Dessin de Chappatte, Suisse.
Escroc : un métier en or
L'employé d'UBS qui avait donné des
informations aux autorités américaines sur les pratiques de sa banque a reçu
une récompense de 104 millions de dollars. Scandaleux, dénonce un éditorialiste
de Genève.
Bradley
Birkenfeld est l’homme par qui le scandale est arrivé. L'ex-banquier d’UBS
anciennement en poste à Genève est sorti de sa prison américaine le 1er août
dernier. Après trois ans et quatre mois de détention, il a bénéficié d’une
libération anticipée pour bonne conduite.
Un bon
garçon en somme, ce Bradley Birkenfeld. Grâce à son témoignage sur les
pratiques de la grande banque aux Etats-Unis, le fort créatif gestionnaire de
fortune a permis aux autorités fiscales de récupérer des dizaines de milliards
de dollars d’impôts impayés. En livrant les noms de ses clients et collègues,
en dévoilant les techniques utilisées pour détourner de massives fortunes vers
des coffres à Zurich ou à Genève, il a également créé la panique dans
l’établissement suisse.
A
genoux, UBS n’avait plus qu’à se plier aux exigences américaines. En plus du
grand nettoyage de ses clients d’outre-Atlantique, la banque a payé une amende
de 780 millions de dollars pour solde de tout compte. Grâce aux loyaux services
de ce brave Birkenfeld, le fisc a récupéré des sommes faramineuses, fort
bienvenues à l’heure des grands déficits. Birkenfeld ne bénéficiera pourtant
pas de la grâce américaine et passera par la case prison. Ingrate Amérique !
Pas tant que cela, en vérité.
Hier,
les avocats du banquier annonçaient qu’il avait obtenu 98,3 millions de francs
suisses [104 millions de dollars, soit 80,8 millions d'euros] de récompense
pour sa fructueuse collaboration. On sait peu de choses sur les conditions de
détention du banquier. Quoi qu’il en soit, son séjour en cellule fut
extrêmement lucratif : 80 000 francs suisses [66 000 euros] par jour, en
comptant une (in)activité sept jours sur sept. Sans bonus, il est vrai.
Nous
nous sommes indignés des pratiques bancaires honteuses qui ont jeté l’opprobre
sur toute la Suisse. Mais avouons que cette façon de récompenser l’escroc, de
l’adouber, mieux de le blanchir, comme on blanchissait l’argent sale, n’est pas
moins scandaleuse. Le métier de banquier n’a plus vraiment d’avenir, dit-on.
Essayez donc vendeur de CD en Allemagne [l'administration du Land de
Rhénanie-du-Nord-Westphalie a acheté plusieurs CD contenant des informations
bancaires en vue de faire la chasse aux évadés fiscaux] ou "balance"
d’infos sensibles aux Etats-Unis ! L’Etat receleur offre toutes sortes de
nouveaux business models.
Source Courrier International
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