Du fascisme en France
Depuis l’élection d’Emmanuel Macron, les
institutions ont été mises au service des lobbies et le président de la
République a fait usage de tous les rouages de la Vème pour
asseoir un pouvoir unipersonnel, dont la marque de fabrique est le mépris de
classe et la violence, et qui ne rencontre quasiment aucun contre-pouvoir, ces
derniers s’amenuisant de jour en jour.
Aidé par un paysage médiatique, propriété des grands industriels et des
champions du CAC40, Emmanuel Macron a pu assumer une dérive continue dans
l’illibéralisme et l’autoritarisme contraires aux valeurs démocratiques qu’il
prétend défendre. En 2017, l’illusion était parfaite, avec un parti fantoche
créé pour l’occasion de la présidentielle, un programme sur-mesure pour attirer
les investisseurs et condamner la République sociale, et une image de golden
boy du Nouveau Monde.
Évidemment, à partir de l’affaire Benalla, qui révélait la création d’une
milice présidentielle et les premières dérives autocratiques, la violence
déversée sur le premier mouvement social d’ampleur, les Gilets Jaunes, est
restée impunie et validée par la classe bourgeoise qui soutient le maintien de
l’ordre injuste dans la défense de ses intérêts.
Oubliés, les éborgnés, les mutilés, les morts, les victimes de bavures, ces
derniers ayant été bien vite catalogués comme des intouchables, séditieux et
factieux, ennemis de la République.
Depuis 2018, nous sommes témoins de la dégradation permanente du niveau de
vie de millions de compatriotes, de la caricature grossière macroniste qui se
défend de toute dérive fascisante et de la radicalité d’un Young Leader qui a
pour feuille de route la dissolution de la région France dans la région EMEA
(Europe Middle East & Africa), région marketing des multinationales US.
Mais au-delà de la sympathie pour Pétain et pour les valeurs
réactionnaires, mâtinées de wokisme bon marché, Emmanuel Macron a installé un
système de conflits d’intérêts au coeur de la République, sans jamais être
réellement inquiété par le pouvoir judiciaire mis au pas par un casting
ministériel de choix.
Aujourd’hui, il est obligé de céder aux pressions du lobby policier afin de
préserver son pouvoir chancelant et antidémocratique. Dernière étape avant
l’État policier et un changement de régime assumé.
Le mirage médiatique
Rien sur l’ingérence des cadres d’un cabinet américain de conseil comme
McKinsey dans la création du parti En Marche, rien sur l’affaire Alstom,
démantèlement d’un fleuron industriel national au profit de GE, groupe
américain, dont les nombreux dirigeants français ont été décorés ou sont passés
par le cabinet d’Emmanuel Macron à Bercy, rien sur les multiples conflits
d’intérêts de plusieurs ministres et élus de la majorité, rien sur l’usage
systématique de la violence d’État contre les mouvements sociaux. Rien. Comme
si Macron avait tous les droits et pouvait tout se permettre.
Et pourtant, la communauté internationale s’inquiète de l’état de la France
dans les mains du Mozart de la lacrymo : l’ONU, la Ligue des Droits de l’Homme,
Amnesty, Human Rights Watch, le Conseil de l’Europe, la presse internationale
et même la Maison-Blanche se sont émus des violences policières en France.
Et en France? Il suffit d’allumer télé et radio pour ne rien voir, ne rien
entendre et constater que beaucoup de «journalistes» sont payés pour ne rien
dire ou assurer a minima un service après-vente de propagande molle.
Nous vivons au coeur d’une dystopie totalitaire où des BRAV-M harnachées
comme des pacificateurs du film Hunger Games sèment la terreur au coeur des
manifestations à coups de bastonnades et de tirs de LBD ou de grenades explosives.
À Sainte-Soline, un palier a été franchi avec l’utilisation d’un arsenal
pour faire la guerre aux militants écologistes venus dénoncer les bassines :
quads, affrontements dignes d’une guérilla et de trop nombreux blessés chez les
manifestants et les policiers, avec un jeune manifestant entre la vie et la
mort. Tout ça parce qu’il ne doit plus y avoir aucune ZAD (Zone à Défendre)
selon le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.
