La Corrèze, si moderne
Le dernier livre du journaliste et écrivain
Stephen Clarke, 1 000 Years of Annoying the French (Mille ans de
mésentente cordiale), doit être prochainement traduit en français.
La Corrèze, c’est la
France profonde dans toute sa splendeur. Au nord de Brive, les piverts se
prélassent au milieu de la route et défient les automobilistes en ne s’envolant
qu’au tout dernier moment, pour aller se cogner contre un marronnier. Les champs
de blé et de maïs suffisent à peine à faire une miche de pain ou un paquet de
pop-corn. Les villages semblent déserts, avec leurs maisons dorées comme une
baguette bien cuite et leurs toits en ardoise luisant au soleil. Mais les
habitants sont bien là : un vieil homme en maillot de corps remplit une
brouette de courgettes et une petite femme en tablier paraît enchevêtrée dans
les rosiers plantés à côté de sa maison.
Il règne une
atmosphère médiévale. Mais, en réalité, il n’y a pas plus moderne que la
Corrèze. Un ami corrézien m’a expliqué que ces paysans qui semblent être d’une
autre époque sont en fait les meilleurs comptables d’Europe. Ils obtiennent des
subventions de l’Union européenne les récompensant de ne pas utiliser d’engrais
chimiques – qu’ils n’avaient de toute façon aucune intention d’utiliser.
Ils reçoivent des aides de l’UE pour arracher leurs pommiers, et d’autres
encore pour les replanter. Ces paysans ont peut-être l’air pauvres, mais ils
s’en sortent bien par rapport aux urbains.
Les Britanniques se
plaignent souvent que l’argent de l’Union européenne soit englouti dans le
gouffre sans fond que serait la France profonde. Mais moi, je dis merci à
l’Europe. Si c’est le prix à payer pour préserver la campagne et les piverts,
c’est de l’argent bien dépensé.
Source Courrier International
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