2017 avec DSK !!!
“Jack Is Back”. Le 21 juin dernier, Dominique Strauss-Kahn faisait son apparition sur
le réseau social Twitter à travers ce post mystérieux. Simple retour médiatique
pour certains, début d’un retour politique pour d’autres… 36% des français
souhaiteraient qu’il devienne ministre. Analyse du politologue Pierre
Lascoumes.
Le 28 juin
dernier, un sondage IFOP pour le média Atlantico révélait que 36% des
français souhaiteraient voir l’ancien directeur du Fond monétaire international
(FMI) intègrer le gouvernement. Un chiffre étonnant après les affaires du
Sofitel et du Carlton dans lesquelles Dominique Strauss-Kahn a été mis en
cause. Pour Pierre, Lascoumes, chercheur au CNRS et auteur de plusieurs
enquêtes sur la tolérance des français à l’égard de la corruption politique, “le lien idéologique entre le candidat et le citoyen
est toujours très fort”.
Pensez-vous que Dominique Strauss-Kahn prépare son retour ?
Je ne peux
pas dire ça, je constate simplement ce qui se passe. Prenez par exemple le cas
d’Alain Carignon (ex maire de Grenoble, et ancien ministre de la Communication
du Gouvernement Balladur de 1993, Ndlr)
qui avait été condamné à une peine de prison pour corruption et abus de biens
sociaux. Pourtant, après sa libération, il n’avait qu’une idée en tête: revenir
au pouvoir.
Alain
Juppé, lui a pris l’essentiel de la responsabilité des emplois fictifs de la
mairie de Paris. Il est parti faire une abstinence de deux ans au Canada.
Aujourd’hui, et beaucoup trouvent aujourd’hui que c’est un homme politique très
crédible. Une mise en cause très grave, comme celle de Dominique Strauss-Kahn,
ne les arrête pas.
Comment expliquez-vous que, malgré tout ça, ces hommes
politiques trouvent un soutien populaire ?
Ce qui est
frappant c’est que même si certains hommes politiques ont été condamnés par la
justice, ce n’est pas pour autant qu’ils subissent un opprobre social. Charles
Pasqua a été condamné deux fois, et mis en cause dans un nombre incommensurable
d’affaires. Pour autant, il est longtemps resté un homme influent, élu dans sa
circonscription.
Dès qu’il
y a des scandales, on raisonne toujours comme si le respect du droit et de la
morale était une valeur fondamentale. Mais dans la pratique, ça ne se passe pas
comme ça. Dès qu’il s’agit d’élire quelqu’un, bien évidemment ces facteurs
existent, mais ils sont complètement minorés par d’autres, beaucoup plus
puissants. Le lien idéologique entre le candidat et le citoyen est toujours
très fort, il n’est pas effacé par les déviances ou les délinquances.
Quels sont ces critères “plus puissants” ?
Ce sont
des critères d’efficacité pragmatiques. Les citoyens raisonnent de la
sorte : “Est-ce que telle personne est
capable d’obtenir tels résultats pour notre ville, notre département, ou notre
pays ?” Or, Dominique Strauss-Kahn a une réputation de grand
économiste, c’est aussi un orateur remarquable. Le reste, paraît comme un pêché
véniel…
DSK a-t-il encore sa place au sein du parti socialiste ?
Le parti
socialiste est dans une situation de déliquescence. Beaucoup d’électeurs
socialistes ont du mal à imaginer François Hollande demander un deuxième mandat
face aux résultats qu’il a obtenu. De plus, à l’intérieur du PS, la gauche
marque une telle opposition à Manuel Valls que ça risque d’être compliqué pour
lui. L’ex directeur du FMI a, sans doute, compris qu’il avait un créneau à
prendre.
Il a
l’impression d’avoir raté un premier tour en 2012 et se donne une deuxième
chance. DSK doit se dire qu’il est peut le seul capable de s’opposer à Sarkozy
et Marine Le Pen.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire