Deux Prix Nobel d’économie volent au secours de Tsipras
Le 5 juillet, le peuple grec doit se prononcer
par référendum sur la dernière proposition d’accord faite à Athènes par ses
créanciers. Selon les économistes Paul Krugman et Joseph Stiglitz, il ferait
mieux de voter non et ainsi la rejeter.
A quelques jours du
référendum en Grèce, deux économistes américains de haut vol, l’un et l’autre
lauréats du prix Nobel d’économie, l’un et l’autre adeptes du néokeynésianisme,
s’impliquent avec force dans le débat.
Le premier, Paul
Krugman, 62 ans, appelle clairement les Grecs à voter non. “Le gouvernement devrait être prêt, si nécessaire, à
abandonner l’euro”, écrit-il dans The New York Times, titre dans lequel il tient une
chronique. Le deuxième, Joseph Stiglitz, 72 ans, dit simplement, dans un
article publié dans The Guardian,
qu’il sait bien ce qu’il voterait. De toute évidence, il cocherait la case non
sur le bulletin.
Un pays épuisé
Accepter “les propositions de la troïka [Union européenne,
Banque centrale européenne et Fonds monétaire international]” plongerait
la Grèce “dans une dépression économique
quasiment sans fin”, argumente-t-il. “Peut-être
qu’un pays épuisé – qui aurait vendu tous ses actifs et dont la jeunesse
brillante aurait émigré – finirait par obtenir une remise de sa dette. (…)
Peut-être que la Grèce, racornie au point de devenir une économie à revenu
moyen, finirait par obtenir l’aide de la Banque mondiale. Tout cela pourrait
peut-être se produire au cours de la prochaine décennie ou de la suivante.”
Personne n'a intérêt à acculer la Grèce
Voter non, en
revanche, permettrait au moins à la Grèce “de
prendre son destin en main” et de se construire un avenir qui, sans
être aussi prospère que son passé, serait préférable à “la torture” insupportable qu’elle subit.
Krugman et Stiglitz
font en gros le même constat : c’est l’austérité imposée par ses
créditeurs qui a plongé la Grèce dans une crise aussi profonde. Et c’est encore
la même politique qu’ils lui proposent aujourd’hui.
“C’est une proposition que le Premier ministre Alexis
Tsipras ne peut accepter, car cela détruirait sa raison d’être politique”
– et les interlocuteurs du pays le savent fort bien, analyse Krugman. “L’objectif est de pousser Tsipras à quitter ses
fonctions, ce qui se produira probablement si les Grecs redoutent la
confrontation avec la troïka au point de voter oui.”
L’antithèse de la démocratie
Stiglitz est encore
plus dur : “Les dirigeants européens
révèlent enfin la vraie nature du conflit concernant la dette grecque ; il est
question de pouvoir et de démocratie, bien plus que d’argent et d’économie”.
L’euro “n’a jamais été un projet très
démocratique”, assène-t-il. “Le modèle
économique qui soutient la zone euro est fondé sur des relations de pouvoir qui
désavantagent les travailleurs.”
Ce qui se passe
aujourd’hui, c’est “l’antithèse de la
démocratie : nombre de dirigeants européens veulent simplement en finir
avec le gouvernement de gauche radicale d’Alexis Tsipras.”
DESSIN DE KOUNTOURIS, GRECE.
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