Les Affaires… Droite ou gauche, personne n'est épargné !
François Hollande a fait de la lutte contre la
corruption l'un de ses chevaux de bataille. Pourtant, la gauche, tout comme la
droite, est visée par la justice.
L'avènement
de l'ère Hollande n'y aura rien fait : du ministre du Budget à Christine
Lagarde, les affaires continuent d'éclabousser indifféremment droite et gauche
à Paris. Comme au temps de Sarkozy.
Aujourd'hui
la droite. Hier la gauche. Il en va ainsi : à Paris, les perquisitions au
domicile de Christine Lagarde, l'ancienne ministre de Nicolas Sarkozy, dans le
cadre de l'affaire Tapie, sont une épine dans le pied de l'actuelle directrice
générale du Fonds monétaire international. La veille [le 20 mars], on apprenait
la démission du socialiste Jérôme Cahuzac, jusqu'alors ministre du Budget,
soupçonné d'évasion fiscale [et de blanchiment de fraude fiscale] dans de bien
commodes paradis offshore. Les "affaires*", comme on les appelle en
France, ne font pas de distinction entre droite et gauche.
Pendant la
campagne électorale de François Hollande, la gauche avait insisté lourdement
sur ce point : avec nous, finie l'époque des manigances, de l'argent facile, du
copinage. A dire vrai, les socialistes n'ont pas été épargnés par les affaires
par le passé. A l'époque de l'opération "mains propres" à la
française, voilà dix ans, celle qui était alors juge de choc, Eva Joly, s'en
était pris tout particulièrement à Roland Dumas, ancien ministre des Affaires
étrangères et jadis intime de François Mitterrand. Sans oublier l'affaire
Strauss-Kahn.
A l'heure
de la présidentielle, toutefois, François Hollande a pris ses distances avec ce
dernier. Et si le chef de file socialiste a remporté l'élection, c'est aussi
grâce à la "volonté de faire le ménage"
qu'on lui prêtait après l'ère Sarkozy, l'ami des puissants - et notamment des
patrons. L'affaire* qui aura le plus
marqué l'imagination collective, en mal, est l'affaire Bettencourt.
Pendant
des années, la vieille dame aurait été victime d'"abus de faiblesse" de la part de son entourage afin
d'obtenir des financements destinés à Sarkozy, qu'elle connaissait depuis des
années, et à sa formation politique. L'instruction est encore en cours mais,
quelle qu'en soit l'issue, l'opinion publique française a été marquée par les
écoutes téléphoniques relayées par les médias, qui montrent que, pendant des
années, la milliardaire a été l'otage de personnages liés de près ou de loin à
l'ancien président.
- Pas de jaloux
Nous
l'avons vu, Hollande a fait de la lutte contre la corruption l'un de ses
chevaux de bataille. Or, avec le cas Cahuzac, les socialistes se trouvent à
leur tour empêtrés dans les affaires*.
L'influent ministre du Budget (mais aussi chirurgien esthétique, qui a fait
fortune dans la greffe de cheveux, grâce aux clients de la bonne société
parisienne), est accusé d'avoir détenu, au moins jusqu'en 2010, un compte
bancaire en Suisse, où il aurait placé une partie de ses capitaux pour éviter
de verser de lourds impôts dans son pays.
Le parquet
de Paris vient d'ouvrir une information judiciaire. Si Cahuzac a toujours
martelé qu'il était innocent, qu'il n'avait jamais ouvert de compte bancaire à
l'étranger et qu'il démissionnait "pour
mieux [se] défendre", les premiers éléments de l'enquête, publiés
par les médias, écoutes téléphoniques comprises, sont à charge et pour le moins
embarrassants.
Vingt-quatre
heures ne s'étaient pas écoulées depuis sa démission (dans la
série "on ne fait pas de jaloux") que resurgissait une vieille
histoire (assez embarrassante elle aussi) impliquant cette fois un personnage
de droite, Christine Lagarde. L'actuelle directrice du Fonds monétaire
international était à la tête du ministère de l'économie en 2007 et ce fut elle
qui confia le règlement de l'affaire Adidas à un tribunal arbitral en lieu et
place de la justice ordinaire. Grâce à la décision de Christine Lagarde de
passer la patate chaude à un tribunal arbitral, une instance juridique privée,
(une décision déjà très controversée à l'époque, et peut-être liée à des
pressions émanant de Nicolas Sarkozy), Bernard Tapie a obtenu une indemnité
record de 403 millions d'euros. Si l'on soustrait ce qu'il devait au fisc,
Bernard Tapie a empoché la coquette somme de 240 millions d'euros. Et voilà
qu'aujourd'hui, dans le cadre d'une enquête sur l'affaire, le domicile de
Christine Lagarde vient d'être perquisitionné par surprise. De quoi rappeler
que le problème des affaires est transversal en France. Nul n'est épargné. Un
jour à droite, un jour à gauche.
Dessin de Vlahovic
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