mercredi 23 octobre 2024

Photos mythiques- Che Guevara

  Che Guevara

Photo : Alberto Korda (1960)


La photo la plus reproduite au monde, prise par Alberto Korda, un ancien photographe de mode reconverti dans le portrait de Barbudos.

Le 6 mars 1960, un million de personnes défilent à La Havane pour l’enterrement des victimes de la Coubre (attentat attribué à la CIA. Explosion d’un cargo français chargé d’armes que Cuba avait acheté à la Belgique : 80 morts et 200 blessés). Ce jour là, Fidel Castro tient un discours entouré par Jean Paul Sartre, Simone De Beauvoir, et Che Guevara.

« Je n’avais pas vu le Che qui était à l’arrière de la tribune. Jusqu’à ce qu’il s’avance pour embrasser du regard la foule amassée sur des kilomètres. J’ai juste eu le temps de prendre une photo horizontale, puis une verticale, avec un objectif 90mm. Puis le Che s’est retiré. Je n’oublierai jamais son regard, où se mêlaient la détermination et la souffrance. »

Les cheveux en bataille serrés sous un béret noir étoilé, les yeux rêveurs regardant au delà de l’horizon.

C’est seulement en octobre 1967, à la mort du Che, que la photo sera publiée par l’éditeur Giangiacomo Feltrinelli. Korda la lui donne libre de droit, il ne touchera pas un sou. Pendant des années, cela ne le dérange pas car il est fier que sa photo soutienne la cause révolutionnaire. Lorsque l’industrie la récupère (CD sony, montres Swatch, …) Korda réagit et prend un avocat : « J’ai oublié l’argent que j’aurais pu gagner, ce qui compte c’est que l’on n’oublie pas l’exemple. »

Jamais un symbole n’a été associé avec autant de force à une photo. Le « Che » devient un mythe. Romans, films et chansons sont faits à son souvenir et à sa gloire.
Ce portrait du Che a décoré les chambres et les tee-shirts de millions de jeunes dans le monde entier. Le fier regard du Che continue encore d’éclairer les rêves des adolescents en quête d’un monde idéal.

…et pourtant, la réalité du personnage est autrement plus sinistre !
Le Che est extrêmement éloignée de cet icône révolutionnaire au regard christique.
Ernesto Guevara était un extrémiste d’une intransigeance prônant une violence absolue.

“Enlouquecido com fúria irei manchar meu rifle de vermelho ao abater qualquer inimigo que caia em minhas mãos! Minhas narinas se dilatam ao saborear o odor acre de pólvora e sangue. Com as mortes de meus inimigos eu preparo meu ser para a luta sagrada e me junto ao proletariado triunfante com um uivo bestial.”
« Emporté par une rage folle, je rougirais le canon de mon fusil en massacrant tout ennemi qui tombera entre mes mains ! Mes narines se dilatent en savourant l’odeur âpre de la poudre et du sang. Avec la mort de mes ennemis je prépare mon être pour le combat sacré et m’associe au prolétariat triomphant dans un hurlement bestial ! »

El odio como factor de lucha; el odio intransigente al enemigo, que impulsa más allá de las limitaciones del ser humano y lo convierte en una efectiva, violenta, selectiva y fría máquina de matar. Nuestros soldados tienen que ser así; un pueblo sin odio no puede triunfar sobre un enemigo brutal.
« La haine est un élément de la lutte ; libérer sa haine contre l’ennemi pousse l’être humain au-delà des limites naturelles, le transformant en une froide machine à tuer, efficace, sélective et violente. Voila ce que nos soldats doivent devenir… »

Pendant la guérilla anti-Batista (1957-1958) dans la Sierra Maestra, il exécuta lui-même 14 personnes dont un enfant de 14 ans, et ordonna et veilla dans la prison de Santa Clara à l’exécution de 156 prisonniers.

Che Guevara le «libérateur», le «héros du peuple», créé le camp de travail forcé de Guanahacabibes en 1960, un camp destiné à accueillir les cas difficiles, ceux dont il n’était pas sûr qu’il faille les emprisonner. Ceux qui avaient commis des «crimes plus ou moins graves contre la morale révolutionnaire», disait-il.
En tous cas, le Che semble n’avoir eu aucun scrupule à enfermer et condamner aux travaux forcés et à faire exécuter des individus pour des détentions arbitraires et sans jugement.

Pendant la crise des missiles de Cuba, il prie Fidel Castro et Kroutchev de déclencher la guerre nucléaire sans aucun apitoiement pour les millions de victimes qui en résulteraient, car il pense qu’un monde meilleur sortira de ces cendres.

Evidemment sous cet angle, le Che apparaît nettement moins christique et ses idéaux de libération du peuple et d’égalité prennent une toute autre résonance.

Mais cette photo est symptomatique de l’époque où nous vivons, dans un monde ou l’apparence l’emporte sur le fond, ou une image peut transfigurer la réalité et idéaliser un homme, quel qu’il soit. 


Alberto Korda

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