Trottoirs : une nouvelle norme est née
Bonne nouvelle pour
ceux qui désespéraient de la technocratie française : une nouvelle norme
est née. Si notre démographie est chancelante, notre production normative se
porte bien. Nous avons enfin une petite sœur à rajouter à la fratrie pullulante
des normes françaises.
Celle-ci concerne
l’aménagement des trottoirs. Désormais, les mairies ont l’obligation, à chaque
intervention, d’effectuer des prélèvements des revêtements et des enrobés et de
les soumettre à une analyse d’amiante. Qu’il s’agisse de rénover quelques mètres
carrés de trottoir, pour mettre un peu d’enrobé dans un trou en formation, ou
de refaire toute une rue, le prélèvement et l’analyse sont obligatoires.
Pourquoi ? Parce
que le bureau de fabrication des normes vient de découvrir que, dans les années
1990, les entreprises qui produisaient les enrobés avaient un produit à base
d’amiante. Tous les trottoirs et chaussées n’ont pas été faits avec cet enrobé,
mais un certain nombre. Tout un chacun a pu constater que l’on rencontre
souvent des personnes qui s’effondrent dans les rues, raides mortes, parce
qu’elles ont inhalé des poussières d’amiante se dégageant des trottoirs. Il
était donc urgent d’agir et d’imposer cette nouvelle norme. Le coût du
prélèvement est estimé à 500€. Imaginez qu’une commune doive réaliser une
centaine d’opérations dans l’année, et vous atteindrez un surcoût assez
considérable.
Le pire est pour le
cas où de l’amiante serait découvert. Il faut alors désamianter, et les
riverains verront débarquer une nuée de cosmonautes descendus de la station Mir
pour sécuriser le trottoir nocif et dangereux. Cela fait bientôt vingt ans que
des milliers de Français vivent un danger mortel en foulant au pied un trottoir
enrobé d’amiante, ou en roulant sur une chaussée qui renferme les terribles
particules. Nous ne voulons provoquer aucune panique collective, mais voilà des
centaines de milliers de personnes qui risquent leur vie en marchant sur les
trottoirs. Nous ne leur conseillerons pas pour autant de marcher sur la
chaussée, elles risqueraient de se faire renverser. Jusqu’à la prochaine norme,
qui interdira aux voitures de renverser des piétons.
Dormez tranquille,
cette norme maternelle va veiller d’une main protectrice sur la sécurité des
riverains. Aux communes d’accroître les impôts pour subvenir à cette nouvelle
dépense.
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