mardi 28 février 2017

Billets-Macron trahison…


Macron trahison…

Emmanuel Macron, traître au socialisme ? Curieusement, deux personnages historiques dénommés Macron se sont fait connaître en changeant de camp par opportunisme. Ce qui leur a d'ailleurs coûté la vie.
Depuis qu’il a (mal) parlé du temps de travail, du statut des fonctionnaires et du libéralisme "valeur de gauche", Emmanuel Macron est en butte aux critiques de la gauche de la gauche. Certains le qualifient même de "traître".
Macron trahison ? Pas très riche sur le plan poétique, la rime le serait davantage sur le plan historique.

Comme l’a signalé Xavier Mauduit sur Arte la semaine dernière, l’histoire connaît, surtout grâce à Tacite, un Macron romain. Un serviteur fidèle de Tibère... sauf à la fin. Commandant de la garde prétorienne, il lui incombait entre autres d’interroger les accusés, dont il tirait toujours des aveux conformes aux instructions de l’empereur.

Mais en 37 apr. J.-C., à 76 ans, Tibère est gravement malade. Macron, prévoyant, se met au service de son successeur. Tibère n’avait pas bonne réputation ? Celle dudit successeur est pire : il s’agit de Caligula. Et pour plus de sécurité, Macron décide de hâter l’échéance. Voici la scène imaginée par l’écrivain français Jules de Strada (1) :

Macron
O maître,
Bientôt je vous dirai : César, Tibère est mort.
[…]
Moi, comme pour l'aider, comme aux bains un baigneur,
J'avance, l'air bénin, disant tout haut : Seigneur !
Sans bruit et souriant d'un sourire de fête,
Je soulève le drap au-dessus de sa tête,
Je saisis à deux mains le cou. --
   (Il fait le geste de l'étrangler.)
    Sans lésion ! –
Il fit encore des pieds une contorsion ! –
Je remis avec soin sur lui la couverture.

Caligula
Est-ce fait ? Dis-tu vrai ? ... C'est déjà fait ? Torture ! –

Macron
Bientôt, César.

Caligula
Hélas – Serre bien jusqu'au bout. Bon Macron.

Deux siècles avant ce Macron-là, il y avait eu Ptolémée Macron, un énergique gouverneur de l’empire séleucide. Il doit sa notoriété à la Bible : c’est l’un des protagonistes du Deuxième livre des Macchabées. Antiochos IV – l’un des modèles de l’Antéchrist – l’avait chargé de mettre au pas la Judée. Mais, alors, un coup de théâtre se produisit : "Ptolémée Macron, d'ennemi qu'il avoit été jusques-là des Juifs, étoit tout d'un coup devenu leur ami" (2).

Étrange coïncidence, ces retournements de veste ont tous deux abouti au suicide de leur auteur. Un suicide très probablement assisté avec insistance dans les deux cas. Ptolémée Macron "prit du poison et en mourut : fin qu'avoit bien méritée sa trahison et la part qu'il avoit eue à l'injuste & cruelle persécution des Juifs", écrit Charles Rollin en guise d’épitaphe (3).
Comparaison n’est pas raison, bien entendu. Mais on peut se demander si le ministre de l’Économie serrera jusqu’au bout le cou du socialisme comme le Macron romain, ou s’il s’éprendra soudain de ceux qu’il combattait comme le Macron séleucide.

(1) Jules de Strada, La Mort des dieux, Paris, Hachette, 1866.
(2) Humphrey Prideaux, dans son "Histoire des Juifs et des peuples voisins" (Amsterdam, Henri du Sauzet, 1722).
(3) Charles Rollin, "OEuvres complètes, T. V", nouvelle édition, Paris, Ledoux et Tenré, 1817.


Source lesechos.fr

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire