Vaccins : Novavax, Valvena, où en est la France ?
Il nous faut recréer d’urgence un fonds d’intervention type américain et rebâtir un écosytème français recherche/industrie autour des vaccins.
Le phénomène le plus inquiétant de la pandémie mondiale du coronavirus
dit Covid-19 est la
perte de bon sens d’une grande partie de la population associée à un
gigantesque foutoir des opinions et des mesures conseillées, décidées, dans la
plupart des pays.
En dehors des aspects de politique de la santé qui ont agité à juste titre
notre pays, de la politique de prévention affichée et modifiée de façon
permanente, des protocoles à justification et à applications variables, on peut
dire sans trop de contradictions possibles que la science, la technique et
l’industrie n’ont pas beaucoup été appelés au rendez-vous et que les postures
comme les experts autoproclamés ont fleuri depuis deux ans à un rythme effréné.
Inutile donc d’en rajouter. Mais l’arrivée prochaine d’un nouveau vaccin venu
des USA, du Maryland et d’une biotech appelée Novavax mérite que l’on essaie de
résumer en termes compréhensibles la situation vaccinale, en particulier en ce
qui nous concerne directement en France.
Un sujet d’inquiétude permanent
Lutter contre une pandémie c’est prendre des mesures contre la
contamination, c’est soigner les malades et essayer de trouver les traitements
adéquats et c’est donc tâtonner, surtout quand il s’agit d’un nouveau virus qui
va passer sa vie à muter pour des tas de raisons peu compréhensibles. Chaque
individu étant différent, les soins sont adaptés au métabolisme et peuvent ou
non réussir, ce qui, pour le moment, est un sujet d’inquiétude permanent.
La prévention provient depuis toujours de la satisfaction de mesures
d’hygiène et d’éloignement physique, mais aussi depuis Pasteur et Koch des
vaccins, c’est-à-dire de l’injection de substances stimulant le système
immunitaire pour qu’il fabrique des anticorps destinés à lutter contre le virus
qui veut vous infecter. Un vaccin s’analyse donc en efficacité, en durée et en
capacité d’élargir son spectre d’action aux mutants appelés désormais variants
dans le langage journalistique.
D’une manière ou d’une autre on injecte donc un peu de Covid-19 afin
d’inciter notre corps à lutter contre l’attaque virale.
Les attaques contre la santé humaine (et animale) sont nombreuses et la
recherche biomédicale est multiple, mondiale, elle utilise tous les moyens les
plus modernes pour trouver à la fois des médicaments et des vaccins. Mais les
deux voies de recherche sont distinctes. Les grandes sociétés sont bien
pourvues en outils de fabrication pour produire des millions de doses, mais les
petites structures les entreprises dites de BIOTECH sont plus inventives, plus
mobiles.
Depuis une vingtaine d’années il y a un échange entre les deux conduisant
soit à des coopérations soit à des absorptions des petits par les gros. C’est
ainsi que les vaccins anti-covid se sont retrouvés sur le marché et c’est cet
échange ou non qui peut expliquer la présence ou l’absence de telle ou telle
société. Autrement dit il existe un écosystème vaccinal et ceux qui réussissent
sont ceux qui ont su le faire mieux fonctionner. C’est ainsi que de façon
aveuglante les deux sociétés les plus en pointe sur les vaccins depuis une
vingtaine d’années, Sanofi et Merck ont disparu des radars à
l’occasion de la lutte acharnée mondiale anti-Covid-19.
Une situation loin d’être stabilisée
Si l’on parle de vagues successives d’arrivée des variants, c’est que la
situation est loin d’être stabilisée et que beaucoup reste encore à faire,
comme c’est le cas pour la grippe qui continue à faire des ravages chez les
humains comme chez les animaux. Car, quelles ques soient les techniques
utilisées, en ce qui concerne les coronavirus nous ne maîtrisons ni la durée de
l’immunité après la prise du vaccin, ni la largeur du spectre.
Si la technique de l’ARN messager a pris de l’avance c’est
qu’elle parait flexible pour acclimater rapidement les variants, mais elle bute
visiblement sur la durée de l’immunité comme l’histoire vient de nous le
démontrer. Elle reste aussi suspecte par manque de recul chez beaucoup de
vaccinés.
Les efforts classiques ont fini par décourager les grandes sociétés à la
fois arrogantes et insensibles, et ce sont des petites entités, aidées toujours
par les fonds américains qui continuent à mener le combat pour tenter de
nouvelles hypothèses qui vont peut-être permettre de résoudre le problème de la
durée tout en gardant une flexibilité de spectre et convaincre les derniers
résistants à la vaccination.
À cet égard il faut enregistrer les progrès et les travaux des deux
initiateurs de l’ARN Messager, Pfizer avec Bio NTech et Moderna, des
entreprises Astra-Zeneca (avec Oxford) et Janssen qui continuent à préciser
leur capacité de réponse aux nécessités mondiales de prévention. Mais Novavax
peut-être demain et d’autres comme notre entreprise nantaise Valneva peuvent
nous étonner avec une autre approche et d’autres résultats.
Pour Novavax qui travaille sur ce sujet depuis février 2020, la trajectoire
est passionnante et classique : dans le jargon on parle de sous-unitaire,
c’est-à-dire un bout de covid avec comme adjuvant stimulant la saponine extrait
du bois de panama étudié depuis longtemps pour mettre au point un vaccin contre
le paludisme.
Le nouveau venu Novavax
Ils ont fini leur phase 3 (essais cliniques obligatoires), ils sont
homologués aux USA et en Europe, les Américains leur ont donné, comme à tous
les autres, beaucoup d’argent et commandé des millions de doses, ainsi
qu’ensuite l’Europe. Il semble que Novavax vient de démontrer une durée plus
longue tout en semblant s’accommoder du dernier variant à 90 % ! Comment cette
petite entreprise va-t-elle produire des millions de doses ? Avec l’aide des
grands ou sans leur aide, elle suivra l’expérience de Moderna !
Pour Valneva les opérations avancent plus lentement car l’Europe est plus
timide que les États-Unis mais ils sont partis de la technique éprouvée
puisqu’utilisée pour la grippe saisonnière dite du virus inactivé. Si cette
opération réussit, la France aurait sauvé partiellement l’honneur avec l’aide
de l’Autriche mais aurait aussi prouvé que son écosystème sanitaire
recherche/industrie ne fonctionnait plus puisque la petite société provinciale
n’intéressait pas grand monde.
La pandémie n’est pas terminée, il y en aura d’autres, toutes les avancées scientifiques et techniques méritent respect et travail. Il nous faut recréer d’urgence un fonds d’intervention type américain et rebâtir un écosytème français recherche/industrie autour des vaccins avec les spécialistes nombreux, Institut Pasteur, Institut Mérieux, et peut-être Sanofi si la société accepte de redevenir française et patriote, ainsi que tous ceux qui continuent à croire dans notre pays et en son excellence en science et en industrie.
Source : Contrepoints.org
Par : Loïk Le Floch-Prigent
Né à Brest, Loïk Le
Floch-Prigent à été Président de Rhône-Poulenc (1982-1986), puis d’Elf
Aquitaine (1989-1993) avant d’être à la tête de Gaz de France (1993-1996) et
Président de la SNCF (1995-1996). Si le grand public le connaît comme un grand
capitaine d’industrie à la carrière tumultueuse, c’est aussi un conseiller fort
prisé, un essayiste (Carnets de route d’un Africain, Elytel 2017) et – ce qu’on
ne sait guère – un auteur de polars bretons. Il ne faut pas se
tromper est son deuxième livre chez Elytel éditions.
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