Hollande et sa cour
Ministres et amantes de François Hollande le
traînent aujourd’hui dans la boue après s’être laissés entraîner dans son
sillage, se rêvent rebelles et insoumis ; ils ne font que cracher dans la soupe
dès qu’elle ne leur est plus servie.
Comme toujours, les
politiciens ont le chic pour aller dans le sens du vent. Plus connus pour leurs
talents de transformistes que pour leur cohérence, ils changent de
casquette et retournent leur veste au gré des vents et de l’opinion. C’est un
vrai métier.
Pour le plus grand
plaisir des cyniques et le plus grand désarroi des Français et du monde, c’est
le président de la république qui en fait aujourd’hui les frais. Les femmes qui
l’ont soutenu, et celles qui l’ont aimé, se fendent de révélations assassines
sur François Hollande, l’homme qui trompe. Refusant d’être ses compagnons
de déroute, ses anciens amis et alliés l’abandonnent l’un après
l’autre, quittant le navire gouvernemental avant l’inévitable naufrage. En
faisant en sorte que cela se voie, que chacun sache qu’il ne
sont plus avec mais contre l’homme qui déçoit.
Ils vont dans le
même sens, mais pas du même pas : en plus du snobisme et de la
malhonnêteté du chef de l’État, Valérie Trierweiler dénonce l’incompétence de
ses ministres. Les livres et déclarations se succèdent et érodent chaque fois
un peu plus une crédibilité et une confiance déjà bien maigres. L’image du
président est au plus bas – pour l’instant – au point qu’il en vienne à
quémander un peu de respect, non pour lui, mais pour sa fonction.
Les soi-disant
frondeurs et insoumis autoproclamés font avant tout, et sans s’en rendre
compte, l’aveu de leur propre crédulité. Ils ont cru dans l’homme, dans son
talent, son programme et ses idées. Ils ont cru dans sa capacité à
redresser le pays, à faire revenir la croissance et l’emploi en
menant de vraies politiques de gauche justes et efficaces, à promouvoir
une économie plus sociale et plus solidaire mue par l’amour fraternel, à
réindustrialiser la France avec des énergies vertes. Aussi incroyable que cela
puisse paraître, ils ont cru à tout cela, n’ont pas vu venir l’échec et la
déception.
Valérie Trierweiler,
journaliste politique à Paris Match,
aurait ainsi découvert François Hollande infidèle et déloyal. Lui, qui
« aurait » selon de persistantes rumeurs un enfant d’Anne Hidalgo et
bien d’autres liaisons extra-conjugales ; lui qui lui a refusé le
statut de concubine mais lui a laissé celui de première dame ; lui qui a
entretenu pendant plus d’un an une relation avec une actrice de seconde zone
qu’il allait visiter en scooter ; cet homme-là, elle en est tombée
follement amoureuse, l’a cru sincère et fidèle. Elle a également découvert
que le président qui n’aimait pas les riches était un nanti, que le président
des pauvres les appelait les « sans-dents ». Journaliste
politique, et femme, elle serait tombée follement amoureuse d’un homme qu’elle
suivait depuis des années mais dont elle ignorait tout. Que dire
d’une journaliste aussi lucide et bien informée ?
Et que dire de
ministres qui, après des années passées en politique, découvrent l’existence et
l’influence des lobbies et groupes de pression, la corruption, et la
réalité de l’exercice du pouvoir ?
Delphine Batho, en
tant que ministre de l’énergie, a découvert les lobbies pétrolier et
nucléaire. Pire : elle a découvert leur opposition à une transition énergétique
qui, en plus d’être théoriquement mal conçue et pratiquement invivable, les
menace directement. Cécile Duflot a découvert la déception de l’électeur,
les promesses non tenues, les défauts de la démocratie quand elle fait la part
belle à la démagogie – comme si elle-même vivait d’autre chose. Toutes
deux ont découvert la corruption et les connivences, auxquelles – ô, surprise !
– les politiciens ne seraient pas insensibles.
Mais pourquoi attendre
de se faire lourder pour devenir « Insoumise » ? Quelle est la
crédibilité de ministres qui crachent dans la soupe dès qu’elle ne leur est
plus servie ? Qu’attendaient-ils au juste pour faire ces révélations, alors qu’ils
avaient leur place à la Cour ?
Montebourg, Hamon,
Duflot, Bathot et Trierweiler ne sont ni des héros, ni des rebelles, ni des
insoumis. Après avoir misé sur le mauvais cheval, ils veulent l’abattre ; les
canards boiteux veulent la peau de l’âne bâté.
La posture de rebelle
est une imposture de plus : ils changent de camp au milieu d’une bataille
qu’ils comprennent perdue. Ils deviennent résistants après la guerre. Ils se
présentent comme alternative au programme qu’ils ont défendu. La critique
est aisée, mais l’art est difficile ; après avoir échoué dans le second en
seulement quelques mois, ils se lancent dans la première. Si les
écologistes se mettent à écrire des livres chaque fois qu’un politicien ne
tient pas ses promesses, qui protégera nos forêts ?
Tous ont cru en
François Hollande parce qu’ils voulaient y croire, ont vu en lui un espoir
parce qu’ils voulaient en avoir un. Les hommes politiques ne sont pas plus
malins que leurs électeurs.
Le déni de réalité,
symptomatique des politiques français, est manifeste dans leur persistance à
penser que leurs solutions pour sauver l’économie, la société et la planète
sont les bonnes, puis à attribuer leurs échecs à une mauvaise
application ou des circonstances extérieures. Ils ne reconnaissent pas plus
leurs erreurs que leurs comptes à l’étranger, persistent à penser que l’échec
du socialisme s’explique par beaucoup de choses mais pas par les idées
socialistes.
Tous veulent atteindre
la connaissance, mais bien peu sont prêts à en payer le prix. — Juvénal.
Bien peu sont prêts à
payer le prix de la connaissance, le prix de la vérité, le prix de la liberté.
Bien peu sont prêts à accepter de prendre la réalité pour seul juge et seule
récompense de leurs efforts. Malheureusement pour eux, la réalité gagne toujours,
tôt ou tard – et malheureusement jamais assez tôt.
En retournant leur
veste, ces braves gens tentent de se placer à nouveau dans le sens du
vent, jusqu’à la prochaine fois. Espérons qu’il n’y en ait plus et que la
réalité (donc la liberté) l’emporte, une fois pour toutes.
Source contrepoints.org
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire