Patrick Cohen
A 50 ans, Patrick Cohen assure chaque jour la
matinale de France Inter, comme présentateur et rédacteur en chef.
Le présentateur du 7/9 de France Inter se
montre plus tenace et moins showman que son prédécesseur Nicolas Demorand.
Dans le studio 71 de France Inter,
Patrick Cohen, qui a déjà lu les journaux de long en large, dès potron-minet, s’avoue, micro fermé, scandalisé par
l’éditorial du jour de « Libération ». Et reprend calmement l’antenne
pour la deuxième heure de sa matinale. Ce matin-là, son invité est Jérôme
Cahuzac. Et le journaliste s’étonne face au ministre du Budget : « Ah ? Vous n’êtes plus pour le
paiement d’une taxe audiovisuelle pour les résidences secondaires
? » Il faut alors se souvenir de
l’accueil, incrédule, qui avait été réservé par les auditeurs à cette
«voix RTL », au ton plutôt policé, deux saisons plus tôt.
Patrick Cohen aurait-il fait voler en
éclats ces préjugés ? A François Baroin, qui refusait de dire si Bernard
Tapie avait touché ses indemnités, il n’a pas hésité à lancer : « On ne saura pas. Tapie nous
emmerde et vous, vous faites pareil ! », faisant référence aux propos que l’homme d’affaires avait
tenus à l’antenne. A Hervé Morin, il a tenu tête quand celui-ci
soutenait n’avoir jamais rencontré l’émir de Dubaï alors qu’il négociait avec
lui l’ouverture d’une base militaire à Abu Dhabi, pour le compte de
l’Etat, et lui avait vendu un cheval de course, pour son propre compte, dans un
mélange des genres douteux.
A Cécile Duflot, il a su faire
remarquer « l’épaississement
de sa langue [de
bois] », depuis son entrée au
gouvernement. On ne le pensait pas taillé pour remplacer Nicolas
Demorand ; il s’est révélé aussi tenace, dans un
style volontairement moins showman. « On peut souligner qu’on n’est pas dupe, rectifier des
choses quand elles sont fausses, relancer, approfondir. Mais il faut aussi se
mettre en retrait. Et faire confiance à l’auditeur qui sait décrypter les
embarras, les reculs, les contradictions. Je déteste le journaliste qui débat
d’égal à égal avec un politique. Je ne suis pas dans le débat, comme je ne
suis pas dans la connivence. »
Est-ce cet équilibre qui lui a valu
de devenir leader, l’an passé, face aux stations concurrentes, sur cette tranche horaire cruciale, véritable prime time
de la radio ? Aujourd’hui – malgré un léger recul de 52 000 auditeurs en
moyenne au profit de RTL -, sa matinale affiche une moyenne de
3 597 000 auditeurs. « Je n’ai jamais cru aux thèses de nos concurrents selon
lesquelles nous aurions été portés par les élections. Nous sommes devenus
leader avant que la campagne ne démarre. »
Patrick Cohen, accusé à son arrivée
d’avoir été imposé par un Philippe
Val lui-même nommé par Sarkozy, s’est vu reprocher
une ligne éditoriale qui aurait trop penché à gauche pendant la
présidentielle ! Double ironie pour celui qui s’était étonné d’un certain
militantisme sous-jacent dans ses premières conférences de rédaction au sein de
la radio du service public. Mais Patrick Cohen n’est pas homme à s’en
laisser conter. « Libre,
incorruptible, exigeant avec lui-même et avec les autres », selon Ariane Chemin, journaliste au « Monde »,
pour qui « il
réconcilie avec la profession ».
« Bosseur,
rigoureux au point de ne pas supporter l’approximation, méticuleux jusqu’à être le seul
à lire l’épais rapport de la Cour des comptes ! », résume Renaud Dély, directeur de la rédaction du
« Nouvel Observateur », lui aussi ami de longue date. Sous sa double
casquette d’anchorman et de rédacteur en chef de la tranche, Patrick Cohen
semble aussi avoir évolué, faisant mentir la réputation qui le précédait :
celle d’un homme qui ne sait pas travailler collectivement. Dans les couloirs
de la station, on salue « quelqu’un
qui sait comment faire de la radio ». Et
s’il peut parfois être péremptoire, Patrick Cohen est aussi capable de le
reconnaître.
