vendredi 2 juillet 2021

Infos santé : Sport et Santé-La rupture du tendon d’Achille

 


La rupture du tendon d’Achille

En sautant, vous avez ressenti un grand clac sous le mollet. C’est une rupture du tendon d’Achille. Votre chirurgien vous a conseillé une opération mais la consultation a été un peu rapide. Reprenons sereinement.

Par le Docteur Stéphane CACASCUA, médecin du sport, avec la collaboration du Docteur PAILLARD, chirurgien du sport.

L e tendon d’Achille est une cordelette fibreuse reliant le muscle du mollet au calcanéum, l’os du talon. Il est violemment mis en tension lors des impulsions. Le pied s’écrase et le muscle du mollet tire dans l’autre sens pour amortir la réception et relancer le mouvement. Le tendon d’Achille est écartelé ! Il arrive qu’il cède brusquement. Bien sûr, l’existence de microfissures et de tendinite favorisent la rupture mais elle peut également survenir sur un tendon totalement sain et indolore !

 
Illustration : Mathieu Pinet

  • Le mollet se rétracte, une opération est conseillée
Afin de nous aider à conserver notre posture, le mollet, comme tous les muscles de notre corps, est légèrement contracté au repos. On parle du « tonus musculaire ». Quand le tendon d’Achille se déchire, le mollet se rétracte et emmène avec lui un bout du tendon. Les deux extrémités sont désormais séparées, la cicatrisation est impossible. Une intervention chirurgicale est vivement conseillée pour rapprocher les deux fragments et les recoudre l’un à l’autre. Afin que la suture ne se distende pas, il faut même immobiliser votre cheville le talon remonté et le pied basculé vers le bas.

  • Défilé de haute couture
Les techniques chirurgicales sont nombreuses. Les procédés de suture sont complexes. Retenez qu’il existe deux catégories d’intervention. La première, dite « conventionnelle », ouvre la peau en regard de la rupture. Ainsi, elle facilite le geste technique de réparation et la qualité de la suture ; les récidives sont rares, de l’ordre de 2 %. En revanche, la cicatrice abîme la peau juste à côté du tendon, à un endroit où elle est naturellement fine et fragile. Dans notre expérience, on assiste à des difficultés de cicatrisation cutanée dans 3 % des cas. Selon certaines études ces complications sont retrouvées 1 fois sur 10. La seconde technique chirurgicale est dite « percutanée ». Le chirurgien n’effectue que quatre trous à travers la peau au-dessus et en dessous de la lésion. Il n’aborde pas directement la zone de rupture. Par deux fois, il passe un fil dans le tendon de haut en bas en franchissant le secteur de la déchirure. À l’aide de harpon, il tracte le tendon et remet bien au contact les extrémités éloignées. La peau est préservée mais le tendon n’est pas directement suturé au niveau de la lésion. Les complications de re-ruptures est légèrement plus important et s’élève à plus de 5 %.

  • Six semaines d’immobilisation
Il existe de nombreux protocole de post-opératoire, nous allons vous décrire l’un des plus classiques. Au sortir de l’intervention, vous êtes immobilisé avec une botte en résine, le pied tombant pendant trois semaines. Ainsi, le tendon suturé est position courte et bien relâché, la zone suturée n’est pas en contrainte et prend le temps de cicatriser. Vous n’avez pas le droit d’appuyer car il est interdit de pousser sur votre pied ; la contraction de votre mollet mettrait en tension le tendon d’Achille. À l’issue, la « résine pied tombant » est enlevée et remplacée par une « résine pied à angle droit » pendant à nouveau trois semaines. Après avoir retiré cette deuxième botte, vous augmentez peu à peu les contraintes sur votre tendon. Vous reprenez progressivement la marche. Pendant encore trois semaines, vous utilisez des béquilles et des talonnettes. Avec les premières, vous vous propulsez de moins en moins et la contraction du mollet prend petit à petit le relais. Les secondes sont limées jour après jour et le tendon est peu à peu remis en tension.

