Pékin prévoit que chaque citoyen se
voie attribuer un score basé sur son comportement, comme ses habitudes de
consommation en ligne, son civisme ou encore sa piété filiale. « Black mirror »
sauce communiste.
Connaissez-vous
le « scoring
comportemental » ? Si vous êtes à jour de la série britannique Black Mirror, vous en avez eu un aperçu dans Chute libre (« Nosedive »), le
premier épisode de la très attendue saison 3.
Chute libre traite du rapport que nous avons
avec notre image sur les réseaux sociaux, et de l’effet que cette image a sur
notre vie. L’épisode se déroule dans un monde occidental aux couleurs pastel où
l’accès aux meilleurs services (de logement, de transport…) est conditionné par
la note qu’obtient chaque individu dans ses interactions avec les autres. Le
réalisateur met en scène l’histoire d’une jeune femme prête à tout pour que ses
congénères la notent le mieux possible sur un réseau social qui semble être en situation
de monopole. Sans surprise, la série nous raconte la dégringolade du score de
Lacie et la descente aux enfers qui s’ensuit.
Black Mirror est une oeuvre de fiction.
Un « profil social »
selon le comportement des citoyens
Dans la
réalité, en Chine, ce ne sont pas les personnes avec lesquelles les citoyens
ont des interactions qui ont vocation à décider de leur note, mais un
algorithme programmé selon les desideratas du Parti communiste.
Pékin
prévoit en effet que chaque citoyen se voie attribuer un score basé sur son
comportement, comme ses habitudes de consommation en ligne, son civisme ou
encore sa piété filiale. L’objectif est naturellement de construire une société
socialiste plus « harmonieuse » selon les termes de BFM TV, en
permettant une meilleure orientation de l’accès aux prêts, à l’emploi, aux
hôtels de luxe ou encore… aux voyages en avion, c’est-à-dire à la possibilité
d’échapper au paradis communiste.
Un
« système de crédit social » est actuellement en test à Hangzhou et a
pour vocation d’être étendu à l’ensemble du pays d’ici à 2020 selon The Wall Street Journal. Alibaba, le n°1
mondial du commerce électronique à destination des entreprises, est partie
intégrante du projet. D’autres géants du web comme Tencent, la société qui a
développé l’application de messagerie instantanée WeChat, et Baidu, le moteur
de recherche n°1 en chinois, pourraient rejoindre la partie. Voilà de quoi
sacrément alimenter en données l’ « algorithme communiste » !
Au vu de
ce programme, le gouvernement français fait figure de petit joueur avec son
fichier regroupant les données personnelles de 60 millions de
Français !
Jean-Luc Mélenchon, qui a récemment obtenu le soutien du
Parti communiste français pour les présidentielles de 2017, ne s’est à ma
connaissance pas encore exprimé sur le sujet. On a en revanche récemment appris
grâce à Gala que le chef du « parti
des gentils » aime bien la
salade au quinoa. Au moins les Français
sont-ils prévenus qu’ils devront manger moins de viande si d’aventure ils
votent au mois de mai pour une France bolivarienne !
Traquer le comportement des
citoyens pour toujours plus de sécurité et moins de fuite d’impôts ?
Dans le
cas chinois comme dans le cas français, les raisons invoquées par le pouvoir
étatique pour mettre en place des outils à chaque fois plus intrusifs sont
toujours les mêmes : la lutte contre la fraude et la lutte contre le
terrorisme. Tout cela bien sûr en vue d’assurer le bien-être et la sécurité de
la population.
En 1968,
Margaret Thatcher écrivait déjà :
« Certains hommes politiques ont tendance à
estimer qu’avec la venue des ordinateurs, il conviendrait de centraliser cette
masse d’informations et de tout conserver sur une bande magnétique. On
gagnerait en temps, disent-ils, et en efficacité. […] Selon moi, ce serait
confier à l’État trop d’emprise sur la personne. »
C’est
bien là que réside le coeur du sujet. L’État a-t-il vocation à tout savoir de
chaque individu ?
Le
simple fait de laisser cette possibilité ouverte prépare le terrain à la mise
en place d’une société totalitaire, qu’elle revête des couleurs pastel d’un
cauchemar façon Black Mirror ou qu’elle
arbore le rouge vif de la dictature communiste.
Source contrepoints.org
Par Nicolas Perrin.
Nicolas Perrin est l'auteur de l'ouvrage de référence
« Investir sur le marché de l’Or – Comprendre pour agir ». Diplômé de l’IEP de
Strasbourg, du Collège d’Europe et de l’Université d’Aix-Marseille, il est
conseiller en gestion de patrimoine indépendant.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire