François Hollande, le boulet
À 5 mois de l’élection
présidentielle, la gauche est en train d’exploser. La raison ? Son navire
amiral, le parti socialiste, est incapable de rassembler, car son capitaine,
François Hollande, est devenu le boulet, certain d’entraîner tout le monde par
le fond.
Alors que la droite et le centre viennent de se donner un
nouveau leader qui a de bonnes chances de mettre des bâtons dans les roues du
Front national par son conservatisme assumé,
la gauche n’en finit pas de tomber en miettes. À la gauche de la gauche, les
militants communistes ont décidé de valider la stratégie d’union derrière la
candidature de Jean-Luc Mélenchon samedi dernier.
Soutenu par 53,6% du PCF, Mélenchon ne fait pas un plébiscite et pâtit des hésitations et
des scrupules de la base. À la gauche de la droite, Emmanuel Macron tente de faire oublier sa proximité avec le gouvernement
sortant et mise sur une social-démocratie moderne teintée de libéralisme.
Manuel Valls lui-même se sent pousser des ailes et estime pouvoir proposer un
bilan politique fondé sur le républicanisme et l’autorité.
Enfin,
les éternels groupuscules satellites du Parti socialiste comme EELV et le PRG
préfèrent miser sur leurs propres forces plutôt que de négocier des accords
pré-électoraux avec leurs partenaires de toujours. Et les militants
socialistes ? Ils se sont même déplacés aux primaires de la droite pour
essayer de désigner un candidat qui puisse un peu leur rendre justice, Alain
Juppé. C’est dire si la confiance en l’avenir règne…
Le Parti sans tête
Mais pourquoi la gauche se met-elle en ordre de marche en
ordre dispersé ? Pourquoi autant de personnalités, même de second plan
(pardon Sylvia Pinel et Yannick Jadot), estiment-elles pouvoir tenter leur chance lors de ces
élections ? Pourquoi les électeurs de gauche se mettent-ils même à voter à
droite pour tenter d’influencer l’orientation prise par LR ? Parce qu’il
semblerait qu’il n’y ait personne à la tête du parti socialiste.
Il
semblerait aussi que le bilan de l’exécutif, quel que soit l’angle pris, soit
totalement indéfendable. En d’autres termes, François Hollande a réussi le tour
de force de faire l’unanimité contre lui, jusqu’à créer la zizanie dans ses
propres rangs.
Les médias pour se refaire
Non seulement le bilan politique de François Hollande est
marqué par le sceau de l’immobilisme, mais son absence totale de sens politique
a éclaté au grand jour avec les révélations de son livre d’entretiens
avec Davet et Lhomme.
Non content de livrer quelques secrets d’État, de
flinguer en public ses derniers soutiens et de juger doctement que Fillon ne
serait jamais désigné comme candidat de la droite, F. Hollande a clairement
indiqué qui étaient pour lui ses derniers soutiens : la presse et un
certain journalisme de cour. Il n’est donc pas étonnant de lire dans Le Journal du Dimanche sous la plume de quelques artistes la nécessité d’en finir avec le Hollande Bashing.
Malheureusement, quand ça ne veut pas, ça ne veut pas.
Le boulet
La
division de la gauche a donc à sa source le manque de leadership du parti
socialiste, dont le candidat naturel est à peu près certain de perdre, dans
tous les cas de figure, et surtout d’obtenir un score tellement pitoyable qu’il
promet de renvoyer le PS dans l’opposition pour un bon bout de temps. C’est
pour cette raison que tout le monde prend ses distances avec l’actuel
président, qui semble frappé de malédiction.
Tout le
monde a compris que pour lui, c’était fini. Seulement, la discipline de parti,
d’allié, ou même la connivence idéologique, masquent l’évidence : Hollande
est devenu le boulet qui entraîne la gauche de gouvernement vers le fond.
Source contrepoints.org
Photo By: Jean-Marc Ayrault – CC BY 2.0
Par Frédéric Mas.
Frédéric Mas
Frédéric Mas est secrétaire de rédaction de
Contrepoints.org. Après des études de droit et de sciences politiques, il a
soutenu un doctorat en philosophie sur l'esprit du régime politique des
États-Unis. Il a consacré ses recherches à la théorie et à l'histoire du
libéralisme politique, à la philosophie du droit, à Leo Strauss et ses
disciples.
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