Affaire Benalla : une
saga et que des perdants
Le casting probable d’un second tour
Mélenchon – Macron s’installe tranquillement dans le paysage politique français
si nous n’y prenons pas garde… Une tribune libre pour comprendre cet aspect
essentiel de l’affaire Benalla.
Enfin les vacances, et l’occasion de tirer un premier
bilan de ce mauvais polar qui aura défrayé la chronique pendant plus d’un mois
et durant lequel la classe politique se sera écharpée sur les péripéties de
ce Monsieur Benalla dont nous
n’entendrons plus parler dans 6 mois. Celui-ci, inconnu du grand public, du
haut de ses 26 ans, a sans conteste outrepassé ses droits mais n’a tué
personne… Certes une faute grave a été commise, essentiellement due à une
certaine inexpérience de la part de ce subordonné dynamique et actif, pas porté
à une très grande compassion, il faut bien le dire, pour ces
activistes de la gauche radicale qui n’ont pas
hésité eux-mêmes à enfreindre la loi en jetant furieusement des bouteilles de
verre sur les forces de l’ordre.
Dans
tout le brouhaha de ces dernières semaines rappelons, avec le recul nécessaire,
certains faits qu’il conviendrait de replacer dans leur contexte.
Si une affaire Benalla similaire avait été révélée sous
la présidence d’un Hollande ou d’un Sarkozy elle n’aurait probablement pas eu
le même retentissement. En effet, durant sa campagne Emmanuel
Macron a commis l’erreur d’avoir mis la barre
beaucoup trop haut en nous promettant une République exemplaire, suscitant de
facto des attentes immenses. Cette bourrasque allait donc en toute logique
provoquer l’ire des électeurs et des observateurs politiques qui lui ont
reproché de ne pas avoir mis fin à plus de 40 ans de pratiques politiques
officieuses et de clientélisme.
DES VIEUX BRISCARDS DE LA POLITIQUE
Comment pouvait-il en être autrement puisque
fondamentalement, le chef de l’État a dû s’entourer de vieux briscards de la
politique avec leurs travers, us et coutumes, pour pouvoir s’imposer. Sans
les Collomb, Ferrand ou même Bayrou,
Emmanuel Macron n’aurait pas franchi les grilles de l’Élysée. Le nouveau monde
tant espéré par les Marcheurs apparaît donc en plein jour comme une illusion…
Nul
besoin de rappeler qu’en matière d’officines, les prédécesseurs d’Emmanuel
Macron en connaissent un rayon : La Mission
C sous de Gaulle, pilotée par le sulfureux Foccart contre l’OAS,
l’affaire Boulin, les disparitions mystérieuses de Grossouvre ou Bérégovoy,
sans oublier les coups tordus des anciens du SAC sous la bienveillance d’un
Charles Pasqua ou d’un Pierre Debizet ont été autrement plus meurtriers que ce
vulgaire Benallagate.
Emmanuel Macron perpétue en quelque sorte la tradition,
toute proportion gardée, mais à la différence que cette saga estivale relève
d’avantage du fait divers que d’une affaire d’État.
Par ailleurs, soulignons que par son statut, le président
de la République demeure responsable ès qualités, c’est-à-dire non pas pour ce
qu’il a fait, ou non, en tant que personne physique, mais pour ce qui lui
incombe en tant que dirigeant au même titre qu’un administrateur d’entreprise.
En conséquence, sa stratégie de communication qui a consisté à garder le silence le plus
longtemps possible nous a semblé parfaitement cohérente, et en adéquation avec
les prérogatives de sa fonction, quoiqu’en disent les médias. Attendons-nous
vraiment d’un président de la République qu’il intervienne personnellement pour
endosser les habits d’un DRH ?
Quant à l’opposition, elle n’a pas su nous démontrer, une
fois de plus, qu’elle était capable d’incarner une alternative
crédible. L’avons-nous entendu avancer des
propositions constructives en matière de gouvernance ? La droite jacobine,
anti- libérale n’a nullement profité des déboires d’Emmanuel Macron, soulevant
ainsi de sérieuses interrogations sur sa capacité à créer les conditions
gagnantes pour entraîner ses troupes vers la victoire le moment venu.
DÉBATTRE DES VRAIS DÉFIS
Au lieu de participer à cette curée médiatique, nous
aurions aimé l’entendre interpeller le gouvernement et débattre des vrais défis
qui se posent aux Français comme la situation préoccupante de nos finances
publiques, la nécessaire réingénierie de l’État, l’inquiétante
dette abyssale qui continue de se creuser,
hypothéquant lourdement l’avenir des générations futures. Cette même opposition
continue également à se montrer timorée voire aphone sur des enjeux cruciaux
liés, entre autres, à la pression phénoménale des flux migratoires, à l’explosion démographique de l’Afrique qui comptera
dans un avenir proche près du quart de l’Humanité, à la concurrence mondiale,
celle de la Chine et des pays émergents lesquels risquent de précipiter le
déclin économique de la France si nous n’améliorons pas rapidement la
compétitivité de nos entreprises.
Le cas
de Monsieur Benalla nous parait vraiment secondaire ou dérisoire et les
responsables politiques de l’opposition ont manqué cruellement de hauteur en
éludant les débats de fond ! Le silence coupable sur les vrais sujets semble
pour certains confortable mais le péril l’interdit…
En conséquence se profile un scénario cauchemardesque
dont personne n’a vraiment pris conscience aujourd’hui. Le casting probable
d’un second tour Mélenchon– Macron
s’installe tranquillement dans le paysage politique français si nous n’y
prenons pas garde puisque cette opposition de bric et de broc qui vocifère
d’une même voix fait en réalité le lit des Insoumis, la droite française
restant quant à elle confrontée à deux écueils majeurs : un manque patent
d’imagination et un sérieux problème de leadership.
Le sursaut de la France lucide se fait attendre, avec au
premier rang des personnalités de la société civile, des acteurs du privé, des
associatifs, et des élus locaux, à l’instar de Ciudadanos, porteurs d’un vrai discours disruptif et libéral.
Source contrepoints.org
Par Bruno Pineau-Valencienne.
Franco Canadien, Bruno Pineau-Valencienne, MBA
est Consultant Senior ''Corporate Governance'' au sein d'un cabinet
américain de Service Conseil en matière de Gouvernance d'entreprise à
Toronto. Il est également contributeur au ''Cercle Les Echos'' et a été
animateur des Cercles libéraux d'Alain Madelin au Canada
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire