DSK ou le procès de la société patriarcale
Est-ce bien DSK qui est jugé à Lille ? Ou
plutôt cette bonne vieille tradition française qui mêle sexe et pouvoir ? Pour
ce journaliste britannique, poser la question, c’est y répondre.
Au troisième jour de l’audition de l’ancien patron du Fonds
monétaire international (FMI) dans le procès du Carlton, The Times revient
sur sa défense, selon laquelle un homme ne peut être condamné pour ses
penchants et ses pratiques libidineux. "On peut comprendre le point de vue
de Dominique Strauss-Kahn", admet le quotidien londonien. "Un
Parisien nanti n’a-t-il pas le droit de coucher avec qui il veut, quand il
veut, où il veut et de payer ou pas pour ça ? Les dirigeants français ont
longtemps pensé de cette façon, et il est fort probable que certains pensent
encore comme ça aujourd’hui. Ils ont de l’argent, du pouvoir et de l’influence,
il leur semble logique d'avoir, aussi, des femmes."
La fin d'une époque
The Times voit dans ce procès l’illustration
de "deux tendances sociales profondes, qui convergent pour défier la
domination sexuelle du représentant mâle de l’élite française (et des hommes en
général)". La première est l’empressement grandissant de la presse à
parler de dérives qu'autrefois elle aurait tues, et à "soulever le voile
sous lequel agissaient des Faure [Félix Faure, président de la République
(1895-1899) mort à l'Elysée dans les bras d'une maîtresse], des Mitterrand et
des Sarkozy – lequel aurait demandé une faveur sexuelle à la maire d'une ville
de province, selon Le Monarque, son fils, son
fief : Hauts-de-Seine, chronique d'un règlement de comptes de
Marie-Célie Guillaume (éd. du Moment), une fable politique très inspirée de son
quinquennat".
"La
seconde tendance se dessine dans les chambres à coucher du pays où les hommes
sont de moins en moins susceptibles d’imposer leur façon de faire",
continue le journaliste britannique, qui cite "une étude de 1970 selon
laquelle 66 % des couples disaient que c’était l'homme qui avait pris
l'initiative lors de leur dernier rapport sexuel. La même question posée en
2006 donne pour résultat que, selon 70 % des couples, la décision de faire
l’amour a été partagée."
C’est
pourquoi The Times conclut qu’un verdict
qui ne retiendrait pas la culpabilité de DSK "serait une victoire
symbolique pour ceux qui aspirent à un retour à une société patriarcale dans
laquelle les décisions sont prises par les hommes, du champ de bataille à la
chambre à coucher".
Dessin de Cajas paru dans El Comercio, Quito.
Source courrierinternational.com
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