Levure de riz rouge… vigilance !
Les traitements réputés
naturels ont de plus en plus la faveur des patients. Le problème c’est que ce
qui est dit sur le flacon n’est pas toujours exact comme le montre l’analyse
d’une douzaine de produits hypocholestérolémiants à base de levure de riz rouge.
On
l’appelle Hong Chu ou Hong Qu ou Honqu, les botanistes parlent, eux de monascus purpureus.
Il
s’agit d’une levure qui pousse sur le riz rouge et dont les vertus médicinales
sont connues depuis de nombreuses lunes.
Cette
levure contient des monacolines,
quatorze pour être précis. Structures chimiques de la famille des polyketides.
L’une
de ces monacolines, la monacoline K est connue sous le nom de lovastatine. Elle a été commercialisée comme
médicament à visée hypolipémiante, c’est-à-dire pour abaisser le taux de
cholestérol dans le sang. Elle agit, en effet, sur une enzyme présente
dans le foie, l’HMG-CoA réductase, limitant ainsi la synthèse de cholestérol
par le foie.
Les
autres monacolines ont probablement aussi des effets hypolipémiants.
Ces
vertus, et la présence ‘naturelle’ de lovastatine ont rendu très populaire la
consommation de levure de riz rouge, aux Etats-Unis d’abord, puis dans de
nombreux pays.
Mais
le problème des compléments alimentaires c’est que ce ne sont pas des
médicaments. Je veux dire ainsi qu’il s ne subissent pas la même réglementation
que ces derniers en termes de bonne pratique de fabrication et que les
contrôles sont plutôt limités.
Preuve
en est avec l’étude publiée cette semaine dans la revue américaine ‘Archives of
Internal Medicine’ par des cardiologues de l’université de Pennsylvanie à
Philadelphie.
Pendant
deux ans, d’août 2006 à juillet 2008, ils se sont procurés douze marques
différentes de compléments alimentaires à base de levure de riz rouge. Sur
toutes ces boites il était mentionné ‘600mg de produit actif par capsule’.
Ces
gélules ont été analysées par une méthode très sophistiquée, comme celle que
l’on voit dans ‘Les Experts’. Et le résultat a de quoi au mieux surprendre, au
pire d’inquiéter.
Les
auteurs ont en effet constaté des variations énormes dans la teneur en produits
actifs des diverses préparations.
Ainsi
la composition en monacolines totales allait de 0,31 à 11,15mg par capsule,
selon les marques.
Quand
on s’intéressait à la monacoline K, la fameuse lovastatine, les doses allaient
de 0,10 à 10,09 mg et pour la monacoline KA de 0,00 à 2,30 mg par
capsule.
Mais
le plus ennuyeux c’est que dans 4 des 12 échantillons, on a retrouvé également
de la citrinine. Il s’agit d’une toxine produite par des moisissures, ce qu’on
appelle une mycotoxine, qui, chez l’animal, a des effets toxiques sur le rein.
Cette
présence de toxines néphrotoxiques a été à l’origine de sérieux accidents par
le passé, notamment en Belgique chez des jeunes femmes qui avaient consommé des
préparations à base d’herbes chinoises dans le cadre de régimes amaigrissants.
On
voit donc que ‘naturel’ ne rime pas obligatoirement avec ‘efficace’ quand de
telles variations sont possibles.
L’étiquetage
des compléments alimentaire est un vrai problème car il n’a pas la précision de
ce qui est demandé au médicament.
Et
les compositions peuvent être aussi parfois farfelues.
Il
parait donc raisonnable, en cas de prise de tels produits, d’en informer au
moins son médecin traitant afin qu’il jette un œil sur la composition du
produit.
Cela
peut éviter également de se retrouver avec des interférences médicamenteuses,
certains de ces produits naturels ne faisant pas bon ménage avec des molécules
prescrites par le médecin.
Référence de l’étude :
Ram Y. Gordon et al.
Marked Variability of Monacolin
Levels in Commercial Red Yeast Rice Products
Buyer Beware!
Arch Intern Med. 2010;170(19):1722-1727
Source
docteurjd.com (blog santé de jd flaysakier)
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