Après un cancer du sein?
Un cancer du sein, et après? La photo d'une
Australienne posant nue après un cancer du sein interroge sur la façon dont le
corps peut se remettre d'une telle épreuve.
Cicatrices dues à des mastectomies, perte de
cheveux et de poids, peau abîmée. Beth Whaanga, une Australienne, a posté une
photo d'elle nue sur Facebook. Elle veut sensibiliser l'opinion publique sur
l'épreuve qu'elle a traversée avec son cancer du sein, cancer féminin le plus
fréquent qu'une femme sur neuf développera au cours de sa vie.
Son cas interroge: une fois gagnée la victoire
contre la maladie, quels choix s'offrent alors à ces femmes pour se
reconstruire physiquement?
- La reconstruction mammaire
Chaque
année, environ 20 000 femmes subissent une mastectomie, qui correspond à
l'ablation chirurgicale du sein. Des techniques de reconstruction mammaire
existent alors. Certaines, à l'image du "Diep", permettent même de se
passer des implants mammaires, une perspective intéressante notamment après le
scandale PIP.
Le
"Diep" consiste à prélever directement la peau et la graisse du
ventre pour reformer le sein. Dans de nombreux cas, cette technique de
chirurgie répatrice est réalisée le même jour que l'ablation dans une seule et
même opération. "L'avantage de cette technique est que si la patiente
grossit, son sein grossit également, contrairement à une prothèse. Et une fois
le sein reconstruit, les patientes n'ont pas besoin d'être réopérées, explique
le professeur Lantieri, qui dirige le service de chirurgie reconstructrice et
esthétique à l'hôpital européen Georges Pompidou. Contrairement aux prothèses
mammaires qui ont besoin d'être changées lorsqu'elles rompent ou sont trop
vieilles. Concrètement, au bout de trois mois, une fois que la poitrine est
symétrisée, mamelon et aréole sont alors reconstruits. Laurent Lantieri
qui est
l'un des pionniers de cette technique en France, se bat pour que "les
femmes n'aient pas à faire le deuil de leur sein".
- Une prothèse externe
Opter ou
non pour la chirurgie réparatrice est un choix personnel. Certaines, à l'image
des Amazones, choisissent de rester "asymétriques", selon leurs
termes. Il est alors possible d'avoir recours à des prothèses externes, en
mousse ou coton dans un premier temps juste après l'opération, en silicone
ensuite, à glisser dans la poche du soutien-gorge. "Au delà de l'intérêt
esthétique, les prothèses pallient aussi, dans le cas d'une forte poitrine
notamment, d'éventuels problèmes dorsaux, cervicaux, lombaires ou musculaires
dus au déséquilibre induit par la perte du sein", explique un article de
la Maison du cancer. Les prix varient en fonction des concepts: de 70 € à 220 €
environ. Aujourd'hui, des prothèses adhérentes ou adhésives - plus chères-
peuvent même être utilisées après une parfaite cicatrisation. Le remboursement
d'une de ces prothèses par la Sécurité Sociale s'élève à 69,75€.
- La cicatrisation
Les
cicatrices font partie de ces traces qui restent après une mastectomie.
Certaines femmes, sur des forums s'échangent des conseils de crèmes. Cependant,
selon le Pr Lantieri, "il n'existe pas de produits miracles. Les
cicatrices resteront à vie. Mais il est possible de les faire évoluer,
notamment par des massages." Il s'agit alors d'aller voir un kiné.
"Une kinésithérapie précoce, par mobilisation et
drainage manuel dans un premier temps, favorise une meilleure revascularisation
et aide à redonner de la souplesse à la peau. D'autres techniques de massages
spécifiques visent à assouplir les cicatrices. Par la suite, des pansements
siliconés peuvent par exemple être appliqués en complément des massages",
explique l'Institut
national du cancer.
- Se réapproprier son corps
Que ce soit après une chimiothérapie ou une mastectomie,
le corps des femmes atteintes de cancers du sein a souffert. Et pas uniquement
au niveau de la poitrine. Perte de cheveux ou peau abimée après une perte
rapide de poids, il est important de prendre soin de soi dans cette phase après
cancer. Massage, acupuncture, sophrologie, shiatsu... l'association Les
ateliers de l'embellie propose des
ateliers axés sur le bien-être. "Une fois la cure terminée, on se sent un
peu seule. C'est agréable de pouvoir se faire pouponner, de sentir qu'on prend
soin de soi", explique Nadine, de l'association, qui se souvient de cette
grande fatigue des mois durant et de douleurs aux pieds et à la jambe après la
chimio.
Après l'ablation d'un de ses seins, six mois de
chimiothérapie puis de radiothérapie, Asmaa, 38 ans, a poussé la porte d'une
autre association, Etincelle qui l'a "beaucoup aidée". "J'ai vu une
esthéticienne qui m'a donné des conseils sur la façon de laver mon crâne, de
masser mon sein, quelles crèmes appliquer. J'ai fait des soins du visage, des
gommages. Cela m'a fait beaucoup de bien, je ne me sentais plus du tout
femme." Loin d'être anodin, prendre soin de soi, c'est en effet aussi un
moyen de se réapproprier un corps meurtri.
Beth Whaanga a posté cette photo d'elle après son cancer du sein.
Facebook
Source lexpress.fr
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