Affaire Cahuzac
La France a touché le fond. Après l'Italie et
l'Espagne, c'est au tour de la France de battre des records en matière de
mensonge et de corruption, écrit El País. En cause : les politiques mais aussi
les principaux médias.
Les quatre
mois qui viennent de s'écouler depuis les révélations de Mediapart sur l'existence des comptes en
Suisse de [Jerôme] Cahuzac, où l'on a pu entendre dans tous les médias les
véhémentes dénégations de l'intéressé jurant ses grands dieux qu'il n'avait pas
de compte à l'étranger et qu'il n'en avait jamais eu, ont révélé la naïveté et
la complaisance de la classe politique dans son ensemble. L'opposition
aujourd'hui si virulente a ainsi préféré faire l'autruche plutôt que de jouer
son rôle pourtant fondamental de contre-pouvoir. Cette affaire a également
révélé la connivence de la majorité des médias dits "traditionnels"
qui, au lieu de mener leur enquête et demander des comptes au pouvoir, n'ont
fait que mettre en doute le travail rigoureux du petit site d'information fondé
par Edwy Plenel il y a cinq ans.
Il y a 70
ans, le général de Gaulle disait à Malraux que
Combat, le journal d'Albert Camus, était le seul à échapper à la
médiocrité bien qu'il fût écrit par des gens intraitables. Une fois de plus,
les intraitables ont remis la démocratie à sa place. La vague d'hystérie et
d'hypocrisie collective entrainée hier par la confession de Cahuzac, qui
cherche à se concilier les bonnes grâces de la justice pour son procès, aurait
pu être évitée, si comme l'a dit Plenel, la démocratie avait fonctionné
correctement ces quatre dernier mois, lorsque tout le monde préférait regarder
ailleurs. Comme l'Italie et l'Espagne, la France a touché le fond en matière de
mensonge et de corruption. Et comme en Italie et en Espagne, les menteurs et
les corrompus ne sont pas les seuls responsables.
Dessin
de Hachfeld, Allemagne
Source Courrier International
Source Courrier International
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