Attentats au Bataclan : la fusillade vue de l’intérieur
Julien Pearce, journaliste d’Europe 1 était
présent dans la salle de concert du Bataclan, dans le 11e arrondissement de
Paris, lors de la dramatique fusillade orchestrée par les terroristes vendredi
13 novembre au soir.
Au micro de France
Télévisions, il témoigne des tragiques événements et de l’effroi :
« Ça
faisait quarante minutes à peu près que le concert avait débuté. Il y avait
énormément de monde dans la salle. C’était quasiment plein. Et au milieu d’une
chanson, on a entendu des détonations qui venaient de derrière. On a entendu
des cris. J’ai tourné la tête. Et là j’ai vu plusieurs individus qui portaient
des kalachnikovs, qui nous visaient et qui tiraient de manière totalement
aléatoire sur la foule. Ils avaient le visage découvert. Celui que j’ai vu en
particulier était habillé tout de noir. Son visage m’a paru très jeune :
la vingtaine.
Alors
immédiatement tout le monde s’est couché sur le sol. C’est un réflexe dans ce
genre de situation, j’imagine. Il y avait tellement de monde que je me suis
retrouvé avec une ou deux personnes sur moi, ce qui m’a probablement sauvé la
vie, d’une certaine manière.
On a
attendu une sorte d’accalmie, un moment où tous ont rechargé leurs armes en
même temps, et on s’est réfugié à droite de la scène où il y avait une sorte de
petit local technique, qui était plongé dans le noir. Il y avait déjà une
dizaine de personnes à l’intérieur totalement terrifiées. Ce local ne menait
nulle part : il n’y avait pas de sortie, il n’y avait pas d’issue. On
venait de quitter un piège pour un autre, d’une certaine manière, même si on
était moins exposés. Donc on a attendu encore quelques minutes à l’intérieur.
Les tirs continuaient évidemment. On ne comprenait pas exactement ce qu’il se
passait.
Ils
étaient de nouveau en train de recharger leurs armes. C’est à ce moment-là
qu’une dizaine de personnes et moi-même avons décidé de courir sur la scène,
parce que de l’autre côté se trouvait la seule issue de secours qui donnait sur
une rue.
Instinctivement,
j’ai tourné la tête quand j’étais au milieu de la scène : j’ai vu ces
hommes qui recommençaient à tirer, qui continuaient à tirer, qui exécutaient
froidement les gens sur le sol, et qui me regardaient aussi courir.
À ce
moment-là j’ai attrapé une demoiselle qui était montée sur la scène et qui
était grièvement blessée : elle avait reçu deux balles, au niveau du
fessier et au niveau de la cuisse gauche. Elle saignait beaucoup et était en
train de perdre connaissance. Je l’ai attrapée, l’ai mise sur mes épaules et on
a couru dans la rue. »
Le bilan est
lourd : plus de quatre-vingts personnes sont mortes sur place, dont les
quatre assaillants.
Photo: Le Bataclan – Crédit photo : Jxandreani via Flickr (CC BY
2.0)
Source contrepoints.org
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