Fringales
Fringales un tic vicieux du cerveau.
Envie irrésistible de chocolat – ou de sushis ?
Des chercheurs se penchent activement sur nos fringales pour en décrypter les
leviers et savoir tromper la dépendance.
Vous
pouvez pratiquement sentir le goût, c'est sucré, ça fond sous la dent. Vous en
voulez tellement que vous ne pouvez penser qu'à ça.
Mais
est-ce vraiment le goût qui vous donne cette envie folle, ou les associations
agréables qui vont avec ? Ou est-ce parce que vous savez que vous ne devriez
pas en manger ? Si vous luttez contre cette envie, est-ce qu'elle disparaîtra
ou est-ce qu'elle grandira ? Les chercheurs qui veulent comprendre les
fringales se posent toutes ces questions. Elles sont plus que jamais à l'ordre
du jour compte tenu de l'épidémie d'obésité que connaissent les Etats-Unis. Les
fringales ont en effet une influence sur le grignotage, l'empiffrage et la
boulimie.
Pendant
des années, les chercheurs ont supposé que les fringales étaient une réaction
inconsciente du corps pour corriger des carences nutritionnelles. Le désir de
steack pouvait par exemple indiquer un besoin en protéine ou en fer. Les accros
au chocolat manquaient peut-être de magnésium ou d'autres éléments chimiques
altérant l'humeur [et qui sont présents dans le chocolat], par exemple la
phényléthylamine, un neurotransmetteur que les êtres humains produisent quand
ils sont amoureux.
- La grande fringale américaine
Les
chercheurs sont cependant de plus en plus nombreux à mettre cette théorie en
doute. Après tout, les gens ont rarement une envie folle de légumes verts,
pourtant riches en vitamines, et il existe beaucoup d'aliments qui contiennent
davantage de phénylalanine que le chocolat. D'après les études, les fringales
font intervenir un mélange complexe de facteurs sociaux, culturels et
psychologiques qui sont fortement influencés par des signaux environnementaux.
Si le
chocolat est l'aliment qui fait le plus envie en Amérique du Nord, les
Japonaises sont plus susceptibles de se jeter sur les sushis, selon une étude
récente. Et en Egypte, seuls 1% des jeunes hommes et 6% des jeunes femmes ont
des envies de chocolat, d'après une étude réalisée en 2003. "Il y a
beaucoup de langues qui n'ont pas de mot pour 'fringale'. Ce concept semble
avoir une importance unique dans la culture américaine", déclare la
psychologue Julia Hormes de l'Université d'Albany. Aux Etats-Unis, 50% des
femmes ayant des envies de chocolat déclarent que celles-ci sont
particulièrement fortes au début de leurs règles. Les chercheurs n'ont
cependant trouvé aucune corrélation entre les fringales et le niveau
d'hormones. Dans une étude réalisée l'année dernière sur 98 étudiantes de
l'Université de Pennsylvanie, celles dont les fringales étaient le plus liées à
leur cycle hormonal avaient également un passé marqué par les régimes, les
troubles de l'alimentation et un index de masse corporelle élevé.
- Les mêmes effets que la drogue ou l'alcool
Les IRM
fonctionnels réalisés par le Dr Pelchat, une psychologue spécialisée dans la
sélection alimentaire du Monell Chemical Senses Center, à Philadelphie,
révèlent que les fringales activent les mêmes parties du cerveau que la drogue
et l'alcool. Ce sont par exemple l'hippocampe, qui contribue au stockage des
souvenirs, le cortex insulaire, qui joue un rôle dans la perception et les
émotions, ou le noyau caudé, qui joue un rôle important dans l'apprentissage et
la mémoire.
Le circuit
est alimenté par la dopamine, un neurotransmetteur responsable de
l'apprentissage reposant sur la récompense. Quand les gens bombardent en
permanence ce circuit de drogues, d'alcool ou d'aliments gras et sucrés, une
partie des récepteurs de dopamine se bloquent pour empêcher une surcharge. Et
comme il y a moins de récepteurs de dopamine en état de marche, le système en
veut toujours plus. "On a beau s'empiffrer, on n'a toujours pas la
récompense", explique Pam Peeke, un médecin qui vient de publier un
ouvrage sur la question, The Hunger Fix [non traduit en français]. La dépendance à la
nourriture provoque des changements dans le cortex préfontal qui normalement
contrôle l'impulsivité et les envies addictives, explique-t-elle.
- Céder en partie pour mieux contrôler
Quel est
le meilleur moyen de lutter contre les fringales ? Plusieurs études montrent
que plus un sujet essaie de limiter sa consommation d'un aliment, plus il
risque d'en avoir envie.
Certains
experts suggèrent donc de céder à l'envie en la contrôlant. D'après une étude
réalisée en 2003 à l'University College de Londres, les sujets qui ne mangent
du chocolat qu'au cours d'un repas ou juste après réussissent mieux à y
renoncer que ceux qui en prennent l'estomac vide.
Les
thérapies comportementalistes peuvent aussi aider.
Des
chercheurs d'Adélaïde, en Australie, ont réuni cent dix personnes qui se
déclaraient accros au chocolat et leur ont donné à chacune un sachet de
chocolats pour une semaine. La moitié d'entre eux a reçu une formation en
"restructuration cognitive" – remettre en cause ses pensées à propos
du chocolat – tandis que l'autre a appris la "distanciation radicale"
– accepter ses pensées et les observer sans agir. A la fin, il restait au
deuxième groupe trois fois plus de chocolat qu'au premier.
L'exercice
peut lui aussi limiter les fringales. Le cerveau de femmes ayant marché d'un
bon pas pendant 45 minutes sur un tapis roulant réagit ainsi beaucoup moins aux
images de nourriture, selon une étude réalisée par l'Université Brigham Young à
Provo, dans l'Utah.
On peut
également mâcher du chewing gum et humer un produit non alimentaire. En
inspirant une bouffée de jasmin, par exemple, on occupe les récepteurs d'arôme
qui jouent un rôle essentiel dans les fringales. Le Dr Peeke suggère de prendre
un réveil et de régler la sonnerie sur trente minutes chaque fois qu'une
fringale se manifeste. Occupez-vous avec autre chose jusqu'à ce que le réveil
sonne ; l'envie aura peut-être passé. "Si on peut retarder la consommation
de l'aliment désiré, on peut affaiblir la réaction habituelle", confirme
le Dr Pelchat.
C'est la
bonne nouvelle : plus on résiste longtemps à une fringale, plus elle
s'affaiblit, selon les études.
Pour perdre des kilos mangez equilibré et surtout faites du sport. Les kilos ne vont pas partir par magie. Il vous faut éliminer
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