Et c’est bien Gérald Darmanin qui a mandat du président pour ouvrir tout grand
la fenêtre d’Overton vers une logique fasciste de l’ennemi de l’intérieur,
n’hésitant pas à qualifier les manifestants d’«éco-terroristes», les opposants
de terroristes intellectuels et globalement, l’ensemble des français opposés à
la politique antisociale de Macron, de dangereux radicaux.
Or une ZAD, c’est d’abord un refus de l’ordre injuste actuel, c’est la preuve
qu’il existe des alternatives à l’univers impitoyable de la prédation
financière et de la violence antihumaniste des fous d’argent.
Une ZAD, c’est défendre l’humain, le droit à la créativité, le droit à la
vie fors du profit et de la performance économique, le droit à la solidarité,
le droit à l’autogestion, le droit à la protection de la violence de l’État en
voie de devenir Big Brother.
«There is no Alternative» était le slogan de Madame Thatcher dans les
années 80 pour imposer la dérégulation financière et la violence contre les
syndicats. De manière tardive et anachronique, le golden boy Macron est resté
coincé dans ces années de la mondialisation forcée et de l’argent roi, il veut
nous imposer à notre tour, la fin du modèle français, jugé obscène par les
fonds vautours comme BlackRock et Vanguard qui ne tolèrent aucun secteur hors
de leur pouvoir absolu.
Ce «there is no alternative» est le néo-fascisme qui nous violente
dorénavant. Sans limites politiques, par peur d’utiliser concrètement des
concepts politiques, dans un monde du marketing politique.
Du fascisme et pas autre chose
Prenons la définition politique du fascisme par le Larousse :
«1. Régime établi en Italie de 1922 à
1945, fondé sur la dictature d’un parti unique, l’exaltation nationaliste et le
corporatisme.
2. Doctrine ou tendance visant à
installer un régime autoritaire rappelant le fascisme italien ; ce régime
lui-même.
3. Attitude autoritaire, arbitraire,
violente et dictatoriale imposée par quelqu’un à un groupe quelconque, à son
entourage».
Nous voyons bien la création du parti unique du centre absolu, le ni de
droite ni de gauche de Macron qui a permis de rassembler tous les traits des
familles politiques en une entité centrale, autonome et autoproclamée «camp de
la raison».
L’exaltation européiste a remplacé l’exaltation nationaliste, mais on peut
voir dans le fanatisme guerrier et l’affirmation d’une pensée unique sans contradiction,
portée par Madame Von der Leyen, une filiation fasciste évidente, mantra de
pensée, unité de valeurs communes, niant les particularismes et les opinions
personnelles.
Et enfin, le corporatisme a été remplacé par le lobbying, Macron étant la créature
de McKinsey adossée au pouvoir oligarchique de l’argent.
Jusqu’où Macron peut-il se radicaliser ?
La tendance visant à installer un régime autoritaire est plus qu’évidente,
avec les nombreuses censures des opposants, la violence de la répression contre
les mouvements sociaux, et le pouvoir d’un seul sur un parti fantôme de
figurants soumis à son autorité.
Concernant l’attitude violente, les mauvaises pratiques de management et
les nombreuses démissions pour harcèlement, sont légions au sein de la macronie.
Dernier drame en date, un employé de l’Élysée, remercié à 50 ans après 23 ans
de bons et loyaux services, s’est jeté sous un RER et demeure aujourd’hui dans
un état critique. J’avais d’ailleurs alerté dès 2019 sur ce président de la
violence qui n’a pas sa place en République.
Il suffit donc de se référer à la définition officielle du fascisme pour se
rendre compte que le macronisme est bien un fascisme au sens de sa définition
politique.
Il n’est plus nécessaire de se cacher derrière des pudeurs de gazelles pour
nommer le mal qui défigure et torture la société française, toute négation
serait simplement une condamnation de notre pays à la nuit.
«L’ordre, l’ordre, l’ordre», a donc remplacé «liberté, égalité,
fraternité». Macron est un autocrate, qui a trahi son rôle de garant des
institutions, pour en devenir le fossoyeur. Il assume sans vergogne ce rôle, en
revendiquant l’autorité comme seule forme de ciment de la société française
violentée par ses politiques de fracturation.
