Bristol, capitale du street art
Dans les rues des quartiers populaires de la ville balnéaire, graffs et pochoirs s'affichent sur chaque pan de mur disponible. Ceux de Banksy, bien sûr, mais aussi ceux d'artistes moins connus, tout aussi époustouflants. La preuve en images.
A Bristol, le « street art » est chez lui. Enfin, pas dans le centre historique, où quatre policiers à plein temps, flanqués d'une escouade d'employés municipaux, veillent jalousement à ce que les murs gardent leur aspect blafard. Au nord, en revanche, la couleur reprend ses droits. Dans les quartiers populaires et multi-ethniques de Stockes Croft et de Saint Paul, les graffitis ont crû et multiplié jusqu'à devenir une forme passionnante et bouillonnante d'art populaire. Dire que certaines rues comme Jamaïca Street, Moon Street ou Fraklyn Street sont devenues de véritables galeries à ciel ouvert n'a rien d'une figure de style. Pochoirs, fresques murales, peintures en « free hand » (directement à la bombe), dazibaos, détournements de mobilier urbain se bousculent, voire se chevauchent littéralement sur les murs de ces quartiers considérés il y a peu comme des zones de non-droit, où se côtoyaient junkies, squatters et sans abris. Souvent spectaculaires, couvrant des pans entiers de maisons, les graffs de Bristol frappent surtout par leur diversité.
Dans cette ville maritime de l'Ouest qui fait souvent penser à Rennes, les tagueurs rivalisent d'audace et d'originalité. Né avec le mouvement hip hop, très actif à Bristol dans les années 80, le « street art » a progressivement pris ses distances avec l'esthétique rap. S'il reste encore des guérilleros du pochoir et de la bombe de couleur pour écrire leur nom en lettrage clinquant et boursoufflé sur des pont d'autoroute, la majeure partie d'entre eux ont développé des styles très singuliers. Dans le sillage de Banksy et, avant lui, des pionniers Nick Walker, Inkie et 3D (qui depuis s'est tourné vers la musique et a fondé Massive Attack !), le graff bristolien couvre une large palette : du burlesque au macabre, du poétique à l'heroic fantasy, du figuratif à l'abstrait. Seul trait bien partagé : l'exigence graphique. Comme si l'incroyable réussite du tagueur masqué avait non seulement fait naître des vocations, mais aussi imposé à ses successeurs une norme, un label de qualité, une sorte de « responsabilité artistique » avant de mettre des couleurs sur un mur. Le résultat est époustouflant et explique pourquoi la huitième ville du Royaume Uni est devenue une capitale mondiale du « street art ».
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