jeudi 21 août 2014

Billets-James Foley ou la mort du journalisme en Syrie


James Foley ou la mort du journalisme en Syrie

Dans une vidéo mise en ligne le 19 août, l'Etat islamique affirme avoir tué le journaliste américain James Foley, enlevé en Syrie en novembre 2012. Un événement qui illustre la difficulté croissante de couvrir le conflit syrien, écrit The Atlantic.
  
Le 19 août, une vidéo montrant ce que des djihadistes de l'Etat islamique affirment être la décapitation du journaliste américain James Foley a été diffusée sur Internet. Le reporter aurait été exécuté en représailles aux frappes aériennes contre le groupe extrémiste sunnite décidées par Barack Obama en Irak.

Le ministre britannique des Affaires étrangères Philip Hammond a déclaré que l'homme qui paraît exécuter le journaliste dans la vidéo semble être britannique et il a donné l'alerte au sujet de possibles attaques terroristes au Royaume-Uni, note le quotidien britannique The Independent.

Les médias réduits au silence
Pour le mensuel The Atlantic, cet assassinat est symptomatique des difficultés croissantes que rencontrent les journalistes dans la couverture du conflit syrien. "Foley travaillait dans un endroit qui est à l'heure actuelle l'un des plus dangereux de la planète pour un reporter, un pays où des dizaines de journalistes ont été enlevés et tués au cours des dernières années", écrit le magazine américain. "A cause de la violence aveugle qui s'est répandue dans le conflit syrien, du gouvernement syrien qui a pris les journalistes pour cible, censuré les médias locaux et interdit aux journalistes étrangers d'entrer dans le pays, des groupes extrémistes de plus en plus forts qui ont commencé à enlever des journalistes (...), les organes d'information du monde entier ont fait sortir leurs équipes de Syrie."

Dans les premiers temps, note The Atlantic, "des collaborateurs indépendants ont aidé à assurer la couverture des événements. Mais eux aussi ont été arrêtés par la détérioration de la sécurité et par les médias, qui, conscients des risques qu'ils courent, hésitent à publier leurs articles".

"Nous ne sommes pas assez près"
Résultat : la guerre civile syrienne, "peut-être la pire crise humanitaire depuis le début de ce siècle", "se prolonge implacablement en arrière-plan des nouvelles diffusées périodiquement par les médias. Nous voyons ses effets délétères partout au Moyen-Orient. Mais nous la voyons rarement elle, la guerre."

James Foley, qui avait 40 ans, était venu dans le pays comme journaliste indépendant après avoir accompagné l'armée américaine et avoir été capturé par les soldats de Mouammar Kadhafi pendant qu'il couvrait la révolution libyenne, en 2011. "Et il savait l'importance du travail qu'il accomplissait dans des pays comme la Syrie", souligne encore The Atlantic, citant le journaliste : "Ça fait partie du problème avec ces conflits : nous ne sommes pas assez près", avait-il déclaré lorsqu'il avait été libéré après sa captivité en Libye. "Si nous n'essayons pas d'être vraiment très près de ce que ces gens vivent, nous ne comprendrons pas le monde."

Le reporter américain James Foley à Alep, le 5 novembre 2012 - AFP PHOTO/HO/NICOLE TUNG

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