Quelles sont les sources de financement de Daech ?
Le groupe terroriste Etat islamique (Daech),
qui a revendiqué les attentats du 13 novembre à Paris, bénéficie de nombreuses
sources de financements, d'autant qu'il contrôle désormais un vaste territoire
à cheval sur l'Irak et la Syrie.
Selon
les experts, l'organisation Etat islamique (EI, aussi appelé Daech) est le
groupe terroriste le plus riche du monde, avec des sources de revenus
diversifiées. Une étude du cabinet américain Rand Corporation, présentée en
novembre 2014 devant la Chambre des représentants américaine, a estimé que le
groupe terroriste bénéficiait de revenus quotidiens situés entre 1 et 3
millions de dollars, soit une fourchette assez large de 365 millions de dollars
à 1 milliard de dollars par an.
Contrairement
à d'autres groupes terroristes avant lui, Daech dispose de sources de revenus
variées, allant de la vente de pétrole, au trafic d'antiquités en passant par
le racket des populations et le hold-up des institutions des régions dont il a
pris le contrôle ces deux dernières années.
Donations venues de pays amis et manne pétrolière
Cependant,
la première source de financement reste les donations privées, mais aussi
publiques selon certaines sources, en provenance d'Etats amis, en premier lieu
le Qatar et l'Arabie saoudite. Dans ces deux pays, les généreux donateurs ont
voulu financer les opposants sunnites des régimes irakiens et syriens, dont les
gouvernements étaient perçus comme pro-chiites, et alliés de l'Iran, le rival
historique des monarchies du Golfe.
Selon
certains experts, cette source de revenus pourrait cependant s'être un peu
tarie, compte-tenu des pressions occidentales sur le Qatar et l'Arabie
saoudite, dont les régimes, officiellement alliés de l'Occident, ont de plus en
plus mal à justifier en parallèle l'aide à une organisation terroriste mise au
ban de la communauté internationale.
L'autre
grande source de revenus de Daech est le pétrole : l'Etat islamique contrôle en
effet huit champs pétroliers en Syrie et en Irak, dont il revend la production
au marché noir, via des réseaux parallèles se situant en partie le long de la
frontière turque. Il est difficile d'estimer ce que rapporte la vente de ce
pétrole, ce dernier étant sans doute écoulé à des prix bien inférieurs aux
cours des marchés mondiaux, qui eux-mêmes ont chuté de 50% depuis un an.
Fin
2014, lorsque le prix du brut état encore proche de 80$ le baril, l'ONU
estimait que Daech pouvait en tirer 1,6 million de dollars par jour.
Actuellement, cette somme pourrait donc avoir reculé de moitié, autour de
800.000 $ par jour, voire moins, depuis que les frappes de la coalition ont
visé ces derniers jours des sites pétroliers contrôlés par l'EI. Le 9 novembre
dernier, les avions de chasse français ont ainsi bombardé un important centre
pétrolier près de Deir Ez-Zor, à la frontière entre l'Irak et la Syrie.
Daech
vit également de la confiscation de biens des habitants des provinces
conquises. Selon les documents budgétaires de la province syrienne de Deir
ez-Zor, ces rapines représenteraient près de 45 % des rentrées de l'Etat
Islamique dans cette région. Ce dernier confisque systématiquement les biens et
les terres des habitants qui ont fui la région, ou de ceux qui ont enfreint les
règles établies par l'EI.
"Taxes" pour le Califat, confiscations, trafics
humains
Par
ailleurs, Daech a instauré des "taxes" sur les populations de son
Califat auto-proclamé, et tire aussi des revenus du pillage de sites
historiques et de la vente d'oeuvres d'art antiques.
Au fur
et à mesure de son avance géographique, l'EI a également fait main basse sur
les réserves des banques et des banques centrales des zones conquises, ainsi
que sur des stocks d'armes et de munitions abandonnés, notamment lors de la
prise de Ramadi en Irak en mai 2015. A Mossoul, ville kurde irakienne prise en
2014, l'Etat islamique aurait notamment mis la main sur 430 millions de dollars
conservés par la Banque centrale de la ville.
Enfin,
Daech organise aussi à son profit des trafics d'êtres humains, basés notamment
sur des enlèvements, suivis de demandes de rançons. Il est aussi établi que
l'organisation islamique gère un trafic d'organes humains : selon le
Haut-Commissariat aux Droits de l'homme, le groupe vend des corps et des
organes de personnes blessées qu'il a arrêtées.
Toujours
selon l'ONU, plus de 25.000 femmes et enfants ont été emprisonnés puis vendus
comme prisonniers de guerre. En outre, l'Etat islamique est sans doute impliqué
dans le trafic des réfugiés qui tentent de passer en Europe et sont contraints
de verser des sommes très élevées à leurs passeurs…
Crédit photo © Reuters
Source contrepoints.org
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