Bravo Mediapart !
Une élite politique qui se croit au-dessus de tout.
En France, l'homme ou la femme politique incarne le héros
tout-puissant de la nation. Un rapport au pouvoir malsain qui favorise des
dérives aussi graves que l'affaire Cahuzac, écrit Le Temps.
La "République
exemplaire", que le candidat Hollande martelait pour mieux se démarquer de
son prédécesseur, aura été bien éphémère. Le gouvernement qui fait la morale au
monde entier sur l’argent, promet les foudres bibliques aux paradis fiscaux et
soupçonne la moralité des plus riches, est discrédité par le comportement
honteux et vil de l’un des siens. Peut-être saura-t-on un jour toute la vérité
sur les responsabilités de chacun, les manquements et éventuelles
compromissions.
Ce temps de l’enquête est
arrivé. Il appartient à la justice et à ses responsables politiques d’en tirer
toutes les leçons et conséquences. Cela commence plutôt mal. Le premier réflexe
de François Hollande a été d’appeler à de nouvelles lois et exigences en
matière de transparence, comme si les "affaires" naissaient de
l’absence d’interdictions, oubliant que la soustraction fiscale est endémique
dans un Etat qui maltraite ses contribuables depuis des décennies! En vérité,
le comportement de Jérôme Cahuzac, ses dénégations durant quatre longs mois,
sont les symptômes d’une forme d’impunité qu’une élite politique
toute-puissante s’octroie, faute de contre-pouvoirs efficaces et à l’abri de la
surveillance d’une opposition contrainte de jouer les figurants fâchés et
caricaturaux dans l’exercice du pouvoir.
En France, plus
qu’ailleurs, l’homme ou la femme politique incarne le héros de la nation
au-dessus de tous, celui vers qui l’on se tourne ou que l’on fustige chaque
fois que l’actualité hoquette. Ce rapport au pouvoir est malsain et favorise
les dérives que les démocraties plus modestes des systèmes décentralisés et
fédéraux parviennent mieux à contrecarrer. Mediapart a rendu un service
utile, là où tous les autres ont échoué. Bravo!
Et, petite ironie, le
comportement des autorités suisses aura permis de débusquer une escroquerie
fiscale alors que son auteur avait pris la précaution de s’évader à Singapour,
craignant sans doute que les nouvelles directives de l’OCDE sur la fraude
fiscale, imposées à la Suisse en 2009 sur l’insistance féroce d’un certain
Nicolas Sarkozy au G20, ne permettent tôt ou tard de révéler le butin du crime.
L’histoire est décidément cruelle.
Source Courrier International
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