mardi 13 août 2024

Lectures Bret Easton ELLIS-Lunar Park

  


Bret Easton ELLIS 

Lunar Park

Traduit de l’américain par Pierre Guglielmina

(4ème de couverture)
Dans Lunar Park, Bret Easton Ellis, enfant terrible des lettres américaines, pense que les madeleines de Proust sont des mandarines, que sa maison d’Elsinore Lane est hanté, que le spectre est son père mort et peut-être aussi Patrick Bateman, le tueur d’American Psycho, que la moquette « pousse » dans la salle de séjour, que les femmes autour de lui ne verront jamais ces apparitions surnaturelles, que son fils sait où sont allés les garçons qui disparaissent mystérieusement, qu’il doit retrouver la simplicité des phrases qu’il écrivait dans son premier roman, qu’un massacre des innocents d’un genre nouveau est en cours, qu’une seconde chance lui est donnée, que Lunar Park sera son dernier roman.

Avec son humour détaché et sa virtuosité, Bret Easton Ellis se joue du mythe de l’écrivain et nous plonge dans un rêve halluciné et jubilatoire, tout à la fois une sorte d’autobiographie fictive, un récit fantasmagorique de la vie de banlieue aux Etats-Unis, un hommage aux films et à la littérature d’épouvante, un témoignage de la douleur d’un fils, un exorcisme et une réévaluation de sa vie et de son œuvre.


« Je ne veux pas avoir à clarifier ce qui est autobiographique et ce qui l’est moins. Mais c’est de loin le livre le « plus vrai » que j’aie écrit. Au lecteur de décider ce qui, dans Lunar Park, a bien eu lieu. »


Bret Easton Ellis est né à Los Angeles en 1964. Dès la publication de son premier livre Moins que zéro, en 1985, il a connu un succès foudroyant et s’est imposé comme l’un des écrivains majeurs de sa génération. Suivront Les Lois de l’attraction, American Psycho, Zombies et Glamorama. Traduite dans le monde entier, adaptée au cinéma, son œuvre est l’une des plus significatives de la littérature contemporaine.


(1ere phrase :)
« Tu fais vraiment très bonne impression. »


(Dernière phrase :)
Alors, si vous deviez voir mon fils, faites-lui savoir que je lui dis bonjour, sois bon, que je pense à lui et que je sais qu’il veille sur moi quelque part, et qu’il ne s’inquiète pas : il peut toujours me retrouver ici, quand il veut, ici même, mes bras grands ouverts l’attendent, dans les pages, sous la couverture, à la fin de Lunar Park.

378 pages – Editions Robert Laffont 2005 (2005 pour la traduction française)


(Aide mémoire perso :)
Bret Easton Ellis se met lui-même en scène dans ce livre, à propos duquel il prévient le lecteur qu'il lui laisse le soin de déterminer les événements qui ont réellement eu lieu. Il évoque successivement la fin de ses études, le succès connu dès son premier roman, la drogue et l'alcool, sa relation puis son mariage avec l'actrice Jayne Dennis. Tous deux se sont fréquentés, Jayne a eu un enfant qu'Ellis n'a pas voulu reconnaître, puis elle a eu un autre enfant avec un autre homme, avant qu'elle et Ellis ne se remettent ensemble. Un vrai feuilleton. Ellis s'installe donc avec son épouse, leur fils et la petite Sarah. Ne parvenant pas à passer sereinement de la vie de célibataire à un statut d'époux et de père modèle, Ellis continue à se droguer, à boire, et fréquente même une étudiante qu'il a très envie de connaître au sens biblique du terme.


Puis cette vie, déjà pas si rangée, dérape. Le tueur d'American Psycho, créé par Ellis, s'introduit chez lui. L'oiseau en peluche de sa fille se révèle être un monstre féroce, et le labrador a une fâcheuse tendance à se transformer en monstre effrayant... Des effets de la drogue ? Non. Ellis fait face aux créatures qu'il a imaginées dans ses romans.


Je ne m'attendais pas à cela en ouvrant le livre. Je pensais avoir affaire à une comédie, comme la quatrième de couverture le laissait envisager. A la place de cela, après un début raconté tout en légèreté sur les années insouciantes qu'a connues Ellis au début de sa carrière, le romancier prend un ton plus grave : sa vie avec Jayne et les enfants n'est pas évidente, d'autant qu'il n'a jamais vraiment désiré d'enfant. La drogue, la drague, l'alcool le sortent de cette situation, dans laquelle il a l'impression de s'enliser, mais il doit pourtant écrire son prochain livre. Il est rattrapé par ses démons.


Et alors là, grosse, grosse, grosse montée d'angoisse. Vraiment. L'apparition de ces créatures, dont on n'apprend la nature qu'à la fin, est surprenante et effrayante à la fois. L'action est détaillée en un rythme rapide, saccadé, qui me font penser qu'Ellis excellerait dans le genre du thriller.


Et puis il y a aussi la question du rapport d'Ellis aux femmes et à son père. Celui-ci est mort, mais Ellis croit le voir ou voir des éléments qui lui rappellent son père. Rien n'est donné facilement, dans ce livre...


Que d'interrogations ! Mais quel œuvre impressionnante, pour ne pas dire magistrale... D'aucuns le considèrent comme son meilleur ouvrage.

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