Charlie Hebdo : 3 choses que les musulmans doivent avoir
à l’esprit
Nous avons tous entendu un certain nombre de
musulmans justifier les attentats des 7, 8 et 9 janvier au motif qu’ils
auraient été « profondément choqués » par les caricatures de Charlie Hebdo et
parce que les lois de l’Islam voudraient, selon eux, que l’on tue ceux qui
manquent de respect au prophète. À ceux qui tiennent ce type de discours, j’ai
trois choses à dire. Je vais sans doute être un peu brutal – pardonnez-moi –
mais je crois que l’heure est venue de se dire les choses très franchement.
Primo, vous vous foutez de nous :
les caricatures de Charlie Hebdo ne sont
à l’évidence qu’un prétexte. Ce n’est pas compliqué : les cinq victimes d’Amedy
Coulibaly – pour mémoire, une policière et quatre de nos compatriotes juifs –
n’avaient rigoureusement rien à voir avec le journal satirique. Ce que les
djihadistes ont attaqué en ce début janvier 2015, ce n’est pas Charlie Hebdo ni même la liberté d’expression
: c’est notre société toute entière et les valeurs fondamentales sur lesquelles
elle repose.
Deuxio, il faudra bien un jour
que vous compreniez qu’un des principes essentiels qui régit la société dans
laquelle vous vivez est celui de la sécularisation du droit et de la politique.
Concrètement, ça signifie que sur le territoire de la République les préceptes
du Coran, les hadiths et les interprétations qui en sont faites par les
docteurs de la foi musulmane sont subordonnés aux lois de la République. Si
cette idée vous choque, mesurez bien qu’en l’absence de ce principe, la
religion musulmane serait purement et simplement interdite en France au même
titre que le Judaïsme et le Christianisme sont persécutés en Arabie Saoudite.
Tertio, s’agissant de vos
sentiments, sachez que je les comprends et que je les respecte. Néanmoins,
comprenez que nous avons, nous aussi, des sentiments et que ce qui nous choque
plus que profondément ce sont les crimes monstrueux commis par Daesh, Al-Qaïda,
Boko Haram et leurs semblables. Entendez-moi bien : le fait que ces horreurs
soient commises au nom de l’Islam ne signifie nullement que tous les musulmans
en soient responsables ; en revanche, le fait que certains peinent à les
condamner fermement – sans parler de ceux qui les soutiennent explicitement –
nous choque à un point que certains d’entre vous ne semblent pas tout à fait
mesurer.
Bref et encore une
fois je ne m’adresse ici qu’à celles et ceux qui tergiversent encore : il va
falloir choisir votre camp.
Ceci étant dit, je
voudrais, à titre personnel (et qui m’aime me suive), réaffirmer à tous les
musulmans de France qui partagent notre idéal de société de mon soutien et de
mon amitié indéfectible. Je suis absolument convaincu – et il semble que les
spécialistes en la matière le soient aussi – que la stratégie d’Al-Qaïda
consiste, précisément, à
nous monter les uns contre les autres ; c’est-à-dire, très clairement,
qu’ils cherchent à vous instrumentaliser et à faire de vous de la chair à
canon. Ils n’y arriveront pas ! Le meilleur moyen de mettre un terme aux
attaques de l’ennemi, c’est encore de le convaincre que sa stratégie ne fonctionne
pas et, mieux encore, qu’elle produit l’effet exactement inverse de celui qu’il
escomptait.
La résilience d’une
communauté ne se fait pas à coup de lois sécuritaires ni d’imbécillités
sociétales : elle se fait dans la rue, jour après jour, avec ces petits riens
qui font de nous une société.
Samedi matin, j’avais
besoin d’un litre de lait et je suis allé l’acheter, comme d’habitude, chez mon
épicier préféré qui se trouve être musulman. Il a suffi de quelques mots ;
d’une discussion anodine entre un commerçant et son client qui se demandaient
quand aurait finalement lieu la manifestation ; quelques simples mots sans
aucune portée philosophique ni le moindre contenu politique pour qu’il me fasse
comprendre qu’il était des nôtres et que je l’assure en retour que je n’en
avais jamais douté. C’est comme dans une phalange d’hoplites grecs : tout
repose sur la confiance ; je sais qu’il garde mon flanc gauche et il peut
compter sur moi pour garder son flanc droit.
Source contrepoints.org
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire