mercredi 14 août 2013

Billets-La Corrèze, si moderne


La Corrèze, si moderne

Le dernier livre du journaliste et écrivain Stephen Clarke, 1 000 Years of Annoying the French (Mille ans de mésentente cordiale), doit être prochainement traduit en français.

La Corrèze, c’est la France profonde dans toute sa splendeur. Au nord de Brive, les piverts se prélassent au milieu de la route et défient les automobilistes en ne s’envolant qu’au tout dernier moment, pour aller se cogner contre un marronnier. Les champs de blé et de maïs suffisent à peine à faire une miche de pain ou un paquet de pop-corn. Les villages semblent déserts, avec leurs maisons dorées comme une baguette bien cuite et leurs toits en ardoise luisant au soleil. Mais les habitants sont bien là : un vieil homme en maillot de corps remplit une brouette de courgettes et une petite femme en tablier paraît enchevêtrée dans les rosiers plantés à côté de sa maison.

Il règne une atmosphère médiévale. Mais, en réalité, il n’y a pas plus moderne que la Corrèze. Un ami corrézien m’a expliqué que ces paysans qui semblent être d’une autre époque sont en fait les meilleurs comptables d’Europe. Ils obtiennent des subventions de l’Union européenne les récompensant de ne pas utiliser d’engrais chimiques – qu’ils n’avaient de toute façon aucune intention d’utiliser. Ils reçoivent des aides de l’UE pour arracher leurs pommiers, et d’autres encore pour les replanter. Ces paysans ont peut-être l’air pauvres, mais ils s’en sortent bien par rapport aux urbains.

Les Britanniques se plaignent souvent que l’argent de l’Union européenne soit englouti dans le gouffre sans fond que serait la France profonde. Mais moi, je dis merci à l’Europe. Si c’est le prix à payer pour préserver la campagne et les piverts, c’est de l’argent bien dépensé.

Source Courrier International

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