Le défi migratoire
Une étude sur les grandes vagues
migratoires auxquelles nous sommes confrontés sous la direction de
Jean-Baptiste Noé.
Je publie
un nouvel ouvrage, Le défi migratoire. L’Europe
ébranlée, qui comprend des contributions d’Olivier Hanne, islamologue et
professeur à Saint-Cyr et Xavier Raufer, criminologue.
Le but de
cet ouvrage est d’analyser les grandes vagues migratoires auxquelles nous
sommes confrontés depuis quelques années. C’est un sujet qui suscite de
nombreuses passions, et sur lequel il est même parfois interdit de réfléchir.
Les accusations fallacieuses peuvent facilement tomber, doublées de mauvaises
intentions et de volonté de nuire.
C’est
pourtant un sujet capital. Des personnes meurent en mer, noyées. D’autres
s’entassent dans des camps de fortune, vivant sous la tente et dans la boue.
Elles quittent des pays en guerre, elles fuient la mort et la désolation. Face
à ces drames, il est nécessaire de proposer autre chose que des postures et des
positions morales préétablies. Il est nécessaire de comprendre, de réfléchir et
d’aller au cœur des problèmes. C’est un des objectifs de ce livre :
injecter de la raison sur un sujet passionnel.
Le droit de quitter son pays
Nous nous
posons des questions simples : pourquoi partent-ils, quels chemins
empruntent-ils, avec quels réseaux, quelles sont les conséquences pour l’Europe
et pour les pays émetteurs, quelles sont les solutions possibles.
Le droit de quitter
son pays est un droit imprescriptible. Il est normal que des populations
victimes de la guerre et de la dictature fuient et cherchent à se rendre dans
des pays plus cléments. Le droit de vivre et de mourir sur son sol et dans son
pays est un autre droit imprescriptible. Personne ne fuit sa terre sans y être
contraint. Si elles avaient le choix, les populations préfèreraient rester
vivre chez elles.
Une Europe ébranlée
Dans le
même temps, l’Europe se trouve ébranlée par ces mouvements migratoires. Des
piliers que l’on croyait sûrs se sont effondrés en quelques semaines. Schengen,
apparemment indépassable, a été renversé en quelques jours suite à la fermeture
des frontières commencée par la Hongrie. Le gouvernement de Mme Merkel est
aujourd’hui dans la tourmente, alors qu’à l’été 2015 personne n’imaginait que
celle-ci puisse être contredite. Les Allemands accueillaient les immigrés les
bras ouverts, jusqu’à ce qu’ils découvrent les difficultés d’intégration, les
crimes commis par certains, et l’ampleur du phénomène. L’Europe devait nous
protéger, elle se montre incapable de juguler un phénomène de grande ampleur.
Des migrations nécessaires à l’économie ?
Les
migrations posent aussi la question du développement économique des pays.
Beaucoup arguent du fait que faire venir des populations immigrées est une
nécessité pour l’économie européenne. Comme je le démontre dans le livre, c’est
un avantage éventuel pour le court terme, mais une erreur économique sur le
moyen et long terme. De même, personne ne semble s’interroger sur les
conséquences pour les pays émetteurs. Comment l’Afrique peut-elle se développer
si ses cerveaux partent ? Il y a aujourd’hui plus de médecins africains en
Europe qu’en Afrique. Alors, comment répondre aux crises sanitaires, comment
soigner les enfants et les malades ? Les migrations sont un vol des
ressources humaines ; les plus précieuses de toutes. À bien des égards,
c’est une nouvelle forme de traite négrière.
Les défis de l’intégration
Parler des
migrations c’est aussi s’interroger sur les défis de l’intégration. Comment
faire vivre en Europe des populations culturellement très différentes ?
Nous n’avons pas encore de réponse et, souvent, nous préférons fermer les yeux
sur les réalités. Mais nous ne pouvons pas ignorer les souffrances des
populations européennes qui subissent les effets négatifs de ces migrations.
C’est le corps social qui est de plus en plus malmené et qui risque de se
déchirer.
