James Foley ou la mort du journalisme en Syrie
Dans une vidéo mise en ligne le 19 août, l'Etat
islamique affirme avoir tué le journaliste américain James Foley, enlevé en
Syrie en novembre 2012. Un événement qui illustre la difficulté croissante de
couvrir le conflit syrien, écrit The Atlantic.
Le 19
août, une vidéo montrant ce que des djihadistes de l'Etat islamique affirment
être la décapitation du journaliste américain James Foley a été diffusée sur
Internet. Le reporter aurait été exécuté en représailles aux frappes aériennes
contre le groupe extrémiste sunnite décidées par Barack Obama en Irak.
Le ministre britannique des Affaires étrangères Philip
Hammond a déclaré que l'homme qui paraît exécuter le journaliste dans la vidéo
semble être britannique et il a donné l'alerte au sujet de possibles attaques
terroristes au Royaume-Uni, note le quotidien britannique The Independent.
Les médias réduits au silence
Pour le mensuel The Atlantic, cet assassinat est symptomatique
des difficultés croissantes que rencontrent les journalistes dans la couverture
du conflit syrien. "Foley travaillait dans un endroit qui est à l'heure
actuelle l'un des plus dangereux de la planète pour un reporter, un pays où des
dizaines de journalistes ont été enlevés et tués au cours des dernières
années", écrit le magazine américain. "A cause de la violence aveugle
qui s'est répandue dans le conflit syrien, du gouvernement syrien qui a pris
les journalistes pour cible, censuré les médias locaux et interdit aux
journalistes étrangers d'entrer dans le pays, des groupes extrémistes de plus
en plus forts qui ont commencé à enlever des journalistes (...), les organes
d'information du monde entier ont fait sortir leurs équipes de Syrie."
Dans les
premiers temps, note The Atlantic, "des
collaborateurs indépendants ont aidé à assurer la couverture des événements.
Mais eux aussi ont été arrêtés par la détérioration de la sécurité et par les
médias, qui, conscients des risques qu'ils courent, hésitent à publier leurs
articles".
"Nous ne sommes pas assez près"
Résultat :
la guerre civile syrienne, "peut-être la pire crise humanitaire depuis le
début de ce siècle", "se prolonge implacablement en arrière-plan des
nouvelles diffusées périodiquement par les médias. Nous voyons ses effets
délétères partout au Moyen-Orient. Mais nous la voyons rarement elle, la
guerre."
James
Foley, qui avait 40 ans, était venu dans le pays comme journaliste indépendant
après avoir accompagné l'armée américaine et avoir été capturé par les soldats
de Mouammar Kadhafi pendant qu'il couvrait la révolution libyenne, en 2011.
"Et il savait l'importance du travail qu'il accomplissait dans des pays
comme la Syrie", souligne encore The
Atlantic, citant le journaliste : "Ça fait partie du problème avec
ces conflits : nous ne sommes pas assez près", avait-il déclaré lorsqu'il
avait été libéré après sa captivité en Libye. "Si nous n'essayons pas
d'être vraiment très près de ce que ces gens vivent, nous ne comprendrons pas
le monde."
Le reporter américain James Foley à Alep, le 5 novembre 2012 - AFP
PHOTO/HO/NICOLE TUNG
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire