal du Dimanche selon lequel seuls 36 % des Français approuvent sa gestion gouvernementale "moins de six mois à peine après sa nomination".

"Maintenant, Manuel Valls va devoir renouveler un gouvernement particulièrement critique contre la politique économique de l’exécutif", poursuit le journal. Le quotidien rappelle notamment les attaques récentes d’Arnaud Montebourg et Benoît Hamon. "Le ministre de l’Economie s’est placé sur la ligne de départ en critiquant fermement la politique de Valls."

A Bruxelles enfin, Le Soir reprend des informations du Parisien selon lequel Manuel Valls a posé un choix simple au chef de l'Etat : "C'est Montebourg ou moi !" Avant de rappeler que le ministre de l'Economie s'était déjà illustré dans la prise de position publique : "Monsieur Montebourg, arrivé en troisième position de la primaire socialiste pour la présidentielle de 2012, s’était auparavant déjà accroché avec [le Premier ministre précédent] Jean-Marc Ayrault, notamment sur le dossier industriel de Florange, et avait déjà affirmé haut et fort ses orientations lors d’un grand discours prononcé début juillet à Bercy."


Source Courrier International

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire