jeudi 16 octobre 2014

Billets-Belgique déboires du nouveau gouvernement


Belgique déboires du nouveau gouvernement

Casseroles, gaffes, opposition déchaînée : à peine formé, le gouvernement belge est déjà bien mal en point.

Un gouvernement en moins de cinq mois, c'était décidément trop beau pour être vrai. La nouvelle équipe a tout juste eu le temps de prêter serment devant le Parlement belge samedi 11 octobre, et le libéral francophone Charles Michel à à peine eu le temps d'enfiler son costume de Premier ministre, que les casseroles et les ennuis s'enchaînent.

C'est que ce gouvernement – s'il a le mérite d'exister, dans un pays où l'exercice est complexe – est le fruit d'une coalition périlleuse. Comme le veut la Constitution, ses ministres sont moitié francophones, moitié néerlandophones. Or, le seul parti francophone représenté est le MR (centre-droite), alors que les Wallons votent majoritairement à gauche. Parmi les Flamands figurent les chrétiens démocrates, les libéraux... et les nationalistes de la N-VA, notamment titulaires des portefeuilles de l'Intérieur, des Finances ainsi que de l'Asile et la migration, qui n'ont pas tardé à se faire remarquer.

Passé trouble
Lundi, Jan Jambon, chargé de l'Intérieur, ouvrait le bal en déclarant dans une interview à La Libre Belgique que ceux qui avaient collaboré avec l'occupant allemand pendant la Seconde guerre mondiale "avaient leurs raisons", déclenchant aussitôt une polémique, notamment parmi les partis francophones, nouveaux venus dans l'opposition. Par ces propos, Jambon réveillait un vieux démon belge, puisqu'une partie du mouvement nationaliste flamand est historiquement liée à la collaboration – l'occupant allemand s'étant montré mieux disposé que l'élite francophone à l'égard de leurs revendications.

Cela s'est d'ailleurs confirmé sans plus attendre. Le lendemain, relate La Libre, on apprenait que Théo Francken, nouveau secrétaire d'Etat à l'Asile et à la migration, avait assisté le week-end dernier aux 90 ans d'un vétéran du VMO, une milice d'extrême droite fondée après la Seconde guerre mondiale. La presse s'est penchée sur son cas, et a retrouvé une déclaration du même Francken dans laquelle il déclarait avoir "honte de sa nationalité belge", ainsi qu'un post Facebook de 2011, dans lequel il doutait de la "valeur ajoutée" de "l'immigration marocaine, congolaise et algérienne". "Et la valeur ajoutée de Théo Francken, qui la voit ?" fulmine, en titre, l'édito du Soir, qui se demande si cette opinion est "compatible avec le fait d’être secrétaire d’Etat à l’Asile et la Migration ? Compatible avec le fait d’exercer une fonction au sein d’un Etat démocratique ? "

Pugilat au Parlement
C'est dans ce contexte chahuté que le Premier ministre s'est rendu au Parlement mardi 14 pour sa déclaration de politique générale. L'opposition, qui multipliait depuis la veille les appels à la démission, en a profité pour attaquer de front et la séance a viré au fiasco. Huées, invectives, cris : "Le spectacle était, il est vrai, hallucinant, relate Le Vif-L'Express. Soudain, la Chambre s'est transformée en une enceinte parlementaire à la britannique, avec des coups d'éclat et des coups de semonce". En une, le Standaard relatait la séquence le lendemain : "L'opposition libère ses diables".

Notons encore la gaffe de la ministre de l'Energie qui, passant le relai à sa successeure, lui a remis une lampe de poche à dynamo – qui fonctionne "à l'huile de bras". Un trait d'humour mal venu, puisque sa collègue n'a... qu'un bras.

Pas de répit pour le Premier ministre qui, en plus des attaques de l'opposition et des casseroles et bévues de son équipe, ouvre son mandat avec
un appel des syndicats à une grève générale le 15 décembre, pour protester contre les mesures économiques annoncées par ce gouvernement de droite. Vivement le prochain épisode !


Dessin de Sondron (Belgique)
Source courrierinternational.com

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