Primaires : ces 3 questions qu’il faut poser aux candidats
Nous devons demander aux candidats
le contrat qu’ils nous proposent et leur faire également connaître les clauses
indispensables pour leur donner notre accord.
Les
électeurs cherchent en vain depuis des années à passer un vrai contrat avec les
candidats. Ceux-ci ont pour habitude de se défiler : ils demandent qu’on
leur fasse confiance, ils veulent un chèque en blanc et se présentent au corps
électoral sur leur bonne mine ou sur des questions mineures. L’essentiel est de
paraître. Pour le reste, ils s’abritent derrière la complexité et l’incertitude
des événements et des contextes économiques, sociaux, politiques et
diplomatiques. L’empirisme est leur meilleur alibi : nous ferons pour le
mieux.
Certes le prix Nobel d’économie est allé à deux
universitaires qui ont produit des travaux sur l’incomplétude des contrats : au moment où un accord est conclu, les parties ne
peuvent connaître tout ce qu’il apportera de bienfaits et de nuisances. Ce
n’est qu’au fur et à mesure que le contrat sera exécuté qu’il apparaîtra comme
une bonne ou mauvaise affaire ; mais il sera trop tard pour se libérer de
ses obligations contractuelles. La conclusion de l’étude n’est pas qu’il faut
se passer de contrat, mais qu’il faut diminuer les risques au moment de la
conclusion.
Aurons-nous
enfin un contrat, même incomplet et aléatoire ?
Sait-on quel contrat nous propose
chacun des candidats ?
Certes,
nous avons des livres, des programmes. Peuvent-ils tenir lieu de contrat ?
Ou serons-nous condamnés, une fois de plus, à choisir l’abstention ou le vote
rejet ? Pour l’instant, je demeure sceptique. Certes, ici même et dans le
cadre du collectif des libéraux, nous tenons la comptabilité des écrits et des
discours pour évaluer le degré de libéralisme des candidats. Mais ce n’est pas
assez, cela suffira à peine à désigner ceux qui sont plus proches ou plus
éloignés des idées de la liberté ; encore peut-on déceler quelques grands
écarts, avec des candidats prenant des postures libérales dans certains
domaines (par exemple l’économie) et anti-libérales dans d’autres (par exemple
la famille).
Nous
devons donc demander aux candidats le contrat qu’ils nous proposent et leur
faire également connaître les clauses indispensables pour leur donner notre
accord. Un simple catalogue de mesures (les 1.000 prévues par Bruno Le Maire
par exemple) ne tient pas lieu de contrat, ou s’assimile à ce que les juristes
appellent un « contrat de guichet » : on prend tout ou rien –
les contrats d’assurance ou de transport sont rédigés dans cet esprit. À
l’inverse la référence insistante à deux ou trois mesures spectaculaires ne
tient pas lieu de contrat (les deux référendums de Nicolas Sarkozy par
exemple).
À mes
yeux (et c’est ce qui est ressorti de mon débat avec Alain Mathieu il y a
quelques semaines), les chiffres sont des fumigènes. Diminuer les dépenses
publiques de 100 ou 120 ou 60 milliards, est-ce significatif, même si on
additionne des choux et des navets ? Réduire le nombre de fonctionnaires
de 600 ou 400 ou 300 mille, est-ce clair si on ne dit lesquels ni
comment ? Je suis, comme vous, peut-être frappé par le vague des projets,
y compris de ceux des plus sérieux. Nous aimerions entendre la réponse à
plusieurs questions :
1° La Poste, la SNCF, les
HLM seront-elles ou non privatisées ?
2° Le monopole de la Sécurité
Sociale sera-t-il entamé ; l’assurance maladie
et les retraites seront-elles choisies, au moins partiellement, par les
assujettis ?
3° La liberté scolaire
sera-t-elle enfin assurée par la libre création et
la concurrence de nouveaux établissements offerts au choix des familles ?
Et il ne nous déplairait pas de voir les candidats
s’engager clairement sur des choix de société : rôle subsidiaire de
l’État, autonomie et concurrence des collectivités
locales, respect de la vie et de la dignité des personnes, fédéralisme
européen.
Enfin,
quelques détails sur les futurs responsables des affaires publiques ne nous
déplairaient pas : qui sera Premier ministre ? Qui aura en charge les
grands ministères ? Sera-t-il fait appel à des personnalités de la société
civile pour gouverner ?
Alors,
les grandes lignes d’un contrat présidentiel pourraient se dessiner et nous
pourrions choisir en connaissance de clauses. Sans contrat, on sera condamné à
éviter le pire. Avec un contrat, on portera notre voix au meilleur.
Source
contrepoints.org
Photo
micro journalistes credits audio luci store it (licence creative commons)
Par
Jacques Garello.
Jacques
Garello est un économiste français, président de l'Aleps.
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