Attentats de Bruxelles : 3 rappels utiles
3 rappels utiles sur les buts de
l’organisation État islamique après les attentats à Bruxelles.
Une nouvelle attaque
terroriste vient de frapper l’Europe, cette fois-ci
en plein cœur de Bruxelles, en Belgique. Elle a été revendiquée sans surprise
dans les heures qui ont suivi par l’organisation état Islamique, et par des remarques d’une indécence immonde de la part
des politiques français. À côté de la tristesse suscitée par l’attentat en
lui-même, j’ai été frappé de constater à quel point le déroulement des
événements était prévisible. Entre les récupérations politiques, les fausses
images recyclées d’anciens événements, les accusations de la droite envers la
communauté musulmane, et l’obsession maladive de la gauche pour expliquer que
ceci n’a rien à voir avec la religion, j’avais l’impression d’être
revenu en novembre dernier.
Les objectifs de l’EI
Au milieu du chaos et du sentiment d’impuissance qui s’installent, je voulais prendre le temps de
rappeler quels sont les objectifs de l’État Islamique. Je sais parfaitement que
le climat n’est pas propice à toute réflexion rationnelle, mais c’est
précisément là où je veux en venir : le but du terrorisme n’est pas de nous
inciter à nous asseoir autour d’une table en gentlemen pour
discuter de choses sérieuses.
Le but premier du
terrorisme est d’instiller… la terreur. N’importe
quelle autre tragédie causant 30 morts ne provoquerait pas ce genre de
couverture médiatique ni un tel emballement politique. En sortant de chez vous,
la probabilité que vous soyez la cible d’une attaque terroriste reste toujours
infinitésimale. Le but du terrorisme n’a jamais été de faire accroître la
mortalité, mais de vous persuader que demain, vous serez sur la liste des
victimes, alors que vraisemblablement vous pourrez mourir de mille et une
choses avant d’être confrontés à une attaque terroriste. Nous prenons tous des
risques bien plus grands chaque jour lorsque nous montons dans une voiture, que
nous traversons un passage clouté, ou que nous buvons une bière de trop au bar.
Gardons à l’esprit que le terrorisme reste une cause de mortalité extrêmement
faible, et que les terroristes voudraient précisément que vous soyez
persuadés du contraire.
La deuxième chose à garder à l’esprit, cette fois-ci plus
spécifique à l’organisation état islamique,
est qu’il essaie de construire une rhétorique manichéenne avec les Musulmans
d’un côté et les Chrétiens de l’autre. Que son idéologie soit sincèrement
alimentée par la religion ou non, cette dernière est sans aucun doute utilisée
comme instrument de division. Al-Qaida en son temps poursuivait déjà une
logique similaire : attiser la haine religieuse pour monter les chrétiens
occidentaux contre leurs voisins musulmans. Lorsque les attentats sont
utilisés comme prétexte pour stigmatiser des communautés entières, c’est au
final sauter à pieds joints dans le piège tendu par les djihadistes. Les musulmans, ostracisés, refoulés aux portes de
l’Europe, n’auront d’autre choix que de se retourner vers leurs semblables,
dans cette logique binaire. Ce dont Daech a peur plus que tout est de voir des
musulmans parfaitement intégrés dans les sociétés occidentales, puisque cela
remet leur rhétorique en question.
Il existe bien entendu des problèmes avec certains
immigrés musulmans, qui, disons-le, ne sont pas
issus de cultures particulièrement tolérantes, mais aborder la question du
terrorisme doit se faire sans généraliser autour de la population
musulmane, qui pour la majorité est parfaitement paisible et ne cherche pas à rejoindre
le djihad.
Liberté d’expression
Et enfin, l’organisation état Islamique n’est pas un paradis libéral fondé sur les idées des
lumières, avec un profond respect des valeurs de démocratie, de séparation des
pouvoirs, de respect des libertés, ni de justice. Même si à ma connaissance il
ne revendique pas vouloir mettre à mal ces grandes idées, c’est finalement
ce que nous parvenons à nous imposer inutilement à nous-mêmes. Les grands
discours sur la liberté d’expression en janvier 2015 ont été suivis
d’arrestations de mineurs s’étant exprimés de façon insuffisamment
Charlie aux yeux du pouvoir. Les gouvernements
occidentaux sont en pleine hystérie anti-vie privée, et cherchent par tous les
moyens à combattre les outils de communication et de stockage chiffrés. Tout
cela pour lutter contre un risque qui, comme je l’ai dit, demeure extrêmement
isolé et rare.
C’est lorsque l’on se laisse aller à la panique, aux
généralisations, et à un mépris des institutions démocratiques que l’on perd
réellement face au terrorisme. Je sais pertinemment qu’il est difficile de
demander de raisonner rationnellement face à ce genre d’attentats, mais
c’est un exercice auquel il faut impérativement s’adonner, et encourager
nos proches à faire de même. Les gouvernements exploitent sans vergogne nos
vulnérabilités pour faire passer des lois liberticides que personne n’aurait
acceptées dans un autre contexte. Le Front National continue inexorablement de gagner du terrain,
alimenté par ces peurs. Aux États-Unis, un candidat au discours fasciste est en passe de gagner la primaire républicaine.
Pardonnez-moi, mais je n’ai pas autant peur de quelques idiots avec une
ceinture d’explosifs que des politiques qui n’attendent qu’une chose : que de
tels événements se répètent pour satisfaire leur soif intarissable de pouvoir.
Ne leur donnons pas raison.
Photo : Bruxelles panoramique (Crédits : Ines Saraiva,
licence Creative Commons)
Source contrepoints.org
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