Expatriation : On ne doit rien à l’État !
Pour la énième fois, j’ai
reçu une question sur ask.fm m’accusant d’avoir quitté la France alors que j’ai
profité de l’école publique étant enfant, des routes publiques, des transports
publics, etc. Je voulais y consacrer cet article pour y répondre une bonne fois
pour toutes, parce que c’est une remarque qui me revient souvent et parce
qu’elle est d’une grande absurdité. Voici donc 10 raisons pour lesquelles je ne
dois rien à l’État et j’ai la liberté de le quitter quand je veux.
1. Techniquement, personne ne
peut partir. L’État est en déficit constant, ce qui signifie que tout le monde
a statistiquement reçu plus de services publics qu’il n’a payé d’impôts. À
part une minorité de quadragénaires célibataires sans enfants et sans problèmes
de santé, littéralement tout le monde a contribué (involontairement) à la dette
publique.
2. L’État gère très mal ses
dépenses publiques, merci de le confirmer.
3. Je n’ai signé aucune forme de
contrat social. Je n’ai jamais été mis face à la possibilité
d’accepter ou de refuser les services de l’État. Et même si c’était le cas, je
pense qu’il serait extrêmement fallacieux de prétendre que les très jeunes
enfants soient en mesure de prendre une telle décision.
4. Il n’est indiqué nulle part
que je dois m’acquitter de tout ce dont j’ai pu profiter avant de quitter le
pays. J’aimerais qu’on me montre une seule loi qui explicite que je doive
rembourser mes années d’écoles avant de m’expatrier.
5. Parlant d’école, j’y suis
entré quand j’avais 3 ans (ou 2, je ne sais plus exactement) et j’en suis sorti
à 20. C’est le comble de la mauvaise foi que de me demander de rembourser
quelque chose dont j’ai profité alors que durant les quinze premières
années je n’étais même pas majeur et donc légalement incapable de
prendre une telle décision et que par ailleurs, je n’avais aucun des outils
intellectuels pour comprendre la situation et faire le moindre choix différent.
6. Tous ces services publics sont
en monopole. Quelle alternative y a-t-il ? L’école privée est financée à 80%
par de l’argent public, les routes sont toutes publiques, les transports sont
une série de monopoles et il est pratiquement impossible de quitter la sécu.
N’est-ce pas encore une fois d’une immense mauvaise foi que de me reprocher
d’utiliser quelque chose alors qu’il n’existe strictement aucune alternative
légale ? Je dois m’être soigné avec des plantes qui ont poussé dans mon jardin
pour avoir le droit de quitter le sol français ?
7. Par la même logique, doit-on
réclamer à tous les redoublants, tous ceux qui arrêtent leurs études et tous
ceux qui changent de carrière pour un autre métier ou pour devenir parent au
foyer ? C’est strictement la même situation : l’État fait un investissement
financier conséquent pour que ces jeunes un jour contribuent à l’économie
nationale, mais au final ils ne le font pas. Je propose que l’on taxe toutes
ces mères au foyer ingrates qui coûtent à notre cher et précieux État.
8. Si la Roumanie mettait en
œuvre cette logique, nous aurions une pénurie de chirurgiens. N’est-ce pas
anormal que l’État roumain paie pour que l’on ait des chirurgiens formés
gratuitement qui contribuent à notre économie ?
9. Qu’est-ce qui vous prouve que
je ne contribue pas à l’économie française ? Avez-vous la preuve que je ne
reviendrai pas dans plusieurs années avec beaucoup d’épargne pour investir et
créer des emplois à forte valeur ajoutée sur le sol français ?
10. N’est-ce pas un peu
ingrat de mourir en laissant une ardoise colossale à l’État ? Et qui
va payer pour votre retraite et votre santé dans le futur, pour lesquels vous
n’avez pas épargné, espèce d’égoïste ?
Bref, vous voyez
l’idée.
Source contrepoints.org
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