Entretien avec Chuck PalahnuikUne Amérique disséquée
“Les maladies mentales, la schizophrénie, c’est parce qu’il est impossible, si l’on est attentif au monde qui nous entoure, de ne pas devenir fou”. C’est de ce monde dont il est question dans le dernier roman de Chuck Palahniuk, ‘A l’estomac’.Pour sa nouvelle expérience littéraire, Chuck a sélectionné 23 personnages, 23 destins qui s’entrelacent et rendent compte d’une humanité aux tendances autodestructrices.
Quel a été le point de départ de l’écriture de votre roman ‘A l’estomac’ ?
Je récolte en permanence les histoires des gens. Certaines des histoires que j’ai utilisées dans ‘A l’estomac’, je les gardais avec moi depuis vingt ans, cherchant un moyen de les préserver. J’ai simplement assemblé les vies de centaines de mes pairs.
Votre écriture est incisive, percutante, obsessionnelle parfois. Quelle relation entretenez-vous avec l’écriture ? Considérez-vous l’écriture comme un exutoire ? La thérapie par l’écriture ?
C’est en écrivant que je reste sain d’esprit. La voix qui est dans ma tête, cette petite voix que nous avons tous, qui se plaint et qui nous ronge, je dois la maintenir occupée avec une histoire inventée de toutes pièces ou elle me rend fou.
De quoi se nourrit l’univers de Chuck Palahniuk ?
Ce qui me motive, c’est d’organiser, préserver et contrôler. Je suis journaliste avant tout. Aux Etats-Unis, on devient romancier après une carrière académique ou dans le journalisme. Comme je viens d’une formation de reporter, je suis à l’affût d’histoires vraies et intéressantes que je m’efforce de ne pas faire oublier.
De l’horreur la plus sordide vous extirpez le burlesque le plus déjanté. Susciter le rire pour aller loin dans l’horreur, est-ce votre mode opératoire ?
C’est ainsi que je vis ! Après toute l’horreur qu’a connue ma vie familiale (meurtre, suicide, cancer, alcoolisme…) mes proches ont toujours trouvé un moyen de rire des événements les plus sombres.
Pensez-vous que l’on puisse rire de tout ?
Je n’écris jamais de scène comique dans laquelle une personne innocente ou un animal est attaqué. Tous mes personnages créent les problèmes qui les détruisent. C’est pour ça que ces histoires peuvent être drôles.
Vos personnages mettent leur vie de côté pour pouvoir écrire. Peut-on extrapoler et voir dans votre livre une réflexion sur le processus de création en général ? Comment être le propre créateur de sa vie au cœur d’un monde de plus en plus globalisant ?
Pour garder sa vie en main, il faut contrôler la quantité et les genres de messages auxquels on est exposé. Les médias de masse (films, radio, télévision, magazines, Internet…) envahissent notre esprit et nous contrôlent. Il faut s’éloigner de cette distraction et focaliser son attention sur son art et les gens qui nous entourent.
Le désir de reconnaissance, la célébrité sont-ils, selon vous, les nouveaux moteurs existentiels de notre monde “civilisé” ?
Je pense que le problème existentiel de notre époque est un combat permanent pour comprendre qui dit la “vérité”. Notre version de la réalité était autrefois contrôlée par très peu de gens (le roi, le pape, le prêtre, le président…) A présent, chacun a sa propre vision des choses et tous se battent pour imposer leur histoire comme l’unique réalité.
Sont-ils les instincts révélateurs d’une société déshumanisée en quête d’identification ?
Non. Les gens font ce qu’ils ont toujours fait : ils essaient de se lier, de dominer, de créer une communauté.
Mutilations, autodestructions, meurtres… Dans votre livre, la mort est souvent violente. Quel sentiment avez-vous à propos de cette ultime étape ?
Ca viendra bien assez tôt. Je ne peux que m’inquiéter d’aujourd’hui, de quoi seront faits demain et la semaine prochaine. La mort se gérera d’elle-même.
Pourquoi avoir choisi d’enfermer vos personnages dans un théâtre ?