La faillite des institutions
Le Conseil d’État, institution Potemkine, se révèle incapable de réclamer
au ministère de l’Intérieur l’affichage du RIO des policiers, pourtant
obligatoire depuis 2014. Conseil d’État qui ne vaut pas mieux que le Conseil
Constitutionnel, organe moribond capable de valider un dispositif totalitaire
anti-constitutionnel comme le pass vaccinal, et ne jamais revenir sur ses
erreurs.
Le parlement est devenu un lieu de spectacle vide de tout pouvoir, où les
ministres comme Gérald Darmanin, ou encore Marlène Schiappa, peuvent commettre
parjures et mensonges devant des commissions d’enquêtes parlementaires sans
jamais être inquiétés.
Les dérives ne sont plus des dérives, mais un mode de gouvernance, par la
violence, pour imposer la vision radicalisée d’un seul à tout un peuple
réfractaire.
Désolé, mais je n’appelle pas ça une démocratie. Libre aux français de
continuer de croire à ce cirque débile, où tous les cinq ans, un pantin de la
finance est mis en scène face à une héritière de Jean-Marie Le Pen, c’est ridicule
mais malheureusement, l’artifice fonctionne encore à merveille.
Chaque campagne devient une campagne de mensonge et de dissimulation, tout
en cherchant à rendre illégitime toute opposition concrète. Extrême droite,
complotisme, terrorisme, tout ce qui n’est pas la doxa du parti unique doit
disparaître. Et pourtant, les alternatives et les oppositions sont déjà
largement invisibilisées par les médias subventionnés et poussées toujours plus
loin du jeu politique, qui est un jeu anti-populaire de quelques nantis qui
s’amusent à s’opposer. Des bourgeois bourgeonnant entre eux comme le disait si
bien Jaurès.
Ce jeu est truqué, et ce sont toujours les mêmes français qui sont
perdants. Toujours plus nombreux à être poussés dans la précarité, toujours
plus nombreux sous le seuil de pauvreté, toujours plus nombreux broyés par la
politique du choix de la pauvreté.
La reprise en main
Nous devrions réécrire la constitution, maintenant, par des comités
populaires constituants et assurer enfin que les maltraitants ne se sentent
plus intouchables et hors de contrôle.
Il est urgent de recouvrir nos institutions, et d’en chasser les coucous de
McKinsey et autres carriéristes sans valeurs qui y ont fait leur nid.
Serons-nous assez nombreux? La réponse est non. Mais l’espoir est déjà plus
qu’un espoir, car les médias indépendants se constituent alors en corps
nécessaires du sursaut démocratique face à la menace fasciste.
Il s’agit maintenant de rassurer les peureux, de libérer la parole
contrainte et de montrer que la démocratie, c’est le peuple et donc le nombre,
contre les mirages et les mises en scène des propriétaires des médias
mainstream et des sponsors des futurs grands maltraitants.
Les mots ont un sens et le macronisme est le sommet de l’art de vider le
langage de tout sens. Et comme le disait Malcolm X, «La presse a un pouvoir de
l’image si puissant qu’elle peut faire passer un criminel pour une victime et
montrer la victime comme un criminel».
Cet épisode tragique de ce parti comique, où les ministres posent dans
Playboy pour cacher leurs turpitudes réelles, où le président de la République
se comporte en chef de clan pour diviser et violenter, aura une fin.
Oui, le marcionisme ne survivra pas à Macron. Il faudra du temps pour
soigner le pays et apporter enfin le peu de justice que réclament les
dépossédés, mais ce temps, nous l’avons, et eux se savent déjà condamnés, d’où
leur frénésie à tout massacrer avant l’issue fatale de leur éjection de tout
poste de pouvoir.
La revanche de «ceux qui ne sont rien» arrive et elle sera une libération
nécessaire et surtout le sauvetage du naufrage fasciste auquel nous pensons
assister en spectateur.
Cet article est initialement paru dans la revue «Le Banquet»
Source X : Alexis Poulin le 28 juillet 2023 dans France Opinion
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