La e-médecine sera-t-elle la solution aux déserts médicaux ?
Les déserts médicaux se multiplient
en France. Les consultations à distance sont-elles la solution ?
Les déserts médicaux
prennent chaque jour davantage d’ampleur, à mesure
que les anciens praticiens des campagnes partent à la retraite et que leur
départ n’est pas compensé dans leur, intégralité par de nouveaux arrivants. La
France connaît aujourd’hui une pénurie de médecins généralistes. Ainsi, d’après
l’Atlas national de la démographie médicale 2015 publié par le Conseil National
de l’Ordre des Médecins (CNOM), la densité moyenne nationale de médecins
généralistes est passée d’environ 100 pour 100 000 habitants en 2007 à 88.7
aujourd’hui.
Pénurie de médecins généralistes
en France
Les statistiques montrent qu’aucune région ne serait
épargnée par cette diminution. Cette même publication du CNOM indique
l’existence de 192 déserts médicaux sur le territoire ; 2.5 millions de
Français seraient actuellement touchés par ce problème d’accessibilité à un
médecin. Beaucoup rejettent la faute sur le Numerus Clausus dans les
facultés de médecine, qui serait trop faible. Or
celui-ci est en constante augmentation depuis 10 ans et n’a jamais été aussi
haut. Le problème réside donc au-delà de la sélection à l’entrée des facultés
et l’on peut supposer que la différence d’attractivité entre les territoires se
reflète dans les disparités en termes de densité médicale. Quel remède donc à
ces déserts médicaux ? Comment garantir à toute la population française un
accès simple à un médecin ? Si les solutions miracles n’existent pas, il
semblerait tout de même que le numérique et les nouvelles technologies puissent
aider à contenir ce phénomène de désertification médicale.
La e-médecine se
développe chaque jour un peu plus. Comme son nom
l’indique, elle consiste en la pratique de la médecine, en utilisant des
ressources numériques afin d’améliorer la prise en charge des patients et les
soins qui leurs sont prodigués. Elle existe déjà sous sa forme administrative
depuis un certain temps, avec les systèmes informatiques qui permettent aux
hôpitaux de traiter directement les cartes vitales, ou le Dossier Médical
Partagé (DMP) qui est un dossier médical hébergé sur un serveur accessible à
tous les praticiens, et qui permet d’avoir instantanément les informations
médicales sur chaque patient. Mais rares sont encore les pratiques médicales
qui tirent pleinement profit du numérique. La e-médecine dans sa forme purement
médicale n’existe aujourd’hui qu’à titre expérimental.
Les consultations à distance
sont-elles la solution ?
La forme la plus connue de cette e-médecine ou
télémédecine, consiste en la réalisation de consultations à distance. Le patient se rend ainsi dans une salle dédiée dans sa
commune, équipée d’une webcam et d’un casque-micro, et réalise la consultation
avec le médecin par visio-conférence. Le patient a également à sa disposition
certains appareils faciles d’utilisation, tels qu’un tensiomètre, afin de
contrôler certaines de ses constantes physiologiques les plus basiques. Enfin,
s’ajoute à tout ceci, dans certains cas, un(e) infirmièr(e), présente afin de
réaliser certains actes ou examens ; cela permet par la suite de faire un
compte-rendu au médecin qui opère à distance face à ses écrans. Il peut
également envoyer instantanément une ordonnance, qui s’imprime directement dans
la salle où se trouve le patient.
Des robots médecins ?
Mais les
consultations à distance ne sont pas les seules formes de télémédecine. Une
autre possibilité offerte par le développement du numérique et des nouvelles
technologies réside dans les intelligences artificielles et l’utilisation du
Big data. Ainsi, des robots dotés d’une intelligence artificielle pourraient
également réaliser un pré-diagnostic de patients, en les questionnant sur leurs
symptômes, selon un algorithme préalablement défini, avant de recouper ceux-ci
avec toutes les informations et connaissances intégrées dans sa base de données
(programmes algorithmiques bien sûr, mais aussi publications scientifiques, cas
similaires précédents, donnés épidémiologiques…), et d’envoyer le tout à un
médecin. Le robot agira donc comme une aide à la prise de décision du médecin,
qui restera, bien entendu, seul décisionnaire. Et ceci, tout comme les
consultations par visioconférence, présente l’avantage de se faire à distance,
évitant au patient de se déplacer, parcourir plusieurs dizaines de kilomètres
pour parfois très peu de choses. Cela fait également gagner du temps au
médecin, à l’heure où les salles d’attentes sont surchargées et où les délais
de prise de rendez-vous augmentent constamment. Bien sûr, les intelligences
artificielles en médecine n’en sont qu’à leurs balbutiements, mais les apports
potentiels pour la médecine dans le futur demeurent considérables.
Ces
nouvelles technologies pourraient se révéler extrêmement utiles dans leur
application au problème des déserts médicaux. En effet, tant la réalisation de
consultations à distance, comme de pré-diagnostics en ligne, semblent pouvoir
être des solutions plausibles en vue de la résorption de la pénurie de médecins
généralistes, qui touche la France de manière assez généralisée. Bien entendu,
cela ne règlera sans doute pas l’intégralité du problème d’accès à la médecine,
mais pourrait au moins contribuer à endiguer son développement.
Source contrepoints.org
Photo Médecine (Crédits : Adrian Clark, licence
CC-BY-ND 2.0)
Par Louis Malbète.
Trop Libre
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