A 15 ans, le futur matinalier, qui
lisait au moins deux quotidiens par jour, voulait déjà être journaliste. Le choix de la radio sera une spécialisation naturelle
parce que ses parents l’écoutaient beaucoup. Elevé à Montreuil, en
banlieue parisienne, Patrick Cohen qualifie son enfance de « banale ». Père ingénieur, chef d’une PME de chaudronnerie. Mère au
foyer. Pudique, l’homme l’est, au point de préférer laisser dans l’ombre le
décès de sa mère, quand il avait 18 ans, après « trois années douloureuses » de maladie. Seule entorse à ce trait de
caractère : « Quand
on me demande d’où je viens, je ne sais pas répondre de façon brève. C’est un
beau brassage, qui fait ce que je suis. »
Pour résumer… des racines marocaines,
siciliennes et picardes. S’il s’avoue « bon élève, mais pas très
travailleur », Patrick Cohen obtient tout
de même un bac scientifique à 16 ans et demi, au lycée Charlemagne. Mais
échoue au concours d’entrée à Sciences-Po. Après des études de droit
à la Sorbonne, il atterrit à l’Ecole supérieure de Journalisme de
Lille. Pendant la deuxième année, Patrick Cohen anime (déjà) en amateur la
matinale de la radio du quotidien « la Voix du Nord ». « Je me levais à 4h30 du matin
pour aller faire la matinale et à 8 heures ou 9 heures, je fonçais
pour aller suivre les cours. C’était une chance formidable. »
Pour échapper au service militaire, il
se fait passer pour fou et reste claquemuré dans une parka, par 30 degrés, pendant deux semaines. Patrick Cohen
multiplie alors les aventures professionnelles. Il part une année en Guyane
pour RFO, réalise des reportages pour RFI, débarque dans le costume plus
étriqué de présentateur à France Info, retourne deux ans comme rédacteur
en chef à Cayenne. « Tout
cela m’a beaucoup servi. Je connais les contraintes, les pièges, les enfumages,
les circuits de l’info. Quand je vois des parcours d’anchorman qui n’ont jamais
fait que ça, c’est terrible ! »
En 1994, Patrick Cohen rejoint RTL où,
en treize ans, il a écumé présentation des journaux, reportages politiques et grandes émissions (« Les
auditeurs ont la parole », l’entretien du « Grand Jury » et
« RTL Matin »). Quand Philippe Val l’appelle pour lui proposer la
matinale de France Inter, Patrick Cohen, alors en poste à Europe 1 où
il anime le journal du soir, n’hésite pas une seconde. Pour Renaud Dély,
c’était « un
Graal » pour cet accro à l’info.
Chaque jour, Patrick Cohen met son alarme à 2h40. Il ne dort que trois
heures par nuit, et quelques heures dans la journée. Bien souvent, le soir,
après son intervention dans « C à vous » sur France 5, il
prépare son interview du lendemain. Parfois, il s’autorise à aller voir un
concert.
Toutes les musiques mais
particulièrement le jazz, voilà l’autre passion cachée du journaliste
politique. Le cinéma n’en est pas une, mais le
« rend heureux ». Et il se confie bien plus traqueur face à un
Jean-Louis Trintignant qu’à un Jean- Louis Borloo. Côté privé, ce père de
3 enfants aime dîner avec des amis, qu’il a gardés de la fac,
parfois. Pascale Clarke, qui joue chaque jour à déstabiliser « Pat
Co » en le faisant parler de tout et de rien lors de leur passage
d’antenne, fait-elle partie de ce cercle intime ? « Nous ne sommes pas amis. Elle
m’aime beaucoup et moi aussi. Elle profite lâchement d’un avantage
psychologique : je suis alors en phase de décompression. Je n’ai plus la
même repartie. Et puis c’est la part de pudeur que je revendique. Je ne suis
pas à la radio pour parler de moi. »
Source NouvelObs
A propos de votre intervention avec le Dr Marc Girard sur la problématique des génériques.
RépondreSupprimerje suis médecin généraliste à la retraite.
j'ai toujours pensé qu'il était plus simple de convoquer les laboratoires inventeurs d'un médicament princeps, pour déterminer un nouveau prix lorsqu'il tombe dans le domaine public.
Il serait tenu compte,(à l'exclusion de la récupération financière de la recherche sur ce produit), du nouveau cout des matières premières et des frais de fabrications 10 ans après la première mise sur le marché, ainsi que d'un réajustement des marges commerciales .
Il ne serait plus question de polémiques sur les génériques qui portent surtout sur les excipients, servant de transporteurs à la ou les molécules actives.
Les interrogations quand aux profits réels des laboratoires copieurs tomberaient.
Enfin, ces médicaments génériques, qui changent
de nom, encombrent inutilement la mémoire des médecins et pharmaciens et surtout engendrent trop souvent des erreurs de prises, parfois mortelles, chez les utilisateurs.
Quelle gabegie, quel gâchis! Dr Huet olivier