Le but d’un théâtre est d’isoler les spectateurs, les séparer du monde extérieur pour mieux présenter une réalité différente : un opéra, un film, une pièce.
Dans ‘A l’estomac’, vous jonglez avec les genres. Le roman, la nouvelle, le poème. Pourquoi ce choix ?
Non. Les gens font ce qu’ils ont toujours fait : ils essaient de se lier, de dominer, de créer une communauté.
Mutilations, autodestructions, meurtres… Dans votre livre, la mort est souvent violente. Quel sentiment avez-vous à propos de cette ultime étape ?
Ca viendra bien assez tôt. Je ne peux que m’inquiéter d’aujourd’hui, de quoi seront faits demain et la semaine prochaine. La mort se gérera d’elle-même.
Pourquoi avoir choisi d’enfermer vos personnages dans un théâtre ?
Le but d’un théâtre est d’isoler les spectateurs, les séparer du monde extérieur pour mieux présenter une réalité différente : un opéra, un film, une pièce.
Dans ‘A l’estomac’, vous jonglez avec les genres. Le roman, la nouvelle, le poème. Pourquoi ce choix ?
Pour varier les méthodes narratives et les différentes “textures” de l’information afin de donner au lecteur une expérience plus riche. Je l’ai également fait pour imiter la structure complexe d’un vaudeville dans lequel il y a différents types d’actes.
Etes-vous toujours membre de la Cacophony Society ? Pouvez-vous nous en dire plus sur cette organisation ?
La première règle concernant la ‘Cacophony Society’ est de ne pas parler de la ‘Cacophony Society’…
A quoi ressemblerait la société idéale de Chuck Palahniuk ?
Chacun aurait le loisir de pratiquer une forme d’expression personnelle qui permettrait de se divertir les uns les autres (et non d’engager des professionnels pour le faire). Cette forme de théâtre serait notre religion.
Comment imaginez-vous votre lectorat ?
Comme mon éditeur, Gerry. C’est la seule personne que j’imagine en train de lire mon travail. Si je peux choquer Gerry et le faire rire, j’ai réussi mon coup.
Vos projets à venir ?
Au printemps prochain, j’aurai un nouveau roman à promouvoir, ‘Rant’. C’est la fausse biographie orale d’un Tom Sawyer devenu jeune adulte qui participe à des courses de voitures destructrices, une sorte de sous-culture secrète appelée “la fête du crash”. Tard le soir, des Américains participent à ces jeux secrets, se chassent et se fuient mutuellement en tentant de provoquer des accidents mineurs. Au delà de ça, je prépare un nouveau roman pour 2008, travail sur les films “snuff” pornographiques. Un autre univers drôle, affreux et horrible à explorer…
Etes-vous toujours membre de la Cacophony Society ? Pouvez-vous nous en dire plus sur cette organisation ?
La première règle concernant la ‘Cacophony Society’ est de ne pas parler de la ‘Cacophony Society’…
A quoi ressemblerait la société idéale de Chuck Palahniuk ?
Chacun aurait le loisir de pratiquer une forme d’expression personnelle qui permettrait de se divertir les uns les autres (et non d’engager des professionnels pour le faire). Cette forme de théâtre serait notre religion.
Comment imaginez-vous votre lectorat ?
Comme mon éditeur, Gerry. C’est la seule personne que j’imagine en train de lire mon travail. Si je peux choquer Gerry et le faire rire, j’ai réussi mon coup.
Vos projets à venir ?
Au printemps prochain, j’aurai un nouveau roman à promouvoir, ‘Rant’. C’est la fausse biographie orale d’un Tom Sawyer devenu jeune adulte qui participe à des courses de voitures destructrices, une sorte de sous-culture secrète appelée “la fête du crash”. Tard le soir, des Américains participent à ces jeux secrets, se chassent et se fuient mutuellement en tentant de provoquer des accidents mineurs. Au delà de ça, je prépare un nouveau roman pour 2008, travail sur les films “snuff” pornographiques. Un autre univers drôle, affreux et horrible à explorer…
Source : Propos recueillis par Mathieu Menossi et traduits par Jonathan Journiac pour Evene.fr - Octobre 2006
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