Belgique déboires du nouveau gouvernement
Casseroles, gaffes, opposition déchaînée : à
peine formé, le gouvernement belge est déjà bien mal en point.
Un
gouvernement en moins de cinq mois, c'était décidément trop beau pour être
vrai. La nouvelle équipe a tout juste eu le temps de prêter serment devant le
Parlement belge samedi 11 octobre, et le libéral francophone Charles Michel à à
peine eu le temps d'enfiler son costume de Premier ministre, que les casseroles
et les ennuis s'enchaînent.
C'est que
ce gouvernement – s'il a le mérite d'exister, dans un pays où l'exercice est
complexe – est le fruit d'une coalition périlleuse. Comme le veut la
Constitution, ses ministres sont moitié francophones, moitié néerlandophones.
Or, le seul parti francophone représenté est le MR (centre-droite), alors que
les Wallons votent majoritairement à gauche. Parmi les Flamands figurent les
chrétiens démocrates, les libéraux... et les nationalistes de la N-VA,
notamment titulaires des portefeuilles de l'Intérieur, des Finances ainsi que
de l'Asile et la migration, qui n'ont pas tardé à se faire remarquer.
Passé trouble
Lundi, Jan Jambon, chargé de l'Intérieur, ouvrait le bal en
déclarant dans une interview à La Libre
Belgique que ceux qui avaient collaboré avec
l'occupant allemand pendant la Seconde guerre mondiale "avaient leurs
raisons", déclenchant aussitôt une polémique, notamment parmi les partis
francophones, nouveaux venus dans l'opposition. Par ces propos, Jambon
réveillait un vieux démon belge, puisqu'une partie du mouvement nationaliste
flamand est historiquement liée à la collaboration – l'occupant allemand
s'étant montré mieux disposé que l'élite francophone à l'égard de leurs
revendications.
Cela s'est d'ailleurs confirmé sans plus attendre. Le
lendemain, relate La Libre, on apprenait que Théo Francken, nouveau secrétaire
d'Etat à l'Asile et à la migration, avait assisté le week-end dernier aux 90
ans d'un vétéran du VMO, une milice d'extrême droite fondée après la Seconde
guerre mondiale. La presse s'est penchée sur son cas, et a retrouvé une
déclaration du même Francken dans laquelle il déclarait avoir "honte de sa
nationalité belge", ainsi qu'un post Facebook de 2011, dans lequel il
doutait de la "valeur ajoutée" de "l'immigration marocaine,
congolaise et algérienne". "Et la valeur ajoutée de Théo Francken,
qui la voit ?" fulmine, en titre, l'édito du Soir, qui se demande si cette opinion
est "compatible avec le fait d’être secrétaire d’Etat à l’Asile et la
Migration ? Compatible avec le fait d’exercer une fonction au sein d’un Etat
démocratique ? "
Pugilat au Parlement
C'est dans ce contexte chahuté que le Premier ministre
s'est rendu au Parlement mardi 14 pour sa déclaration de politique générale.
L'opposition, qui multipliait depuis la veille les appels à la démission, en a
profité pour attaquer de front et la séance a viré au fiasco. Huées,
invectives, cris : "Le spectacle était, il est vrai, hallucinant, relate
Le Vif-L'Express.
Soudain, la Chambre s'est transformée en une enceinte parlementaire à la
britannique, avec des coups d'éclat et des coups de semonce". En une, le Standaard
relatait la séquence le lendemain : "L'opposition libère ses
diables".
Notons
encore la gaffe de la ministre de l'Energie qui, passant le relai à sa
successeure, lui a remis une lampe de poche à dynamo – qui fonctionne "à
l'huile de bras". Un trait d'humour mal venu, puisque sa collègue n'a...
qu'un bras.
Pas de
répit pour le Premier ministre qui, en plus des attaques de l'opposition et des
casseroles et bévues de son équipe, ouvre son mandat avec
un appel
des syndicats à une grève générale le 15 décembre, pour protester contre les
mesures économiques annoncées par ce gouvernement de droite. Vivement le
prochain épisode !
Dessin de Sondron (Belgique)
Source courrierinternational.com
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