Ce livre
s’inscrit pleinement à la suite de mes précédents ouvrages. Ayant écrit une Géopolitique du Vatican, j’ai voulu
approfondir un sujet qui est souvent évoqué par la diplomatie pontificale,
celui des migrations, pour essayer de comprendre si sa position était juste. De
même, me rattachant à l’école libérale française, il était nécessaire de
confronter la théorie de cette école avec la réalité des faits.
Fermer les frontières : une mauvaise solution
Ce qui
m’amène à plusieurs conclusions qui ne plairont pas à ceux qui prônent la
fermeture des frontières. Il serait absurde de rétablir les contrôles aux
frontières entre les pays européens, absurdes parce qu’inutiles. Les
clandestins trouveraient quand même des façons de passer, alors que cela
nuirait fortement aux honnêtes gens. La surveillance est à faire aux frontières
extérieures de l’Europe, et elle se révèle d’ailleurs souvent efficace.
De même,
bâtir des murs n’est nullement une solution. Le phénomène migratoire est une
conjonction entre des zones répulsives et des zones attractives. Pour résoudre
le phénomène, il faut limiter la répulsivité et l’attractivité des zones. En
bâtissant des murs, on perturbe les flux, mais on ne les supprime pas. Entre
l’Afrique et l’Europe, nous avons un grand mur, naturel, la mer Méditerranée.
Ce mur n’empêche nullement des êtres humains de risquer leur vie pour le
franchir, et parfois d’y mourir. En revanche, ces personnes tentent de se
rendre en Europe (zone attractive), mais pas ailleurs en Afrique (zone
répulsive).
L’échec de l’État providence
Le
phénomène migratoire ne peut pas se concilier avec l’État providence. L’Europe
a d’ailleurs une grande part de responsabilité dans cette crise. Ce sont ses
pays qui ont déstabilisé le Proche-Orient (Irak, Syrie, Libye…) engendrant les
phénomènes de départ. C’est l’Europe aussi qui fait appel aux migrants
(plusieurs documents de l’UE appellent à intensifier les flux), mais qui n’a
rien prévu pour les recevoir, les obligeant à s’entasser dans des camps
indignes de notre civilisation. On camoufle les souffrances des migrants, tout
autant que celles des populations d’Europe qui, à la moindre récrimination sur
les problèmes engendrés par ces phénomènes, sont accusées des pires maux et des
pires pensées.
La théorie
libérale se révèle une fois encore la solution opportune à cette crise. Il est
nécessaire de libéraliser les migrations, c’est-à-dire non pas d’ouvrir toutes
les fenêtres et les portes, mais retirer à l’État le monopole de la gestion
migratoire. La liberté des échanges suppose que les deux parties respectent les
termes du contrat, et donc que les populations qui désirent venir soient
respectueuses des lois et des coutumes. On assiste aujourd’hui à des États qui
imposent aux communes l’accueil des migrants, forçant certaines communes
rurales à loger un grand nombre d’entre eux, alors qu’il n’y a ni travail à
leur proposer, ni structures éducatives adéquates. Cette politique socialiste
est totalement absurde. Avec la liberté des échanges, un ordre spontané se met
en place, les migrants ne se rendant pas là où ils n’ont pas d’avenir possible.
Migration et criminalité
Nous
abordons un sujet essentiel qui est le rapport entre migration et criminalité.
Le criminologue Xavier Raufer démontre le rôle des mafias et leur
enrichissement grâce à leur fonction de passeur. La mafia albanaise est très
active dans ce dossier, mafia qui a pu se développer grâce à la complicité
passive de l’Union européenne dans le détachement du Kosovo de la Serbie. Les
mafias sont présentes en Libye, pour attirer les migrants et organiser les
transports jusqu’en Europe. Leur chiffre d’affaires monte à plusieurs millions
d’euros. C’est une traite humaine qui fait honte à l’Europe.
Par ce
livre, nous voulons donner l’essentiel pour comprendre ce sujet délicat. Il est
en tout cas urgent d’agir pour arrêter les trafics d’humains et pour cesser la
déstabilisation de la Syrie et de l’Irak, sinon ce sera l’Europe qui sera
ébranlée à son tour.
Source contrepoints.org
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