  • De la kiné bien dosée !
Dès que vous êtes débarrassé de votre immobilisation vous commencez la rééducation. Au cours des trois semaines qui suivent le kinésithérapeute se contente de massage pour assouplir la cicatrice et décoller la peau. Lorsque vous marchez normalement, il attaque le renforcement du mollet. Initialement, il ne travaille que la poussée. Le freinage n’est repris que plus tard et très progressivement, en commençant par des charges très inférieures à celle du poids du corps. Il est vivement conseillé de ne pas insister sur les étirements. En effet, l’allongement du tendon d’Achille constitue la principale complication mécanique de sa rupture opérée. Cette distension se révèle particulièrement délétère pour le sportif. L’amplitude de contraction du mollet parvient à peine à tendre le tendon. La traction sur le talon est très faible, la propulsion, la course et les sauts sont sérieusement altérés ! La rééducation permet de doser progressivement l’accroissement des contraintes sur le tendon. Chaque étape validée peut être exploitée au cours des séances d’entretien physique et de sport.

  • Sur le chemin du sport !
Là encore, les délais de reprise du sport varient selon les chirurgiens mais les étapes sont toujours identiques. Nous vous proposons une version habituelle. À 2 mois et demi de l’intervention, dès que vous marchez normalement, vous pouvez reprendre la conduite automobile et le travail. Attention dans les escaliers ! Montez et descendez lentement en posant tout le pied sur la marche, n’écrasez pas les talons. Il vous est désormais possible de pédaler en douceur sur petits braquets. À vélo, la cheville reste quasiment fixe, le mollet ne réalise aucun travail de freinage agressif pour le tendon, il se contente de pousser. Vers 3 mois, allez à la piscine. Soyez vigilant dans les vestiaires glissants. Pour vous rendre dans l’eau, descendez l’échelle prudemment, face au bassin, en posant les talons sur les échelons. Commencez par le crawl. Quelques séances plus tard, essayez la brasse. Ne poussez pas lors des demi-tours ! À 4 mois, montez sur un elliptique et intensifiez le vélo. Mettez plus de résistance et 2 semaines après, passez en danseuse. Au-delà de 5 mois, accélérez sur l’elliptique et ajoutez du stepper. Sur cet appareil, mettez progressivement les talons dans le vide et écrasez les talons. Vous vous rapprochez peu à peu des contraintes de la course. À la piscine, sautillez sur 2 jambes puis sur une seule. Allégé de la poussée d’Archimède, votre tendon retrouve des contraintes élastiques. Il réapprend à se mettre en tension et à restituer l’énergie. Diminuez petit à petit la profondeur de l’eau. Parallèlement, dans le bassin, renouez avec les déplacements latéraux ou les frappes. À partir de 6 mois, vous reprenez tranquillement la course. Au début, il s’agit de trottiner quelques minutes et d’enchaîner avec du vélo ou du cardiotraining pour affûter sa forme. En 4 semaines vous faites de vrais footings de 45 min à la limite de l’essoufflement. Au-delà de 7 mois, la dernière étape de la réhabilitation est consacrée aux accélérations et au travail des appuis. Après 8 mois, vous sprintez et vous sautez, vous reprenez votre sport à 100 %.

  • Ne confondez pas avec un claquage !
Vingt à trente pour cent des ruptures du tendon d’Achille ne sont pas diagnostiquées en urgences ! Le plus souvent, elles sont confondues avec un claquage du mollet ! Le diagnostic est d’autant plus difficile que le profil des sportifs victimes de ces deux blessures est voisin. Il s’agit soit de jeunes athlètes de haut niveau mettant en forte contrainte leur organisme soit de seniors actifs dont l’appareil locomoteur est déjà fragilisé. Le claquage n’impose ni intervention ni immobilisation. Pris en charge de cette façon, une rupture du tendon d’Achille ne cicatrise jamais, il persiste un gros trou ou magma filandreux inefficace. Les opérations tardives sont bien plus complexes. Elles nécessitent souvent de greffer un autre tendon ou de la membrane musculaire ! Alors soyez vigilant ! Si vous avez été victime d’un claquage, vous parvenez à vous soulever sur la pointe du pied. Vous avez même tendance à marcher de cette manière pour rapprocher les fibres musculaires et réduire les douleurs. Si vous souffrez d’une rupture du tendon d’Achille, vous pouvez tendre la cheville quand vous êtes allongé grâce aux petits muscles. En revanche, dès que vous êtes en appui sur une jambe, il vous est strictement impossible de monter sur la pointe du pied car le gros muscle du mollet est indispensable pour ascensionner le poids de votre corps. Au moindre doute, consultez rapidement votre médecin du sport.


Source SantéSportMag

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire