François Hollande,
l’insignifiant
La publication
du dernier livre en date sur François Hollande – « Un président ne devrait
pas dire ça… » – suscite la dernière tempête médiatique autour de la
personnalité du Président, et peut-être la dernière de sa carrière tout court.
Gérard Davet et Fabrice Lhomme, deux journalistes du
journal Le Monde, ont rencontré François Hollande 61 fois ces dernières
années. Ils en ont composé ce qu’ils considèrent comme un « audit »
de son quinquennat — pas une défense de François Hollande, ni un réquisitoire.
Le livre laisse d’ailleurs la parole à d’autres proches du pouvoir, comme
Manuel Valls, Stéphane Le Foll, Jean-Pierre Jouyet, Bernard Cazeneuve, et même
l’ennemi de toujours Nicolas Sarkozy. Mais les journalistes ne sont pas tendres
avec M. Hollande, avouant qu’il a « du mal à se remettre en
cause ».
« Il a le sentiment que ce qu’il
fait est bien, mais qu’on ne le comprend pas. C’est à moitié vrai, car il
communique de façon catastrophique. Et il a donné le fouet pour se faire battre
à plusieurs reprises, notamment sur l’épisode
Leonarda. Mais tout de
suite il répond : ‘oui, mais j’ai été obligé…’ Gérard Davet confirme :
« Il ne confesse jamais une erreur et rejette assez souvent la faute sur
les autres ».
Hollande
agit en se racontant agir
Mais le style de communication n’est pas tout. François
Hollande aime le pouvoir, ne le partage pas, et décoche ses flèches assassines. « François Hollande aura inauguré
un genre particulier d’exercice du pouvoir : agir en se racontant agir », résume Le Point en listant
quelques-uns des meilleurs traits, à moins que ce ne soient les pires…
- Autosatisfaction : « Quand je regarde rétrospectivement, je me dis, finalement, c’était logique. Qui était le meilleur dans cette génération ? Qui avait anticipé ? Au-delà des aléas de la vie, il y avait sans doute une logique qui m’a conduit là. Il n’y a pas que du hasard. »
- Ségolène Royal : « Le politique du couple, c’était moi, les enfants l’avaient compris. »
- Jean-Marc Ayrault : « Il est tellement loyal qu’il est inaudible. »
- Nicolas Sarkozy : « C’est le petit de Gaulle. On a eu Napoléon le petit, eh bien, là, ce serait de Gaulle le petit. » « Ce qu’on ne voit pas chez lui, c’est qu’il ne fait pas le partage entre ce qui est possible et ce qui n’est pas possible, le légal et le non-légal, le décent et le non-décent. Pourquoi cette espèce d’appât de l’argent ? […] Il s’entoure de gens d’argent. Pourquoi ? […] L’argent est toujours l’argent ! C’est ça qui est étonnant. » « Moi, président de la République, je n’ai jamais été mis en examen. […] Je n’ai jamais espionné un juge, je n’ai jamais rien demandé à un juge, je n’ai jamais été financé par la Libye. »
- Les Verts : « des cyniques et des emmerdeurs. »
- La justice : « Parce que c’est quand même ça, tous ces procureurs, tous ces hauts magistrats, on se planque, on joue les vertueux… On n’aime pas le politique. La justice n’aime pas le politique… »
Et au-delà de ces petites phrases fielleuses, d’autres
plus problématiques sur la Grèce — qui
aurait « demandé » à la Russie d’imprimer des drachmes parce qu’elle
n’avait plus les moyens techniques de le faire, en pleine crise de l’euro.
Vraies ou fausses, elles posent sérieusement la question de la capacité du
Président à ne pas lâcher des informations qui devraient rester secrètes, quand
les sujets relèvent plus de la diplomatie que de la bienséance.
Hollande
ne contrôle pas sa communication
Même en termes de communication, François Hollande ne
contrôle plus rien. Il affirme dans le livre que Valérie Trierweiler, une « femme
blessée », a inventé cette histoire de
sans-dents ; s’ensuit une passe d’armes par médias interposés qui se termine
par une défaite. Oui, il l’a bien dit, preuve à l’appui.
Il s’aliène les magistrats, signe de sa prochaine promotion sur
un futur « Mur des Cons » ; il essaie de placer maladroitement des
remerciements à la justice dans son discours de cérémonie pour les victimes de
l’attentat de Nice.
Mais pourquoi, pour commencer, s’être autant confié à des journalistes ? La profession qui, entre
toutes, est la moins bien placée pour garder des secrets ? Les deux auteurs du
livre ont leur idée sur la question. Fabrice Lhomme ne parle pas de connivence
mais confirme que le chef de l’État « ne
cesse de rencontrer des journalistes ». « Je pense qu’il en fait
trop. Il voit trop de journalistes. Il est obsédé par la presse, par ce que va
écrire tel journal, ce que va révéler telle radio, ce qu’il va voir à la télé.
Et ça l’empêche de prendre de la hauteur. » Et Gérard Davet de nous
apprendre que « quand François Hollande
part en vacances, il emmène avec lui les archives du Monde. Il découpe des articles du monde, les emmène, et
les lit au bord de la piscine pendant ses vacances. »
« Il y a une forme
d’insouciance revendiquée chez François Hollande. Il est très naïf. »
Il est
trop tard
François Hollande prend davantage de précautions désormais, bien
qu’il soit trop tard, beaucoup trop tard. Reste une ultime question en suspens
: pourquoi deux journalistes du Monde, si proches des confidences du Chef de
l’État en exercice, choisissent-ils aujourd’hui d’étaler tous ces secrets en
place publique, pulvérisant une relation de confiance longuement bâtie ?
La réponse est malheureusement évidente : parce que c’était la
seule chose à faire. Comme d’innombrables observateurs de la vie politique
française, Gérard Davet et Fabrice Lhomme ont compris que François Hollande n’a pas l’ombre d’une chance d’une
réélection en 2017. Plus rien ne pourra sauver sa candidature. Personne
ne le voit au second tour, à supposer qu’il se lance.
Bien que de gauche, nos deux journalistes ont donc adopté la
seule attitude économiquement viable : tirer profit des secrets du Président
socialiste pendant qu’ils valent encore quelque chose. Ils l’ont déçu, certes,
mais craignent peu son courroux. François Hollande disparaîtra des écrans
radars en 2017, vraisemblablement pour toujours.
- Gérard Davet, Fabrice Lhomme, Un président ne devrait pas dire ça…, Stock, 672 pages.
Source contrepoints.org
Photo By: Jean-Marc Ayrault – CC
BY 2.0
Par Stéphane Montabert.
Stéphane Montabert est fondateur
de l'UDC Renens et blogueur.
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