vendredi 30 septembre 2016

Photos-Don McCullin



Don McCullin

Photographe né en 1935 en Angleterre. Il débute la photographie comme assistant en 1956 durant son service dans la RAF.


A partir de 1961, il commence une carrière de photographe. A partir de 1966 il travaille pour le Sunday Post (jusqu’en 1984).

Il photographie la misère en Irlande, la construction du mur de Berlin en 1961, La guerre civile à Chypre (World Press Photo Award en 1964), le Salvador, le Vietnam durant 10 ans, le conflit Israelo-palestinien, les famines (Biafra, Inde, Bangladesh), et plus récemment les ravages du sida en Afrique. Il sera multiplement récompensé pour ses reportages, entrant dans les cercles les plus reconnus de photographes de presse.

McCullin fait partie des "grands reporters", qui ont parcouru le monde, qui ont traversé les conflits des années 60, 70 et 80, les conséquences de la guerre froide et d’une globalisation qui ne dit pas encore son nom.

Ils l’ont fait avec la même brutalité que les événements qu’ils ont couverts. McCullin a la rage de dénoncer, de montrer la sale gueule des conflits internationaux, de faire remonter le collatéral en première page des journaux, de donner chair aux conflits abstraits pour l’occident.

“Pendant 20 ans, je n’ai jamais refusé une invitation à me rendre à une guerre ou à assister à une révolution. Pourquoi ? Je peux sentir la raison mais je ne peux pas l’exprimer" Il fait malheureusement partie de cette génération qui va faire monter les enchères du sensationnel à son corps défendant, à la sueur de son front et au péril, parfois, de sa vie. Si ses images de la guerre du Vietnam ont eu un grand impact sur l’opinion publique et ont contribué à l’arrêt d’un conflit absurde, elles ont aussi fait entrer dans l’inconscient collectif le corps étendus couverts de linceuls, les femmes en pleurs couchées sur le cadavre de leur enfant, le visage couvert de sang des soldats exténués. Et, par une exposition répétée, à en amoindrir l’impact sur nos consciences. La légende veut que son appareil Nikon arrête une balle en 1968, qu’il soit grièvement blessé au Salvador. Elle veut aussi que le gouvernement britannique lui ai refusé sa carte de presse pour couvrir la guerre de Malouines, en raison du trop grand impact visuel de ses images.

Cette génération de producteurs d’images fortes va découvrir la banalisation de la violence et le sensationnalisme, en même temps qu’elle va se coltiner le paradoxe du photographe de reportage : vivre de ce qu’on dénonce.

Chaque photographe a sa stratégie pour faire face aux insolubles questions morales que posent son métier. McCullin, comme une poignée d’autres, semble l’avoir réglé à la testostérone, par la proximité avec le conflit, l’engagement éphémère, mais physique, immédiat et total, avec les sujets qu’il photographie.

"La compassion et le remords au Biafra, n’ont jamais cessé de me poursuivre. On s’imagine naïvement que l’intégrité suffit à se justifier en toute situation. Mais face à des humains qui meurent, soudain ce n’est plus assez : si on n’est d’aucun secours, alors on n’a rien à faire là - et en quoi étais-je donc utile au peuple biafrais ? [...]" Extrait du journal Le monde du 6/04/07.

Ses photographies de la pauvreté en Angleterre (1978), sont la quintessence de la photographie sociale engagée. Images contrastées, directes, en noir et blanc, réquisitoire matraqué sur une réalité proche et invisible.

Depuis les années 90’, McCulin a progressivement laissé tomber la couverture de l’actualité mondiale pour photographier la campagne anglaise, en noir et blanc, des paysages sombres mais enfin apaisés, que les conflits sanglants on marqués, mais dont on ne photographie plus que les traces mystérieuses, présentes mais indéchiffrables.

Il aura mis longtemps pour arriver au trop plein de violence et de douleur, il passe visiblement le reste de sa vie à se demander pourquoi.

(une biographie est sortie aux Éditions Deplire : "Unreasonable Behaviour - Risques et Périls")


Paysage d'hiver du Somerset, Grande-Bretagne (1987)

Une mère épuisée et son enfant, frontière de l'Inde et du Bangladesh (1971)

Famille entourant une femme qui vient de mourir du choléra, frontière de l'Inde et du Bangladesh (1971)

Jeune albinos souffrant de malnutrition, Biafra (1969)

Mère de vingt-quatre ans avec son enfant, Biafra (1968)

Soldat américain commotionné attendant son transport à l'arrière, Hué, Vietnam (1968)

Miliciens chrétiens chantant devant le corps d'une jeune Palestinienne, bataille de Karantina, Beyrouth, Liban (1976)

Charges des soldats britaniques sur des jeunes gens qui leur lancent des pierres, Londonderry, Irlande du Nord (1970)

Repas du soir, Bradford, Grande-Bretagne (1978)

Clochard irlandais, East-End, Londres Grande-Bretagne (1968-69)

Première équipe de jour Aciérie d'Hartlepool, Grande-Bretagne (1963)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire