Ménopause et ostéoporose
Après les risques liés
à l’usage des traitements hormonaux substitutifs, beaucoup de femmes avaient
choisi les produits à base de soja pour lutter contre les bouffées de chaleur
et la déminéralisation osseuse liées à la ménopause. Mauvaise pioche si l’on en
croit une étude publiée aujourd’hui.
C’est
un essai à la méthodologie rigoureuse qu’ont mené les auteurs du travail publié
dans la revue ‘Archives of
Internal Medicine’.
Ces
médecins de Floride ont voulu mesurer un éventuel effet des antioxydants
contenus dans le soja, ce qu’on appelle les isoflavones. Ces isoflavones
appartiennent à la catégorie des phyto-estrogènes, qui sont différents des
œstrogènes fabriqués par l’organisme à partir du cholestérol.
Pour
cela ils ont étudié deux groupes de femmes ménopausées depuis moins de cinq
ans. Cette étude, baptisée
SPARE, a concerné des femmes âgées de 45 à 60 ans, recrutées entre
2004 et 2009. Le suivi a duré deux ans.
Cent
vingt deux femmes ont reçu 200 mg par jour d’isoflavones de soja sous forme de
comprimés, 126 ont reçu un placebo.
Au
terme de l’analyse, aucune différence significative n’a été constatée entre les
deux groupes. En ce qui concerne la déminéralisation osseuse, aussi bien sur la
colonne vertébrale que sur le col du fémur.
Mais,
en revanche, et paradoxalement, il y a eu un nombre statistiquement
significatif plus élevé de bouffées de chaleur et d’épisodes de constipation
dans le groupe traité par isoflavones.
Cette
étude a quelques limitations, notamment la faible taille de l’échantillon de
départ, 248 femmes et un certain nombre d’abandons en cours de route.
Mais
elle va dans le sens d’autres publications dont des méta-analyses, sorte de
regroupement d’études analysé d’un seul bloc.
On
sait que dans les isoflavones du soja c’est une substance, l’equol, métabolite
de la daidzeine qui semble avoir une certaine efficacité sur le remodelage
osseux. Seules 30 % des femmes convertissent la daidzeine en equol, ce qui peut
expliquer en partie les résultats décevants de ces isoflavones.
Mais
ce qui est certain c’est que, malgré des publicités à tout bout de champ, le
soja n’est pas le produit-miracle capable de préserver l’os et traiter les
bouffées de chaleur de la ménopause.
Pour
les femmes qui présentent les troubles les plus sévères ou les plus mal
tolérés, le traitement hormonal substitutif peut donc encore se justifier sur
des périodes courtes, de un à deux ans seulement.
Cela
concerne les femmes qui ont des sueurs profuses nocturnes, des bouffées de
chaleur à répétition, des cauchemars, un tableau dépressif et des troubles
importants de la libido et une sécheresse vaginale très gênante.
Pour
les autres, il reste la foi en des substances naturelles, mais aussi un intérêt
des techniques de relaxation comme le yoga et la sophrologie par exemple.
Pour
préserver l’os, il faut également privilégier l’activité physique et une
alimentation riche en calcium.
La
ménopause peut poser problème pendant un temps plus ou moins long, mais ce
n’est pas une maladie. C’est un phénomène naturel avec lequel les femmes
doivent vivre pendant trente ans au moins.
Référence de l’étude :
Silvina Levis et al.
Soy Isoflavones in the
Prevention of Menopausal Bone Loss and Menopausal Symptoms
A Randomized, Double-blind Trial
Arch Intern Med. 2011;171(15):1363-1369
De juin 2009 à juin 2011, les compléments alimentaires
‘ménopause’ sont passés de 1,3 millions de boites vendues à 1 million.
Les femmes ont visiblement été plus rapides que les chercheurs !
Une fiche de l’AFssaps de 2005 fait un point sur les
phyto-estrogènes. La consulter ICI
Source docteurjd.com (blog santé de jd
flaysakier)
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